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Le Testament d'un jeune homme
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Fabien était dans son salon, assis sur son canapé, quand il se demanda bizarrement : Mais pour-quoi, lui, il n'avait pas réussi dans la vie? Cette question si étrange soit-elle lui tombait dessus brutalement sans savoir bien évidemment comment y répondre. Aussitôt, l'envie de se lever et de sortir dehors, afin d'éluder la question, ne lui manqua point alors. Mais étrangement, il resta assis comme pour mesurer son courage : celui du petit enfant qui n'avait jamais voulu grandir comme les autres! N'allons pas dire qu'il était sur le point de s'évanouir, oh non, car ce serait un peu trop fort. Mais bon, il est vrai qu'il n'avait jamais voulu voir les choses en face lui l'enfant égoïste habitué à l'insouciance des jours. Depuis quelques temps, il avait le sentiment que quel-que chose en lui s'était détraqué, comme si la roue du destin s'était mise à tourner dans le mau-vais sens! se disait-il comme égaré sur une autre planète en pressentant au fond de lui même comme un grand malheur qui n'attendait qu'un signe extérieur pour l'entraîner vers sa perte. Mais contre toute attente, Fabien garda son calme et respira profondément afin de contrôler son souffle intérieur, puis chercha du regard l'endroit où il avait posé son paquet de cigarettes. En fait, il n'avait qu'à tendre la main pour le saisir sachant qu'il le posait toujours au même endroit sur son canapé juste à sa droite à même le tissu où un cendrier en verre translucide était rempli de cendres froides. Il débordait tellement ce cendrier que le tissu avait noirci et même brûlé à certains endroits où les motifs indiens avaient complétement disparu! Pourtant, il faisait bien attention. Mais quand il était parti dans ses rêveries, ses gestes devenaient alors imprécis et le tissu en prenait plein la gueule, comme il disait. Demain, il faudra le vider! pensa-t-il. |
Mais pour l'instant, c'était au dessus de ses forces, estimait-il. Puis posant lourdement sa main sur son paquet, ses doigts encore agiles n'eurent aucun mal à trouver l'ouverture où il tira un long tube blanc gorgé de tabac qu'il planta au milieu de ses lèvres. Aussitôt, le goût du papier et du tabac lui redonnait comme un semblant de plaisir. Puis se saisissant de son briquet, il l'allu-ma sans trembler et tira une bouffée dessus où le bout devint incandescent en le faisant comme renaître à la vie. Puis la fumée remplissant ses poumons et ses narines, il se disait que seule la fumée avait ce pouvoir unique de nous enivrer au milieu d'un épais brouillard où l'on perdait enfin son identification sociale et économique. Les idées semblaient revenir dans la tête de Fa-bien et malgré ses interrogations existentielles. C'est peut-être pour cela que les gens se drogu-ent, hum, pour oublier leurs propres échecs dans la vie? se demandait-il avec raison. He oui, c' est pas con ce que je dis là! affirma-t-il en regardant autour de lui comme s'il attendait une ré-ponse. Malheureusement aucune réponse ne vint perturber le silence qu'il y avait au milieu de ce salon où il était seul, vivait seul et sans la moindre présence d'un animal domestique qui au-rait pu lui tenir compagnie. Mais non, il n'en voulait pas, car il détestait les animaux! Quant à ses amis, cela faisait une éternité qu'il ne les avait pas revu. Pour quelles raisons? Personne ne le savait exactement. La seule chose que l'on sut, c'est que tous ses amis d'enfances s'étaient mariés et l'avaient donc complètement oublié! Parfois, il pensait que c'était à cause de leurs fe-mmes qui les en empêchaient. Car, disait-il, elles m'ont toujours détesté et tout particulièrement le célibataire que je pouvais représenter à leur yeux, c'est à dire un vieux garçon qui était de surcroît pauvre et laid, comme je le suis réellement. Même un jour, il entendit une terrible con-fession le concernant où l'on disait de lui qu'il était bien gentil, mais pas marrant du tout! |
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Le plus dure quand on a pas fait sa vie, se disait Fabien, c'était de remplir le vide, celui de son inexistence. Car malheureusement, on ne peut pas s'inventer des souvenirs qui n'ont jamais eu lieu, ni des amours qui n'ont jamais existé! Parfois, j'envie le sort des romanciers qui grâce à leur imagination fabuleuse s'inventent une nouvelle vie en créant de nouveaux personnages. Mon dieu, comme ça doit être merveilleux de se fondre dans la peau d'un autre et de lui faire vivre des aventures hors du commun où un jour, il est un richissime homme d'affaire et le len-demain, un vulgaire voleur de rue dans la misérable ville de Sao Paulo! Hum..quelle chance, il a lui de pouvoir changer d'identité quand il le veut! Moi, malheureusement, je n'ai pas ce talent, ni dans l'imagination ni dans l'écriture et c'est bien dommage. C'est bizarre à dire, mais je n'arrive pas à m'identifier à quelqu'un d'autre. Peut-être est-ce dû à ma laideur? Oui, c'est fort possible, en conclua-t-il après avoir fait cet examen de conscience très poussé sur lui même. |
En parlant de cette vie foutue en l'air, je me suis toujours demandé, c'était quoi l' amour? Bien sûr, j'ai comme tout le monde lu des romans d'amour et vu des films traitant de ce sujet là, mais réellement je ne sais pas ce que c'est. Car je vous avouerai que je ne suis jamais tombé amou-reux d'une fille ni d'un garçon non plus soit dit en passant. C'est étrange, non? Pourtant, j'ai ess-ayé comme tout le monde, mais je n'y suis jamais arrivé. A chaque fois, ça été le fiasco pour moi, non au plan sexuel( car malheureusement mes rencontres n'ont pas été jusque là), mais sur l'échange de mes sentiments avec le sexe opposé. C'est bizarre à dire, mais à chaque fois que j'ai éssayé de parler sentiments avec une femme, celle-ci s'enfuyait aussitôt en courant comme si j' étais un monstre. Les femmes seraient-elles des êtres exclusivement physiques, me demandai-je alors? Question que je me pose encore aujourd'hui. Avec les années, j'ai compris si les femmes ne voulaient pas me parler de sentiments, c'est qu'elles voulaient tout simplement pas me parler du tout. Et pour la simple raison que je suis laid telle est ma cruelle conclusion. Un jour, j'ai demandé à mes amis( qui sont tous des beaux gosses) s'ils arrivaient à parler à leurs femmes, car avec moi elles semblaient muettes. Aussitôt, ils se sont mis à éclater de rire et, changeant au-ssitôt de mines, ils m'ont dit amèrement que leur plus gros défaut était d'être trop bavardes et donc trop chiantes pour ces raisons là. Bref, je tombais des nues et changeais aussitôt de sujet afin de ne pas enfoncer le clou trop loin. Serai-je inapte à ce qu'on appelle l'amour? me dem-andai-je cruellement? |
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Parfois, j'ai l'impression que la nature m'a fabriqué uniquement pour être le spectateur du bo-nheur des autres et surtout de leur bonheur d'être deux. Moi, je n'ai jamais ressenti ce bonheur de tenir par la main une jeune fille en fleur et c'est l' un de mes plus grands regrets. Dommage, je vais mourir en ne sachant rien de l'amour! Mon dieu quelle désolation! Ma vie ressemble à un champ de ruines où les maisons détruites n'ont jamais été habitées où les arbres desséchés n'ont jamais porté de fruits où le ciel est toujours resté gris. Dois-je pour autant en finir avec la vie au point de me suicider? En fait, c'est une question qui ne se pose pas réellement pour moi, je vous avouerai. Car si la vie a voulu que je sois laid comme un babouin, c'est qu'elle a bien évidemment ses raisons que je dois ignorer pour ne pas devenir fou, telle est ma profonde con-viction. La vie m'a donné la vie. Hé ben, allons jusqu' au bout où mes limites le permettrons, n'est-ce pas? |
La nuit dernière, j'ai fait un mauvais rêve où j'étais dans les bras d'une guenon qui me couvrait de bisous.Vous dire l'effroi que je viviais alors, moi qui deteste tant les animaux! Fabien, fa-tigué par toutes ses pensées existentielles, se rassoupit à nouveau et ferrma les yeux quelques instants. On aurait pu croire en le voyant ainsi qu'il était en train de prier un dieu ou un divinité. Mais non, car Fabien ne croyait pas en dieu. Mais en quoi croyait-il au juste, me demanderiez vous? Mais en rien, voilà où se trouvait le problème, son problème! |
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Le journaliste de la chaine, voulant bien faire son métier, demanda à l'un d'entre eux de lui ra-conter sa vie; mais curieusement celui-ci se referma aussitôt dans son silence en baissant les yeux. Incompréhension totale du journaliste qui était convaincu que tout le monde n'attendait qu'une chose qui était de raconter sa vie à la télé pour devenir célèbre et faire ensuite du busin-ess (théorie d'Andi Warhol où chacun aura droit à son quart d'heure de gloire). Malaise face aux caméras, car celui-ci semblait complètement sourd à ce marché de dupes où la fausse po-pularité était à la mode. Mais le journaliste, ne voulant pas revenir bredouille de son reportage, força le SDF à s'explquer en lui posant les questions genres : Avez-vous des enfants? Quelle était votre situation auparavant? Votre métier? La réponse du SDF fut alors sans appel en rép-ondant à chaque fois : Néant! Aussitôt, je compris le sens de ce mot, jeté comme un leitmotive par ce pauvre SDF, qui exprimait ce qu'était réellement sa vie, c'est à dire un véritable néant que le journaliste n'arrivait pas à saisir. Ce jour là fut pour moi comme une véritable révélati-on, car ma vie ressemblait étrangement à la sienne, c'est à dire à un néant incommensurable! |
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Ici, je compris que ce coup de téléphone m'avait sauvé la vie en me sortant du labyrinthe où j' étais enfermé durant ma crise, mais surtout à retrouver la réalité et cette vie sociale que je ré-clamais au plus profond de mon coeur. Sans ce coup de téléphone, le minotaure m'aurait très certainement dévoré et mon appartement revendu ou reloué à d'autres locataires! s'imaginait Fabien entèrement convaincu par ses hallucinations. Appuyée contre le carreau et tenant presque en équilibre, il y avait une guitare où la poussière avait entièrement recouvert le vernis et les quelques autocollants qui s'y trouvaient. Tout à coup, il la fixa comme si elle lui rappelait de merveilleux souvenirs, ceux de sa jeunesse et de ses illusions perdues. Il se pencha pour la saisir par le manche où le contact de ses doigts sur les cordes rouillées semblait lui faire mal d'une manière symbolique. Il l'a souleva avec précaution et l'entraina avec lui sur le canapé comme un corps momifié. Mais voyant qu'elle était affreusement sale, il souffla dessus pour enlever la po-ussière, puis nettoya avec un peu de salive un des autocollants qui se trouvait sur la caisse de l' instrument. A son grand étonnement, il découvrit que ce dernier avaient gardé entièrement ses couleurs d'origines en montrant un bébé tout nu qui jouait de la batterie derrière un groupe de heavy metal! Ah oui, je m'en rappelle maintenant, c'était à? Heu? C'était, je crois au festival de Bourges! Oui, c'est ça! se rappelait-il maintenant qui, bien effectivement, avait joué avec son groupe, les publickillers, dans les années 90 où il y avait fait un malheur. |
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Résultat des votes, j'étais viré, moi le fondateur des publickillers! Merci la démocratie! Mon di-eu, jamais de ma vie, je n'aurai pu croire qu'ils me feraient un coup tordu comme celui là! Asom-mé par la nouvelle, je perdis connaissance en m'éffondrant sur la moquette du local. |
1 heure ou 2 heures plus tard, je me réveillai avec plus personne autour de moi où tous les me-mbres de mon groupe s'étaient comme volatilisés! La seule chose qu'ils avaient laissé, c'était un papier collé sur la porte. Voilà ce qu'il disait : Fabien, tu sais, nous sommes vraiment désolés pour toi. Mais comprends bien que c'était pour nous la seule façon de sauver notre groupe et nous pensons avoir pris la bonne décision. Oui, je sais que c'est très injuste pour toi qui a fondé les publickillers, mais c'est la vie, mon vieux! Nous, on veut réussir dans la vie et pas finir au fond d'une usine. Allez, adieu Frankenstein! |
PS : N'oublie pas de reprendre ta guitare et tes vieilles sandalettes au fond de la grosse caisse. Avant de partir n'oublie pas aussi de fermer la porte du local derrière toi. Tes clefs, tu peux en faire ce que tu en veux, car la semaine prochaine on compte changer la serrure. Allez salut, fran-kenstein! |
Voilà comment se termina mon histoire, d'une façon très injuste comme vous l'auriez remarqué. |
Fabien, au bord des larmes et tenant sa guitare momifiée entre ses bras, s'effondra dans le cana-pé et perdit connaissance. |
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Tout à coup son visage se refléta dans le miroir et Fabien, hurlant de douleur, vit bel et bien qu'il était laid! Effrayé, il mit ses mains sur son visage et pleurant toutes les larmes de son corps partit dans le salon se jeter sur le canapé. |
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Assis sur sa cuvette, il avait l'impression d'être sur le pont d'un navire en perdition. Mais ne voulant pas sombrer à nouveau dans ses hallucinations( qui lui faisait horriblement peur), il se mit à écouter les bruits qui lui parvenaient depuis son wc. Car dans ce vieil immeuble tous les wc avaient été construit dans une gaine commune, ce qui lui permettait d'entendre tous les bruits quotidiens ou insolites venant des autres appartements. On était pas loin dans l'esprit de "fenêtres sur cour" d'Alfred Hitckock, mais en moins classe bien évidemment disons plutôt que "wc en vase communiquant" serait plus approprié pour nommer cette situation où Fabien avait les orei-lles tendues comme celles d'un petit animal. Où à force d'écouter pendant ses longues journées d'ennuis la façon dont les habitants de son immeuble faisaient leur caca, tiraient la chasse d'eau, claquaient la porte de leur wc, faisaient la vaisselle etc. il pouvait se donner une idée assez pré-cise de l'ambiance qu'il regnait dans son immeuble. N'allons pas dire qu'il se croyait Dieu le père (sachant que Dieu sait tout et voit tout). Non, non, pas du tout. En fait, il ne voyait rien, mais entendait seulement grâce à son talent de musicien qui lui permettait de créer une image sonore de son environnement, qui était beaucoup plus prècise que cette image souvent factice que lui renvoyait à la gueule, les habitants de son immeuble. |
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Mais mon problème à moi, c'est que mon exil est involontaire et donc ma solitude, je ne l'ai pas choisie comme ma voisine. Nous, on a pas eu de chance dans la vie parce que les Hommes par méchanceté nous avaient coupé l'herbe sous l'pied. En nous retirant ces arbres protecteurs dont les branches devaient normalement freiner notre chute sociale et économique. Maintenant il était trop tard! pensa-t-il en passant sa main sur son visage où il sentit des bosses de partout occasionnées visiblement par sa chute parmi les Hommes! Il faillit pleurer, mais se retint. Car être désespéré, c'était toujours sentir la vie, non par son meilleur côté, mais par le plus émou-vant qui soit pour un garçon qui n'avait pas fait sa vie. Etre désespéré, c'était une façon d'occu-per sa vie quand celle-ci était remplie d'éffrayantes visions ou de sombres perspectives d'avenir en vivant dans les extrèmités des choses qui auraient tétanisé la vie d'un petit bourgeois réglée comme du papier à musique. Etrangement, mes meilleurs souvenirs sont ceux de mon adolesc-ence où desespoir et sentiment d'exister étaient alors les plus forts. Mais Aujourd'hui, malheus-eusement, je ne peux plus ressentir cet état de grâce. Car avec le temps, je me suis fabriqué une carapace qui m'empêche de ressentir la moindre émotion pour mes semblables. Et le seul mal qui peut m'atteindre désormais, c'est moi-même qui me l'inflige en pensant à ma vie ratée. C'est là, me semble-t-il, le défaut de toute cuirasse, n'est-ce pas? |
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Plongé dans l'obscurité de ses wc et pensant à cette cérémonie, il avait l'impression d'être enfe-rmé dans un caveau avec cette femme. Mon dieu, mon dieu, mais pourquoi toujours ces hal-lucinations quand je pense à la moindre chose déplaisante? s'interrogeait-il avec lucidité. Co-mme à son habitude, pour ne pas se laisser envahir par celles-ci, il pensait à des choses plus ag-réables, comme à ces disputes de ces jeunes mariés qu'il avait entendues depuis ces wc et qui le confortaient dans son célibat forcé par sa laideur( à moins qu'il eut l'idée un jour de se ma-rier avec un laideron?). Mais sincèrement, il se le refusait pour ne pas être confronté tous les jours à sa propre face de cake qui s'apparentait à du masochisme au point qu'il avait retiré la plupart des miroirs de chez lui pour éviter son propre reflet. La seule exception qu'il avait faite était celui de la salle de bain qu'il utilisait pour se raser, mais restait non moins pour lui une séance de torture que l'on comprendra facilement. Parfois, le matin, il était envahi par d'étran-ges hallucinations et pensait que durant la nuit une fée s'était penchée sur lui et l'avait changé en prince charmant grâce à sa baguette magique. Envoûté et croyant au miracle, il courait au-ssitôt dans sa salle de bain pour le vérifier. Mais à chaque fois qu'il allumait la lumière, une tête hideuse apparaissait sur la glace et lui glacait en même temps le sang! |
Déçu par son rêve, il retournait se coucher dans ses draps pour pleurer. Bref, se sachant conda-mné à vivre tout seul jusqu'à ses vieux jours, Fabien prenait plaisir à surveiller tout particuli-èrement ces jeunes mariès qui venaient tout juste de s'installer dans son immeuble dont il es-pérait tous les malheurs du monde, bien évidemment. Ce qui était marrant au début, Ah! Ah!Ah! c'était de voir que tout cela ressemblait merveilleusement à un conte de fées où j'entendais depuis mon wc, comme des soupirs, gémissements, promesses éternelles d'amour qui ne pouv-aient en être que les preuves sans conteste, n'est-ce pas? Mais au bout de 3 ans de mariage, je constatais souvent que cela n'était plus le cas. Et au lieu des soupirs, on entendait désormais des lamentations et au lieu des gémissements de plaisir des cris de disputes et au lieu des pro-messes éternelles d'amour de sombres menaces de mort! Lui, qui avait assisté à tous ces remu-ménages depuis ses wc, ne se cachait pas d'en avoir tiré beaucoup de plaisir, mais qu'on pou-vait parfaitement lui pardonner vu son malheur d'être éternellement laid et seul. Au bout de 3 ans, le divorce était prononcé et l'appartement reloué à d'autres couples qui reproduisaient inc-onsciemment le même schéma : conte de fées, routine, guerre, divorce! Et s'il n'y avait pas eu de morts en cours de route, c'était un vrai miracle! En fait, le drame dans toute cette histoire était bien évidemment les enfants qui naissaient avant la guerre du couple. Et sans se faire d' illusions sur ce qu'ils deviendront plus tard sûrement de futurs divorcés ou d'éternels céliba-taires. Au bout du compte, la grande gagnante, c'était la vie elle-même qui avait grossi le mo-nde de nouveaux enfants et que lui importait s'ils étaient malheureux? Le grand perdant, c'était l'homme, le mâle reproducteur qui après avoir enfanté la femme ne servait plus à rien et pou-vait donc mourir! Telle était la funeste pensée chez la plupart des femmes, mais qui n'osaient pas l'avouer à leurs maris de peur d'être prises pour des monstres. |
Quand la vieille est morte, un nouveau locataire s'installa dans son logement. Et Fabien, qui habitait juste en dessous, partit lui rendre visite par simple curiosité où il apprit qu'il s'appelait Pedro et était d'origine chilienne. Mais ce qui l'impressionna le plus en se présentant à lui (ho-rriblement laid en s'appuyant sur sa canne), ce fut de voir Pedro ne faire aucun mouvement de recul en le recevant avec un large sourire comme si plus rien ne pouvait désormais l'éffrayer : lui qui avait connu l'horreur dans son pays, le Chili! Ce sourire perpétuel sur sa bouche était visiblement sa défense à lui et sa façon de mépriser la mort, comme s'il lui disait : Tu peux me tortuer, me tuer. Mais jamais, je ne te donnerai le plaisir de voir ma souffrance sur mon visage, monstre! Pedro avait ce côté mexicain de voir la mort qui était directement liée à la conquête espagnole du nouveau monde. Et desormais inscrite dans ses gènes où il ne pouvait plus qu'as-sumer l'étrangeté où mourir les yeux ouverts et le sourire aux lèvres lui donnait un courage que nous Français n'avions plus depuis fort longtemps. En voyant la tête hideuse de Fabien, il ne se disait pas : Ah ce qu'il est laid! Mais plutôt : Ah voilà, un nouveau compagnon de misère! ce qui n'était pas rien quand on était seul dans un pays étranger, n'est-ce pas? Pensée hautement génèreuse que nous-mêmes Français n'avions plus à cause de notre individualisme forcené, malheureusement. |
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C'est vrai que c'était loin tout ça! pensa-t-il en se remémorant la guerre civile dans son pays qui avait détruit une partie de ces beaux souvenirs. Il se souvenait très bien de ce voyage initiatiq-ue organisé par ses parents afin que lui et ses frères, Pablo et Ernesto retrouvrent leurs racines Incas, Aztèque ou Maya, pourquoi pas? Car Emilio, professeur à l'université de Santiago, avait sa propre théorie sur le peuplement de cette amérique du sud avant la conquête espagnole et pensait qu'il avait été effectué par des peuples de race pure venant du Mexique, comme les Az-tèques ou les Mayas, puis ces derniers se seraient mélangés à des peuples indigènes venant du Brésil et des environs. Ses collègues et amis professeurs, en l'écoutant parler de tout cela avec passion, avaient été véritablement enthousiasmés par sa theorie qui offrait une nouvelle opti-que à l'histoire préhispanique et l'avaient fortement encouragé à poursuivre ses recherches. Mais qui pour l'instant n'avaient interressé aucun archéologue du pays ni étranger faute d'élè-ments convaincants ou de preuves pour étayer sa propre théorie. Mais en attendant, Emilio, par manque de moyen financier, cachait tout cela au fond de son cerveau, comme un trésor qui serait mis au jour par lui-même et par ses seuls efforts. Une future occupation pour ma retrai-te! pensa-t-il d'un air lointain. La fenêtre du compartiment ouverte, Emilio, tel un historien attentif à l'éducation de ses enfants, poursuivait son histoire et leur apprenait que la civilisation dont ils étaient issue était la plus avancée au monde, au point qu'à la même époque en Europe on vivait encore dans des cavernes! |
Cette petite phrase pleine de malice, Pedro s'en souviendra toute sa vie parce qu'elle avait fait beaucoup rire lui et ses frères. C'était notre petite vengeance à nous contre les Espagnols! s'ét-aient-ils alors écriés en pensant à tout le mal qu'ils avaient pu leur faire! |
Puis les enfants avaient baissé la tête comme exprimant un grand regret. Emilio, reprenant le cours de son histoire, leur disait( afin de ne pas les tromper sur ces peuples Aztèque et Maya dont ils étaient issus) qu'ils n'étaient pas très amis entre eux, mais se faisaient souvent la guer-re pour des broutilles! Ce qui déclenchea aussitôt entre eux un regard plein de méfiance en ne sachant pas qui était Aztèque ou Maya vu qu'ils avaient été eux aussi mélangés au sang des co-nquistadors. Voyageant ainsi au rythme cahotique du petit train à vapeur, ils s'instruisaient be-aucoup mieux qu'à l'école comme ils le sentaient. Pendant ce voyage initiatique Marisa, leur mère, ne disait rien et écoutait religieusement son mari et s'émouvait de chaque réaction de ses enfants. C'était son bonheur à elle d'avoir ces trois enfants mâles à la maison en ne sachant pas toujours pas par quel côté les prendre de peur de les féminiser un peu trop par des attendrisse-ments excessifs. Je veux qu'ils deviennent des hommes, mes enfants et non des mauviettes! semblait-elle marteler à chaque fois que son coeur s'émouvait un peu trop, selon elle. |
Elle donnait parfois l'impression, par ses regards un peu froid, que le sang des conquistadors s' était lui aussi infiltré dans ses veines, bref, une violence qui lui échappait malgré elle. |
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La semaine suivante, il n'oublia point son rendez-vous ainsi que Pedro qui par la cérémonie du café lui avait montré son sens de l'hospitalité, bref, celui de ces peuples primitifs dont le cœur battait encore du grand amour universel. Comme prévu, la conversation fut reprise là où il l'avait laissée la dernière fois, c'est à dire sur le français que Pedro parlait parfaitement. Tous les deux assis confortablement sur le canapé se tenaient chacun de son côté afin de pouvoir se parler sans se tordre le coup vu que Fabien avait quelques rhumatismes malgré son jeune âge et redoutait ses positions. En attendant qu'il lui raconte son histoire, il buvait son café à petites gorgées, le humait à la façon d'un sommelier des tropiques, puis interrogeait sa langue et son palais sur les parfums de terres brulées et d'écorces qu'il venait de détecter. Pedro à ses côtés, mi-sourire, laissait opérer cette magie qu'il connaissait très bien, lui le fils de ces peuples pri-mitifs d'amazonie et du Mexique flamboyant. Il remarquait pour la première fois que Pedro était beau avec ses cheveux d'un noir de jais et sa peau couleur de serpent dont toutes les fem-mes devaient être amoureuse. Il ne lui manquait plus que des plumes sur la tête pour resse-mbler à un grand chef Incas ou Maya, issu d'une grande lignée! pensa-t-il sourdement. Mais que faisait-il ici? se demanda-t-il curieusement. Mais que lui était-il arrivé en cours de route pour être tombé si bas dans cette vieille Europe qui lui donnait maintenant l'aumône? |
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Quelle étrange histoire! pensa Fabien qui comme tout le monde avait suivi les événements du Chili à la télévision où en gros on mettait les bons d'un côté et les mauvais de l'autre. En France, où nous étions alors sous le gouvernement socialiste de François Mitterand, Pinochet était bien évidemment le grand méchant loup qu'on devait abattre. Et les gentilles brebis, celles qu'on égorgeait ou jetait du haut d'un hélicopter au dessus du pacifique, étaient les socialistes! Pour lui, il ne faisait aucun doute que les victimes étaient à gauche et les asssassins à droite où le gouvernement de la France allait bien évidemment soutenir leurs camarades qui se sacrifiai-ent pour leurs idées en sachant bien que Pinochet était soutenu par les américains qui combatt-aient le communisme. Bref, nous étions bien dans une bataille ideologique où seules les forces diplomatiques allaient devoir jouer leur rôle, ce qu'avait très bien compris François Mitterand en ouvrant les frontières de la France à ces flots de refugiés Chiliens. Ainsi Pinochet se débar-assait de ces indésirables et la France s'alourdissait de futurs grands malades! Pour Fabien, c' était sa grande époque amerique latine. Car lui aussi, grand malade, allait pouvoir raconter tous ses malheurs à ces mêmes grands malades qui étaient comme lui écrasés par le malheur, ce qui était pour lui une façon comme une autre d'occuper ses longues journées d'ennuis, ce que personne ne pouvait critiquer, n'est ce pas? Et puis comme on en parlait tous les jours à la télé, j'étais pour ainsi dire dans le même bain! Mais avec ce que Pedro venait de lui apprendre à propos de son frère Ernesto, ce n'était pas du tout la même chose qu'on lui racontait dans les médias : où l'on caricaturait les événement afin qu'ils soient compris par le plus grand nombre, alors que le destin de chaque famille se décidait par le sacrifice d'un des leurs pour une cause immorale! Tel avait été le choix d'Ernesto pour protéger sa famille. |
Mais où était la vérité? se demandait tragiquement Fabien en ne sachant plus ce qui était le pl-us important dans la vie : le destin collectif ou le destin de sa propre famille? C'était bien évi-demment une question philosophique et non ideologique pour tous ceux qui devaient se la po-ser. Et que de sacrifier sa propre famille pour des idées fabriquées par des intellectuels fut-il bien raisonnable sachant que ces mêmes idées seraient dépassées un jour par d'autres? Nul do-ute que les révolutions traverseront encore les sociètés des hommes, car rien n'est plus vrai sur cette Terre que la vie elle-même qui ne connait qu'une seule religion : vivre par dessus tout! |
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Après quelques minutes d'entretien avec ma mère, elle me dit qu'elle était d' accord, mais que je devais faire très attention pour mon voyage où le danger ne viendrait plus des militaires, mais des brigands que j'allais sûrement rencontrer en traversant l'amazonie. Quoi, tu devais traverser l'amazonie pour venir ici! Mais oui, mon cher Fabien! Mais je te rassure qu'une par-tie, car je devais me rendre en premier au Brésil où mon père avait des amis pour mon heber-gement, le temps de trouver une destination soit vers l'Europe soit vers l'Amerique. Mon père m'avait donné une partie de ses économies soit environ 2000 dollars pour couvrir tous mes frais. Je sais que c'est pas beaucoup, mais tu sais au Chili les professeurs ne sont pas bien pay-és au contraire de chez vous. Mais regarde, je vais te montrer l'itinénaire que j'ai pris pour ve-nir ici. Pedro se leva et lissa le tissu du canapé pour lui montrer le continent sud-americain où l'on voyait parfaitement le Chili, l'Argentine à côté et plus haut l'amazonie avec ses forêts im-menses et son fleuve amazone terriblement tentaculaire. En penchant la tête pour voir, il fut éffrayé par l'immensité de ce continent en voyant maintenant son ami transfiguré en aigle royal couronné du célèbre serpent à plume traversant cette immensité verte et boueuse en trois ou quatre coups d'aile! Mais deçu tout de même de savoir que son voyage se soit arreté ici en France où le ciel ressemblait plus à une peinture à la gouache qu'à la clarté spectaculaire d'un ciel équatorien. Mais comment as-tu fait pour traverser cette immensité? lui demanda-t-il fas-ciné par l'exploit. Mais à pieds, en pirogue, puis en bateau, mon cher Fabien! Ah oui? Bien sûr que oui. Et ne crois surtout pas que dans ces espaces sauvages, il n'y a personne, oh non bien au contraire! Car il y a beaucoup de monde qui se croisent où c'est le passage obligé pour tous les trafiquants ainsi qu'une planque parfaite pour les assassins qui veulent échapper à la justice de leur pays. Pendant ma traversée, Alberto, qui était mon guide, m'a dit qu'à la fin de la deu-xième guerre mondiale des anciens nazis s'étaient cachés dans cette forêt vierge pour échapper au tribunal de Nurimberg et aux crimes contre l'humanité. Puis quand les choses se sont calm-ées, ils sont sortis de leur cachette avec tout l'or qu'ils avaient volé pendant la guerre pour s' installer au Chili et dans les pays alentours où ils prirent, bien évidemment, le pouvoir. Je suis sûr que mon père aurait été très heureux d'apprendre cette histoire, lui qui était si curieux sur l'origine des peuplements des continents. Sûr qu'il aurait été, mais avec quelques réserves! lan-ça Fabien en constatant avec effroi les calamités et les désastres que ce continent sud-amèr-icain avait pu subir depuis la conquète espagnole et maintenant avec ces anciens nazis. Il ne manquait plus que ces derniers y fassent leur demeure pour couronner le tout! pensa-t-il avec amertume. |
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Bien évidemment, ces demi-dieux éclatèrent de rires quand on leur raconta cette petite plaisan-terie et on pouvait bien les comprendre. Mais demandèrent une dernière fois à leur oracle s'il ne s'était pas trompé, car ils étaient beaucoup plus forts que ces petits insectes qu'on appelait les hommes! Mais l'oracle leur dit que leur force ne residait pas dans leur bras ni dans leur cer-veau, mais dans leur nombre. Mais de quel nombre veux-tu parler? lui demandèrent-ils. Mais de plusieurs millions! lui répondit-il. Les demi-dieux, abasourdis par cette réponse, s'enfuirent aussitôt par les voies du ciel, de la terre et des eaux! Voilà la légende que mon père avait reu-ssi a décripter sur le mur d'un temple Incas au Machu Picchu ou l'oracle avait dit la vérité. Comprends bien, Fabien, ce qui fit disparaitre les demi-dieux, ce ne fut point la confrontation directe avec les hommes, mais la frayeur que cela leur causèrent. En gros, tu veux me dire que c'est la peur qui permet d'abattre son advsersaire et non sa force réelle? Oui malheureusem-ent, Fabien, et tu peux aussi l'appliquer à ton pays, la France, où l'aristocratie fut reduite en miettes par le plus grand nombre, bref, par le peuple qui formait alors la majorité. La dictature par le plus grand nombre est je pense un fleau pour tous les peuples de la terre, car elle produit des discours démagogiques et populistes qui nivellent tout par le bas et font des hommes des êtres identiques, comme un peuple de pingouins, mais en pire, car les pingouins eux restent libres! |
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Eh oui, mon ami, mais c'est comme ça si tu veux arriver en un seul morceau à destination! Car le moindre pépin qui pourrait t'arriver dans ces endroits hostiles tourne vite au drame, comme nos amis atteints de la malaria que nous avons dû abandonner au milieu de la forêt avant de trouver un bras du fleuve. Car s'ils avaient pu tenir le coup jusqu'au fleuve, je crois qu'ils au-raient survécu. Mais comme Alberto nous avait égaré pendant deux ou trois jours et qu'il vou-lait absolument récupérer le temps perdu, il prit cette cruelle decision qui tous nous marqua très durement, comme tu le sais. Sans oublié d'ajouter d'une manière brutale que si nous vou-lions survivre, il nous fallait nécessairement laisser les malades dérrière nous! Fabien, pénétrée par l'histoire de Pedro, fut choqué d'entendre cette terrible phrase qui lui semblait tout particu-lièment destinée : lui, le malade que la socièté des Hommes avait mis de côté parce qu'il était pauvre et laid. Un instant, il se crut l'ennemi de Pedro en le voyant subitement se transformer en monstre d'égoïsme, bref, en homme comme tous les autres! Puis Pedro reprit son histoire et dit : Notre passeur et guide Alberto avait prévu de la nourriture pour un mois, ce qui suffirait largement pour descendre le Rio Grande avec nos pirogues à moteurs et selon la force du cou-rant qui l'y aurait. Le Rio Grande? interrompit-il brutalement Pedro en lui coupant la parole. |
Oui, le Rio Grande qui est le fleuve amazone comme on l'appelle au Brésil. Ah oui, d'accord! repondit-il rassuré. Oui, je te disais...à la vitesse où nous allions, il nous fallait seulement une vingtaine de jours pour arriver à Manaus qui était la ville où nous devions prendre un bateau plus gros pour arriver jusqu'à l'ocean atlantique. Quoi, l'ocean atlantique? Mais ne fais-tu pas une erreur, Pedro? Mais non, je t'assure, que le fleuve amazone se jette bien dans l'ocean atla-ntique, regarde! Celui-ci se leva et lissa une nouvelle fois le tissu du canapé pour lui montrer que l'immense fleuve se jetait bien dans les bras de cet ocean victorieux. Alors, tu n'es pas allé en pirogue jusqu'a l'ocean atlantique? lui demanda-t-il un peu déçu. Non malheureusement. Car après Manaus, on ne peut plus naviguer sur ce fleuve comme au temps de Cortez où il y a tellement de bateaux et de tankers hauts comme des immeubles qu'il est très dangereux de s'y aventurer. Et par son sens des réalités, Alberto nous a fait comprendre que le deplacement d' eau de ces gros tonnages était si effrayant qu'il pouvait facilement faire chavirer nos petites embarcations. Bref, ignorant toutes ces matières, nous n'avons pas voulu discuter sa decision de nous débarquer à Manaus qui est une ville d'importance moyenne placée sur la rive gauche de l'amazone. Puis il nous a dit : Mais pourquoi prendre des risques inutiles, alors qu'à Mana-us tous les services d'hebergements, de transports, de communications etc, nous permettraient de poursuivre notre voyage en toute quiètude. Ton Alberto était d'une lucidité incroyable pour vous dire une telle chose, n'est-ce pas? Oui, c'est très juste. Mais comprends bien que cet hom-me agé d'une quarantaine d'années dont le premier metier fut chercheur d'or, puis trafiquant de drogue, puis guide et enfin passeur de clandestins connaissait parfaitement cette amazonie do-nt la traversée comportait de gros risques pour celui qui voulait s'y aventurer sans cet esprit d' organisation et surtout sans ce sens innée qu'on les indiens pour se diriger : où regarder la sou-che d'un arbre, sentir la petite brise de vent souffler a travers la végétation, écouter la faune animale et ses cris pouvaient vous indiquer la zone forestière où vous vous trouviez. Lui, Alberto, du fait de toute cette expérience acquise au milieu de cet enfer vert, avait dessiné ses propres cartes où il avait noté par des signes que lui seul comprenait des directions à prendre où cris d'animaux, odeurs et faune formaient pour lui une véritable boussole vivante qui, il est vrai, le perdait rarement. Mais quand ça lui arrivait, c'était dû uniquement à la faute des Hom-mes qui avaient deforesté une partie du terrain où tous ses repères avaient été abattus, épar-pillés, comme ces pauvres arbres vendus aux firmes de bois étrangères. Son entreprise était co-mposée de deux assoiciés, Miguel et Franches qui s'étaient établis au bord de l'amazonie où, sous de grandes bâches, ils cachaient leurs pirogues. Eux-mêmes vivaient dans un petit baraqu-ement en bois que personne ne pouvait repérer tellement la végétation etait dense. L'ennui était bien évidemment leur pire ennemi. Mais dès qu'Alberto les appelait par radio pour leur anno-ncer qu'ils avaient du travail sur la planche aussitôt leur humeur remontait. Car n' oublions pas de dire qu'ils étaient avant tout des aventuriers qui recherchaient la fortune où bouger, se dep-lacer, prendre des risques, voir, écouter tout ce qui se disait, rencontrer des gens sympathiques ou non était en fin de compte leur drogue à eux qui pourtant avaient tout essayé : champign-ons hallucinogènes, marijuana, cocaïne etc, mais qui n'avaient jamais pu égaler ce sentiment qu'on éprouvait, quand on était libre et léger comme un aigle du grand Machu Piccu. |
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Pourtant, tu sais, reprit Pedro, j'aurais bien aimé me jeter avec ma pirogue dans les bras de l' ocean atlantique et uniquement pour savoir ce qu'avait pu ressentir le célêbre explorateur espa-gnol, Francisco de Orellana, qui le premier descendit le fleuve par accident. Par accident? de-manda Fabien étonné. Oui, par accident, car il était parti chercher des vivres pour son expediti-on sans avoir pu remonter le courant qui l'avait entrainé jusqu'à l'embouchure de l'ocean atlan-tique. Youhaa, lança Fabien, comme cela a dû être fou ce voyage puisque ne connaissant pas sa destination! Oui, mais comprends bien que ces hommes du passé n'étaient pas fait comme nous où le confort d'aujourd'hui nous avait ramolli pitoyeusement les neurones et le corps. Et d'après les livres anciens, j'ai pu lire qu'ils avaient été forgés par la nature et par une société Européenne alors très dure sortant tout juste du moyen-âge. C'est très juste ce que tu dis là, Pedro, et aujourd'hui aucun de nos contemporains n'oserait mettre sa vie en peril pour des ch-oses comme celles-là, alors qu'à la bourse ils pouvaient faire des milliards sans se faire mordre par un serpent ou bien poursuivre par des amazones! C'est marrant que tu parles de ça, car bien effectivement Franciso de Orellana durant une autre expedition fut attaqué par des amazones. Par des amazones? Tu veux dire des femmes guerrières? Oui, des femmes dont les maris enco-urageaient les actes de courage et de bravoures par manque de guerriers mâles. |
Youhaa! lança à nouveau Fabien qui comprenait qu'Homère dans son Odyssée avait eu la mê-me idée face à son Ulysse en lui envoyant des amazones afin de retarder son voyage pour rejoi-ndre Pénélope. Grâce à Pedro et son à histoire extraoridinaire, il avait l'impression d'être touj-ours dans l'antiquité des choses où massacres, vengeances, absence totale de culpabilité, avid-ité de richesses et de pouvoirs étaient le fondement de la civilisation des hommes. Bref, où la vie humaine ne comptait pas grand chose devant ce pouvoir absolu que voulait obtenir ces ch-efs de guerre, heritiers des demi-dieux garant du destin des Hommes. L'homme n'est qu'un mo-ustique! dit brutalement Pedro, parce que son destin ne lui appartient pas, mais à la socièté do-nt il fait partie, malheureusement. Autrefois, c'était à des tribus, maintenant à la socièté civile et moderne, bref, au capitalisme. Le comique dans toute cette histoire, c'est qu'un homme cro-it, parce qu'il a reussi économiquement, être le maitre du destin des autres, ce qui est une for-midable escroquerie! En fait, c'est l'illusion que vous donne l'argent par le pouvoir d'acheter ce que vous voulez et pourquoi pas les hommes en poussant plus loin la chose? Ceci n'était bien évidemment qu'une belle illusion entretenue par la classe bourgeoise. Car pour decider du de-stin des hommes, il faut bien evidemment autre chose et de plus costaud que l'argent, mais tout simplement l'étoffe d'un chef de guerre ou d'un genie, ce qu'on ne rencontre qu'une fois tout les siècles parmi les hommes et surtout pas chez les familles bourgeoises qui par une orguei-lleuse insolence voudraient croire que seul le genie peut venir de chez elles. Mais c'est une bel-le connerie tout ça! lança brutalement Fabien en se massant la jambe qui commencait à s' en-gourdir. Oh oui et je dirai même que c'est un drame pour la socièté toute entière et tout par-ticulièrement pour le destin des hommes. Mais ça arrange bien tout le monde de le croire, n'est-ce pas? Oui, dit Pedro, car elle est une belle illusion que tout le monde veut croire où le riche veut faire croire au pauvre qu'il est libre et heureux, alors qu'il ne l'est pas. Et le pauvre tombe dans le panneau en lui vendant sa liberté pour devenir comme lui. Triste désillusion, car le pauvre ne deviendra jamais riche et le riche ne deviendra jamais heureux! Mais pourquoi le pauvre ne deviendra jamais riche? demanda-t-il à Pedro. Parce que le riche a tout organisé pour que le coût du travail ne puisse jamais l'enrichir, mais l'appauvrir. C'est simple, non? Et puis imagine un peu si tout le monde pouvait devenir riche du jour au lendemain, mais plus personne ne voudrait travailler et irait se l'a couler douce sur des iles où la vie ne coûte rien, c'est à dire la fin du caplitalisme dans les pays occidendaux, bref, sa disparition en tant que sys-tème idéologique! Stupéfiant ce que tu me racontes là, Pedro! Donc si je suis ton raisonne-ment, c'est pour cela que l'Etat va dans le même sens que ces gens riches en prélevant des im-pots sur les pauvres pour avoir toujours une main d'oeuvre à bon marché qui par manque de moyens financiers est obligée de rester sur place. Je vois que tu m'as bien compris. Et pour aller plus loin, je dirai même que les sociètés occidentales, pour éviter leur déclin et leur éffo-ndrement, sont obligées d'importer de la main d'oeuvre étrangère à moindre coût qui, à la véri-té, leur rapporte beaucoup plus que les industriels sachant que la richesse qu'elle produit lui assure sa pérénité en allant voter, garder les enfants, construire des routes, faire le pain, etc. |
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On nous débarqua à Manaus fin novembre moi et mes compagnons d'exils avec qui je n'avais noué aucune relation pour la simple raison que chacun avait dans sa tête des projets bien diffé-rents. Où certains voulaient aller en Guyane française pour chercher de l'or, tandis que d'autres partir en Amèrique pour faire du business ou tout simplement fuir leur pays pour des raisons inavouables peut-être de meurtres ou simplement familliales? En fait, je ne leur avais posé au-cune question durant la traversée m'imaginant que tout le monde avait quelque chose d'horri-ble à oublier, moi aussi, dont la fuite n'exprimait pas le courage, mais plutôt une inadaptabi-lité a vivre avec les gens que j'aimais. Peut-être n'étais-je au bout du compte qu'un garçon sans coeur et que le bonheur me faisait peur? En fait, je n'en savais rien vu que j'étais encore bien jeune pour faire mon autocritique, non par lâcheté, mais tout simplement par amour de la libe-rté qui me faisait passer d'une envie à une autre, tel un papillion volant d'une fleur à l'autre. Placée sur la rive gauche du fleuve amazone, Manaus me parut dès le premier regard horrible-ment laide avec ses comptoirs commerciaux dont les enseignes peintes étaient complètement délavées par les pluies. Ici tout semblait rouiller extrêmement rapidement avec la proximité du fleuve où aucune socièté d'assurance aurait osé installer ses bureaux pour proposer des cont-rats contre les dégats des eaux ou bien des contrats anti-oxidation pour les voitures afin d'évi-ter le fiasco économique, c'était évident! |
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C'était un vieil hôtel, genre colonial, avec une partie en dur où l'on avait collé de la faience dé-corées pour rappeler un peu le Portugal et une partie en bois où des colonnes étaient sculptées à la mode rococo pour lui donner du style. Le Novadoria se voulait un hôtel adapté a son mi-lieu, mais avec des modes surannées où l'âme du propriètaire semblait suinter ou transpirer à travers les murs. Quand j'entrai à l'intérieur, je vis une grande salle parquetée d'un beau bois amazonien où l'odeur me rappelait celui de la bibliotheque de Santiago. Un bois d'essence ra-re, pensai-je et très bien entretenu par le personnel. N'allons pas dire que l'on aurait pu se croi-re dan un palace, non, mais je devinais que le propriétaire monsieur Victorio voulait donner à ses clients le meilleur qu'il pouvait leur donner en plein milieu de l"amazonie. C'était une salle assez vaste et éclairée par un énorme chandelier suspendu au plafond qui éclairait tres mal en vérité. Non loin du bureau d'acceuil, on pouvait voir deux grands fauteuils à bascule près d' une table où une boite de cigares était posée, sûrement celle de ses hôtes perpétuels! pensai-je curieux de cet environement tout nouveau pour moi. En apercevant une sonnette brillante co-mme de l'or sur le comptoir, je compris que les usages hôteliers ici n'avaient pas changé depu-is des lustres et, m'avancant vers elle, je pressai le bouton où la sonorité m'étonna par sa clarté! |
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Enfin seul, il ferma la porte à clef et s'allongea sur le lit pour defaire sa ceinture portefeuille d'où il sortir 2 billets de 50 dollars qu'il posa sur la table de chevet, puis attendit que monsieur Victorio remonte. Plongé dans ses pensées, il se disait qui lui restait encore 1400 dollars, ce qui serait suffisant pour poursuivre son voyage sans être trop gèné. La traversée de la moitié de l'amazonie lui en avait dèjà coûté 500 et ne savait pas combien de jours, il allait resté ici à Manaus dans ce trou perdu! Quand l'hotelier revint, il lui donna 100 dollars pour rester au moins 2 semaines, cours de Portugais et de samba compris, ce qui mit Victorio en exaltation comme retrouvant une seconde jeunesse. |
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Inquièt pendant quelques secondes, il sortit la tête hors du lit et l'aperçut juste aux pieds de celui-ci. Rassuré, il retrouva aussitôt son sourire. Car ce sac à dos contenait tout son trésor sentimental. C'est à dire deux pantalons( que sa mère Marisa avait repassé inutilement pour son voyage vu qu'au fond de l'amazonie personne ne vous dira si vous êtes mal habillé ou un truc comme ça), trois chemises qu'il n'avait pu porter à cause de la chaleur très humide de l'a-mazonie, puis un ensemble de quatre tee-shorts, shorts compris qui lui avaient comme sauvé la vie en les emportant et qu'il utilisait pour jouer au foot au Chili. Pour les chaussures, il n'en avait qu'une seule paire que son père Emillio lui avait offert en cadeau avant de partir. C'était des chaussures de marche que lui même utilisaient pour ses fouilles au Perou et dans les An-des. Pedro les sentait aux pieds comme une paire de gants et lui allaient parfaitement (car lui et son père avait la même pointure). Et quand il traversait cette amazonie, il avait l'impression que son pere la traversait en sa compagnie au même rythme et avec la même prudence. Sûr qu' elles me laisseront jamais tomber! pensa-t-il en les regardant avec amour. Mais il faudrait que je les nettoye un peu! dit-il en apercevant un peu de terre sur le dessus de lit. Aussitôt, il se le-va pour se déchausser, puis secoua le dessus de lit. Mon dieu, ce n'est pas parce qu'on est au fin fond de l'amazonie qu'on doit être sale! s'exclama-t-il surpris par ses nouvelles habitudes d'aventurier. |
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Après avoir pris sa douche, Pedro repartit dans sa chambre où il sortit les affaires de son sac pour les étaler sur le lit. La plupart était à laver, sauf les chemises, pensa-t-il heureux de quoi se mettre quelque chose pour les jours suivants. Mais ne voyant pas de lessive dans la salle de bain, il renonça à faire tremper le reste. Demain, je demanderai à Victorio de m'en fournir ou peut-être ont-ils une laverie dans l'hôtel? Mais pour l'intant pour moi, c'est repos! dit-il d' une façon résolue. Il était vers les six heures du soir et, s'approchant de la fenêtre, il vit une pluie dilluvienne s'abattre sur la ville. Mon dieu, c'est comme ça tous les soirs, c'est le seau d'eau habituel qui devait se deverser dans les rues et entrainer avec lui ses torrents de boue jusqu'aux portes des habitations et des hôtels! Demain après-midi, si dehors c'est sec, j'irais à la poste pour téléphoner à ma famille. Car je ne pense pas que Victorio ait une ligne qui puisse sortir de Manaus, vu le peu d'étrangers qui circulent dans le coin, pensa-t-il avant d'aller s'allonger. 8 heures du soir |
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Comme je vous comprends, mon cher Pedro! dit Victorio d'un ton paternel. Mais n'oubliez pas que j'ai fait venir de France un vrai cuisinier, il est vrai bien difficilement. Mais voyez-vous, il existe aussi en France des lassitudes et des malheurs qui font partir les gens loin de chez eux, n'est-ce pas, mon cher Pedro? En entendant cette allusion le concernant, il ne voulut pas lui ré-pondre en ce début de soirée, mais plongea sa cuillère dans son assiette où il sortit un montic-ule d'harricots gorgé de sauce qu'il déposa délicatement au fond de son palais. Hum..mais c'est délicieux, monsieur Victorio, jamais de ma vie j'en avais manngé de si bon! Mais je vous l' av-ais dit, mon cuisinier est une perle rare et jamais de ma vie je m'en défairais, car il vaut de l'or. Et si un jour l'idée lui venait de me quitter, je le ferais tout simplement assassiner! Quoi? s'ex-clama Pedro. Mais non, mais non, je plaisantais, Ah!Ah!Ah! lâcha Victorio dont l'humour avait la barbarie de son pays, l'amazonie. En mettant un petit morceau de sauté de boeuf dans sa bo-uche, il comprit ce qu'il voulait dire à propos de son chef cuisinier qui était une sorte de génie de la cuisine dont le depart précipiterait toute la population de Manaus et des environs dans un grand abattement moral. Je vous comprends entièrement, monsieur Victorio, et ce serait vrai-ment du gâchis qu'il parte ailleurs exercer ses talents, je pense. Oui, c'est vrai, mais je le tiens! dit-il d'un air tyranique. En dévorant son repas, Pedro comprit que l'humour de ce pays était très spécial, bref, comme une plante carnivore qui finirait par vous dévorer entièrement corps et âme. |
Terminant son repas en s'éssuyant la bouche avec gourmandise, il dit à Victorio : ce fut si bon que je vous crois m'avoir pris dans vos filet! Ah!Ah!Ah! ria l'hôtelier. Je suis heureux que no-us nous comprenions enfin! dit-il sûr de sa proie consentante. Mais pour seulement deux sem-aines! pensa lucidement Pedro. |
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Notre chef cuisinier, Paulo Martino, ne se trompe jamais quant au dosage des épices. Et en ve-nant ici, il a dû revoir toutes ses recettes afin de les adapter aux goûts du pays et aux habitants que sont les Brésiliens. Vous avez dit, Paulo Martino? Mais c'est pas Français, ce nom! Non, son vrai nom, c'est Paul Martin. Mais vous comprendrez qu'avec un nom pareil, c'est trop diff-icile à retenir ici. Alors, je lui ai choisi celui-là qui à vrai dire sonne assez bien la bonne bouffe et sent presque la marque d'un alcool de grande marque. Oui, oui, ça sonne bien et ça se reti- ent facilement. Et puis comme ça lui a plu, il l'a gardé. Vous savez, monsieur Delavega, nous adapter est une chose essentielle pour nous tous, car de quoi sera fait demain personne ne le sait, n'est-ce pas? Oui, c'est tout à fait juste, dit Pedro qui sentait le temps tourner en voyant les tables alentoures se vider. Les trois vieux s'étaient levés et se dirigeaient maintenant vers une autre salle où l'on venait d'allumer la télévision qui deversait dans le hall de l'hôtel un flot d'informations en portugais entrecoupé par de la musique carnavalesque. C'était triste et joye-ux en même temps, remarquait-il assis en face de Victorio. C'est peut-être çà, l'âme brésilien-ne? Un desespoir si profond que seule la fête pouvait l'anéantir en le faisant disparaitre jusqu' au matin blème où la dure réalité reprendrait son convois d'âmes mortes! pensa-t-il envouté et attristé par cette culture si éloignée de la sienne |
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Vous avez entièrement raison, monsieur Victorio! Et si je suis parti de mon pays, le Chili, c'est uniquement pour cette raison. Mais ce n'est pas pour des raisons politiques? Non, pas du tout, mais seulement pour devenir un homme libre! Venez que vous embrasse, mon cher fils! lâcha soudainement Victorio qui avait les larmes aux yeux. |
Ne sachant pas quoi lui repondre, il se laissa saisir par cet homme qui faillit bien l' étouffer par ses embrassades. Pendant ces éffusions d'amitiés, il remarquait que la femme habillée en tenue de soirée avait été rejointe par deux hommes qui aussitôt l'entrainèrent dehors. Quand à l'hom-me qui mangeait tout seul, celui-ci ronflait maintenant sur sa table. Monsieur Victorio! Mon-sieur Victorio! s'écria soudainement Pedro en voulant sortir de ses bras puissants, je crois qu'il est temps pour moi d'aller me coucher. Vous savez demain j'ai beaucoup de chose à faire. Oui, oui, mon cher enfant, je vous lâche, je vous lâche! Ouf, enfin, souffla Pedro content de pou-voir retouner dans sa chambre et y retrouver un peu d'intimité. |
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Recroquevillé dans son lit, les draps enroulés autour de son corps comme s'il s'était battu pen-dant la nuit avec des ombres vertes, Pedro n'avait pu s'endormir que vers les trois heures du matin où des rêves obscurs avaient envahi son esprit comme pour lui signifier qu'il n'était pas chez lui, mais dans un pays étranger où sa famille n'avait jamais posé un pied! Pendant ce rêve, il survolait l'amazonie tel un aigle du grand Machu Picchu, puis la cordilère des Andes, puis redescendait vers le Chili où la ville de Santiago était illuminée tel un astre d'or, puis cherchait dans la banlieue une petite maison appartenant à ses parents où ils devaient être tous occupés à leurs affaires : Marisa, sa mère, en train de préparer le repas; son père, Emilio, en train de lire dans son fauteuil un livre d'archéologie et son frère Ernesto, habillé en uniforme, lisant son jo-urnal sur la table du salon. Et Pablo où est-il? Mais où est-il? leur criait-il en ne le voyant ni dans le salon ni dans sa chambre où tout le monde semblait tourner ses yeux vers le ciel com-me s'ils avaient entendu l'appel douloureux de Pedro. Mais étrangement de leur bouche ne sor-tit aucun son, aucune reponse, sinon un silence de mort! Puis Marisa posa la soupière au centre de la table où tout le monde semblait pensif en avalant leur soupe. |
L'aigle royal du Machu Picchu, après avoir servi le sorcier Pedro, retraversait l'amazonie pour se poser sur les cimes des abres, non loin de Manaus où Pedro dans son petit hôtel pleurait dans la nuit obscure. Après ce rêve ( qu'il faisait régulièrement depuis son départ du Chili), il arrivait seulement à s'endormir, comme si ce lien avec sa famille n'avait jamais été rompu et malgré la distance éffrayante qui les separait. Le matin, il retrouvait souvent ses draps mouill-ès en ne sachant pas si c'était ses larmes ou bien sa sueur. Mais il évitait d'y penser afin de ne pas gâcher sa journée. Ce matin, en ouvrant les yeux, il vit un grand soleil envahir sa chambre qui illumina aussitôt son visage. Denouant les draps, qu'il avait autour de la taille, il se dirigea vers la fenêtre, puis l'ouvrit en grand afin de laisser le bruit de la ville entrer dans sa chambre. C'était un bruit d'eau, de fer et de boue qu'on entendait et de quelques cris d'oiseaux se dispu-ter peut-être un poisson ou un morceau de pain qu'un homme venait de leur jeter. Puis jetant ses yeux sur le fleuve, il vit des grues énormes et un nombre considérable de bateaux où des bruits de moteurs, de trompes, de sirènes semblables à ceux qu'on entendait à Amsterdam ou à New York, s'étonnait-il par ce même boucan d'enfer! L'odeur de l'air n'avait pas changé depuis son arrivé et était toujours aussi épouvantable et bien que la pluie ait néttoyé toute la nuit l' atmosphère et les rues. Mais il semblait que le bois même des maisons, les briques et les tôles ondulées des petits baraquement en étaient imprégnés pour la vie, pensa-t-il en refermant la fenêtre pour aller s'allonger sur son lit. |
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Malheureusement, c'était irréversible, car le mal avait pénétré ce continent sud-américain par la plus vicieuse des ruses, c'est à dire par la fumée enivrante de la religion chrètienne dont le rôle fut de cacher le carnage de Cortez et des autres chefs de guerre. En baissant la tête, il avait l'impression de marcher dans des flaques de sang et ce chemin mènait aussi à son pays, le Ch-ili! Puis levant la tête, il aperçut au loin un grand bâtiment rectangulaire qui semblait être la poste des communications. En s'approchant d'un peu plus près, il vit inscrit en haut sur la faç-ade : Poste centrale des communications téléphoniques et télégraphiques. Mon dieu, ces noms à rallonge, c'était bien là le défaut des administrations de vouloir tout compliquer, bref, faire pompeux. En entrant à l'interieur, il aperçut beaucoup de monde et se demandait comment il allait bien pouvoir télépphoner. Et bien que les cabines fussent hermétiques, une sorte de bro-uhaha meublait en permanence la grande salle où des bruits de porte claquaient, des sonneries retentissaient et des voix en langue portugaise entrecoupées par d'autres se perdaient au plaf-ond sans oublier des colis qu'on déposait vers la porte d'entrée pour être ensuite enlevés par des postiers habillés en short. En s'approchant difficilement des bureaux vitrés pour connaître les prix des communications pour le Chili, il apercut une affiche traduite en plusieurs langues où tout était indiqué assez simplement : Brésil, faire directement le numéro, prix 2 reals le qu-art d' heure. Vénézuela faire le 0, puis le numéro, prix 4 reals les 15 minutes. Chili, faire le 15, puis le numero, prix 5 reals les 15 minutes. |
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Olabrasilia? demanda soudainement Pedro qui y voyait comme une resonnance étrange voire de funeste avec le nom du Brésil. Oui, elle s'appelait Olabrasilia et je ne te cacherai pas qu'elle n'y était pas pour rien sur le destin misérable de ce pays qu'est le Brésil. Mais père, pensez-vous que cette malediction lui viendrait directement de cette femme dont la peau hypersensible à l'apect rouge Brésil lui interdisait de s'exposer au soleil? Oui, je le crois. Mais les textes ma-lheureusement s'arrêtent juste après ces incidents malencontreux pour le Roi Orania qui était convaincu qu'une malédiction personnelle s'était abattue sur lui et sur sa dynastie : malédicti-on qu'il croyait envoyée par les Dieux Obzou et Nefram pour que son peuple y voit comme un signe de décadence et s'en détourne, ce qui déclencha des émeutes forçant le Roi à partir. Mais comme celui-ci s'y refusa tout fut détruit, la cité ainsi que le temple dont on a retrouvé aucune trace pour l'instant. Peu de temps après, comme par malédiction, des pluies diluviennes s'abatt-irent sur la cité et une végétation monstrueuse poussa, au point de faire disparaitre les restes de la cité et la prairie verdoyante. Pourtant, il devrait en rester des traces, car des pierres ça ne disparait pas comme ça! lança Emilio. Forcément, dit Pedro qui avait écouté très attentivement l'histoire de son père. Pour ma part, je pense que si on en a pas trouvé trace, c'est parce qu'elle a été soit avalée par la forêt soit remontée ailleurs. Tu sais, ici le fleuve est navigable sur sa plus grande partie. Mais alors où auraient-ils pu déplacer cette cité perdue? |
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Après avoir entendu la voix de son père et de sa mère, il se sentit complètement démoralisé par cette prise directe avec la réalité qui somme toute était d'une banalité exemplaire. Bref, là-bas rien n'avait changé ni la situation de sa famille ni l'état de son pays qui était toujours en guerre contre lui-même. Lui seul avait changé, mais ne pouvait l'exprimer clairement à ses parents qui le ressentiraient alors comme une trahison. Et Ernesto? demanda-t-il tout à coup à sa mère. Er-nesto va très bien et il a eu même une promotion dans son régiment où il est maintenant adjud-ent chef. Adjudant chef? Oui et c'est bien pour lui et pour sa carrière! dit-elle fièrement. Bien, bien. Et pour Pablo alors, vous avez des nouvelles? demanda-t-il brutalement. Un instant, il y eut un long silence au téléphone, car elle ne s'attendait pas à cette question. Heu..non, on a tou-jours rien. Mais ton frère Ernesto fait des recherches de son coté pour savoir où il est. C'est bien! dit Pedro qui sentait par là qu'Ernesto n'était pas un monstre sous son uniforme prêté par la junte militaire, mais qu'il faisait tout son possible pour retrouver son frère qui s'était égaré dans les idées politiques délirantes du socialisme. Enesrto ressentait parfois de la pitié pour son frère, Pablo, où dans ses rêves il essayait de le convaincre de changer ses idées et surtout de lui faire retrouver les pieds sur terre où sa famille l'aimait plus que tout. Mais dans son rêve devenu un cauchemar, Pablo restait intransigeant et l'insultait quand il le voyait habilé dans ce funeste uniforme militaire en lui jetant à la figure: Non, ne t'approche pas, c'est toi, le traite! |
Ne m'adresse plus la parole! Tu as trahi ta famille et ton pays! Ernesto, blessé dans son amour propre, se rapprochait de lui pour lui faire comprendre qu'il était toujours son frère et malgré les idées politiques qui les séparaient. Non, ne me touches pas, traitre, agent de Pinochet! Je ne suis plus ton frère et tu n'es plus le mien! lui criait-il injustement. Alors Ernesto impuissant pleurait de ne pouvoir l'aider et lui sauver la vie. En sortant de la cellule, les yeux pleins de lar-mes, il se demandait comment il allait expliquer tout cela à la maman? |
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Sa vie sentait l'évier, cette eau malodorante composée de dechêts alimentaires et autres éléme-nts organiques, non digerés, mais en voie de pourrissement. Pourtant, il s'était toujours battu contre cela, contre le pourrissement de sa propre vie. Et Pedro, en lui décrivant cette ville de Manaus où il tombait tous les soirs des tonnes d'eau dans les rues boueuses, avait fait naître en lui une sorte de dégoût ou plutôt de tout à l'égout. Même un moment, il faillit vomir, mais s'était retenu quand Pedro s'était entretenu au téléphone avec ses parents. Ah un peu d'amour au milieu de cet enfer d'eau, de boue et de fer ne pouvait que lui faire du bien à l'âme : lui qui avait l'âme blessée, noyée dans d'inexitriquables problèmes physiques, mentaux, sociaux etc. |
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Le lendemain matin |
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Ensuite, il prit un morceau de sucre sur un petit monticule où des mouches avaient semble-t-il pondu leurs oeufs en apercevant des petits points noirs piquer la blancheur immaculée. De tou-te façon, c'est pas sale, car même les Mexicains ont des plats préparés à base d'oeufs de mouch-es qu'il apprécient énormément là bas! se rassurait-il englué dans sa paresse monumentale. Et si c'était mauvais pour la santé, je le saurais depuis des années! finit-il par se dire en le jetant dans sa tasse. Puis machinalement se saisit d'une vieille casserole, où le fond était rempli de tartre, la remplit avec une eau elle aussi pleine de tartre et la posa sur le feu, puis alluma le gaz. Les yeux fixés sur la casserole, il se demandait ce qu'il allait bien pouvoir faire après le café? |
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Mais à quand la véritable liberation des peuples pour se débarrasser de cet Etat si embarrassant si contraignant pour les Hommes? Est-ce utopique d'y penser ou bien réalisable? Moi qui suis pauvre et malade, malheureusement, je n'aurai pas la force d'y participer. Mais de tout mon co-eur, comme j'aurais souhaité y participer afin de pouvoir vivre libre et heureux sur cette terre! Mais dans mon cas, à quoi me servirait cette liberté si je suis toujours laid et quasi impotent? C'est triste à dire, mais je crois bien que ma vérité se trouve à ce niveau là où je fais partie malheureusement de tous ces malades et de cette future génération d'inutiles qui va se répan-dre à l'avenir dans la société comme un fleau! J'ai vu, avec l'histoire des indiens d'Amérique, de fiers guerriers finir leur vie en de sombres alcooliques. J'ai vu avec Pedro, l'aigle du Machu Piccu, finir sa vie enfermé dans une cage à lapins dans une banlieue. Bref, j'ai vu tout ce que l'humanité était capable de faire pour rendre inoffensive les espèces nobles afin d'anénatir la beauté du monde! Mais que nous restera-t-il quand il ne restera sur la Terre que des nains, des malades et des hommes politiques sans genie? |
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Sur ce qu'elles avaient vu, entendu, ressenti aux cours de cette émission disons placée aux anti-pode du film du dimanche soir, bref, un film savamment choisi afin de remettre en selle tous les travailleurs pour le travail du lendemain, n'est ce pas? Et pourquoi pas un bon western? Ce personnel au service de l'Etat était selon moi, les journalistes, les intellectuels et les experts en communication. Quant aux autres, qui regardaient cette emission, il devait être pour la plupart des marginaux ou bien des malades comme moi, bref, des gens impotents ou impuissants qui dénonçeront jamais le massacre par peur de ne plus toucher leur pension et ne plus pouvoir se payer leurs médicaments contre la dépression, le diabète ou l'hypertension, Ah!Ah!Ah! Mon dieu, quel drame pour notre société! s'exclama Fabien en constatant que lui-même et ses collè-gues, les faibles, ne pourront jamais rien changer à ce monde en restant toute leur vie de sim-ples spectateur devant leur poste de lélévision. De quoi se donner de l'effroi! jugea-t-il en pens-ant soudainement à Pedro qu'il n'avait pas vu depuis une semaine. |
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(Pourquoi tant de cynisme Fabien?) |
Pour en revenir à notre emission de télévision, le journaliste leur posa ensuite cette question étonnante : C'était quand la dernière fois où vous avez été heureux? Tous répondirent d'une seule voix: C'était quand ils étaient célibataires! (heureusement que leurs femmes n'avaient pas été invitées ce soir là à l'emission ou du moins absente devant leur poste de télévision, Ah!Ah!Ah!). Une fois de plus, je tombais sur les fesses en comprenant que le malheur des hommes venait en grande partie de leurs femmes qui leur rendaient la vie impossible et la raison pour laquelle, je les haïssais toutes! |
Écoutez-les et vous entendrez toujours les mêmes mots, les mêmes sottises sortir de leurs bou-ches : Je veux un bébé! Je veux un bébé! |
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A la petite chinoise |
Mademoiselle Yin, vous êtes déjà 1,4 milliards d'habitants dans votre pays. Pensez-vous vrai-ment que se soit raisonnable de gonfler ce chiffre? |
Réponse de l'intéressée : Je m'en fous! Je m'en fous! Je veux un bébé! Je veux un bébé! |
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Oui, je sais, un paradoxal que j'affirme là. Mais pour nous autres, qui n'avons hérité d'aucun talent pour le bonheur, la partie semble comme perdue d'avance, n'est-ce pas? Je sais bien que c'est dure de l'entendre. Mais sachez, mes chers compagnons d'infortunes, que notre malheur nous vient des femmes qui nous obligent à perpétuer notre malheur en fondant une famille à notre tour. Oh excusez-moi, Mesdames, d'avoir été grossier avec vous! Mais il faut vous dire les choses telles qu'elles sont et vous vous en privez pas, n'est-ce pas? C'est vrai que j'ai un compte à régler avec vous et vous en connaissez parfatement les raisons! |
Fabien, sentant soudainement une douleur à la jambe, partit s'allonger sur son canapé. |
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Moi personnellement, si j'avais du talent, j'en écrirais bien un dont le titre serait vite trouvé. Il s'agirait de l'homme qui haïssait les femmes! C'est dire un titre haut en couleur qui sûrement ferait un best-seller dans la caste des mâles, alors que chez les femmes un roman à jeter au feu et pourquoi pas une raison pour aller couper les couilles à son auteur si on l'attrapait? En fait, se disait Fabien, si ce livre n' avait jamais pu voir le jour, c'est parce que les hommes étaient bien trop lâches pour pouvoir l'écrire (sur ce point, elles avaient entièrement raison). Bref, par une lâcheté qui les empêchaient de leur dire la vérité toute crue sur leur dépravation physique et mentale. Fabien imaginait alors, avec ce livre hors catégorie, des scenarios rocambolesques sur l'auteur qui serait poursuivi jour et nuit par une bande en furie voulant le mettre en charpie pour lui avoir dit simplement la vérité! Un jour, il est fort possible que l'on découvre l'auteur du roman, mort chez lui, emascullé, les couilles enfonçées dans la bouche! L'annonce dans les journaux people ferait alors exploser les ventes et surtout procurerait un énorme plaisir aux lectrices avides d'émotions et de vengeances, n' est-ce pas? |
Age mental des femmes environ 7 ans! Ce n'est pas moi qui le dit, mais un magazine dit seri-eux où des scientifiques l'avaient calculé lors d'une étude sur le cerveau des femmes. Leur con-clusion les avait beaucoup surpris et en particulier les femmes chercheuses qui travaillaient alors sur cette étude qui ne s'attendaient pas à ce resultat déplorable! |
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En tant que célibataire (qui n'avait jamais connu de femmes et disons-le franchement, l'amour et le sexe), toutes ces questions semblaient venir d'une autre planète. Car qu'était-il lui exacte-ment, un homme ou une femme? Personnellement, il ne le savait pas et c'est ce qui le mettait souvent en porte à faux avec le monde dans lequel il vivait. Un vieux garçon qui n'avait pas de vie amoureuse ni même de relation avec les femmes que cela pouvait bien être : un monstre, un avorton, un être asexué, un homme inachevé, un légume? Fabien ne le savait pas lui-même et évitait souvent d'y penser et on pouvait bien le comprendre. Pour en revenir à notre équipe de scientifiques (qui s'était débarrassée des femmes pour ne pas fausser les resultats), celle-ci av-ait réalisé une autre étude concernant l'acte sexuel entre l'homme et la femme. Les résultats fu-rent une nouvelle fois surprenants en constatant, lors de l'acte sexuel, que la femme diffusait dans le corps de l'homme une toxine ou une sorte de poison qui à plus ou moins long terme rendait l'homme fou! Et l'on constatait après deux ou trois années de vie commune que l' hom-me commençait à taper sur sa femme sans savoir pourquoi et elle non plus. Les scientifiques avaient essayé d'expliquer cet étrange phénomène et en avait conclu que c'était dans l'ordre des choses que l'homme, après qu'il ait fécondé la femme, n'avait plus véritablement d'utilité pour la nature. Bref, qu'il s'était reproduit et pouvait donc mourir le devoir accompli, CQFD! |
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Avec le mépris qu'il avait employé pour parler des femmes, il se demandait s'il n'allait pas dev-enir un jour un serial-killer? |
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1 semaine plus tard |
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Café? lança soudainement Fabien à Pedro qui était confortablement installé sur le canapé. Bien sûr! lui répondit-il en ne voulant pas déroger a la cérémonie du café qui symbolisait la naissan-ce de leur amitié. Tu m'excuseras, mais je n'ai pas de café de Colombie à t'offrir, mais seule-ment du café de la maison du café qui entre nous n'est pas mauvais, car peu cher pour les gens à faibles revenus comme moi. Mais ne t'inquiètes pas pour ça, mon ami, ça suffira très bien pour renouer notre amitié. Ah oui? dit Fabien troublé par cette réponse venant du coeur. Mais oui, car je sais que dans ce café tu y mettras le meilleur de toi même et c'est pour moi le plus important. Bien, bien, dit-il en s'avançant, non moins rassuré, vers la petite table de la cuisine où était installée sa cafetière électrique(qu'il utilisait rarement faute de monde) genre moulin-ex en doutant sur la qualité de son café à offrir aux amis. En le regardant remplir au robinet le reservoir de sa cafetière, Pedro ne dit rien, mais l'observait en voyant bien qu'il n' avait pas de cafetière à l'italienne comme lui, mais comprenait vu son handicap qu'il ne pouvait pas rester longtemps debout devant sa cuisinière a surveiller le café sur le feu en compatissant entièrem-ent aux maux et aux douleurs de son ami. Après qu'il ait mis un filtre neuf dans la cafetière, puis de la poudre à café de la maison du café à l'intérieur, il appuya sur l'interrupteur marche de la machine et dit : Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre que le café se fasse tout seul! |
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Mais comme il était issu de ces peuples Incas, Mayas et Atztéques, il savait pertinement que la boisson des dieux n'était pas le café, mais le chocolat. Mais qu'importe! pensa-t-il en regardant Fabien pris dans des reveries d'éternelles amitiés. |
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Quant aux Aztèques et aux Mayas, cette démocratisation de la cérémonie du chocolat, bref, du chocolat pour tous! fut rendue possible grâce au célèbre serpent à plumes, Quetzacoatl qui l'o- ffrira au peuple pour que celui-ci le boive tous les matins du monde, comme nos anciens die-ux. N'oublions pas aussi de dire, à notre cher lecteur, que Quetzacoatl était le symbole de la pa-tience et de la persévérance, ce qui ne pourra tromper personne quant à son message prophétiq-ue! Bref, par toutes ses qualités quasi intemporelles, appartenant au livre et au calendrier, nous pouvons dire ici qu'il fut l'un des premiers dieux révolutionnaires voués à la cause du peuple voir un Christ avant l'heure? Ceci nous est permis aussi de le penser. |
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Pour ma part, je pense, que la naissance de la religion chrétienne est née de ce grand mouvem-ent vers le bas et par cette grande démocratisation du divin afin de l'humaniser pour dire simpl-ement les choses. Dans le but bien évidemment de le rendre accessible au commun des mortels, mais avec l'inconvénient de perdre en force, puisque morcelé et divisé en millions de parties pour que chaque individu puisse en posséder une infime partie. Bref, ce fut la chute des dieux dans les grands marécages humains et ceci pour longtemps! Je ne conteste pas que tout ceci soit une superbe invention des Hommes pour avoir leur destin en main. Mais moi, personnelle-ment, je suis convaincu que tout ceci n'assure en rien le bonheur ni la paix pour l'humanité (voyez l'Histoire du 20 ème siècle!). Pedro sentait intimement que la grande force du christian-isme, disons même son genie, se trouvait dans cette grande et belle invention qu'était l'amour universel! Car même s'il savait qu'elle n'était qu'un beau mensonge, il devinait aussi qu'elle était une magistrale spéculation sur l'avenir des sociétés humaines : où l'Homme pourra envi-sager un possible amour pour son prochain! Et si par hasard, ce grand mensonge fonctionnait, mais qui pourraient s'en plaindre, sinon les idiots? Par conséquence, les Hommes ne pouvaient qu'y gagner et s'en réjouir, n'est-ce pas? Supposons, mon cher lecteur, que Dieu ne soit qu'une magistrale invention ou spéculation religieuse ou intellectuelle. Alors, il faut se l'avouer, mais sans ce dieu chrétien, qu'est le Christ, cette idée de l'amour pour son prochain n'aurait jamais existé parmi les Hommes en sachant bien que l'Homme a toujours été un loup pour l'Homme! |
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Bizarrement, la croyance en l'existence de Dieu relevait d'un curieux mélange de superstitions, de raison et de sagesse. De superstitions, car personne, comme je le crois, n'avait vu Dieu de ses propres yeux, n'est-ce pas? De raison, car personne de censé ne pourrait croire qu'il était le fruit du hasard, mais bien d'une volonté supérieure qui le dépassait. Puis enfin de sagesse, car le bien a toujours été préférable au mal et malgré que ce dernier soit toujours persistant dans la société des Hommes où la colère est une fois de plus préférable au meurtre ou au suicide, n' est-ce pas? |
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Puis appuya sur le bouton stop de la machine et par un miracle de prestigitateur se saisit de de-ux petites cuillères, du pot à sucres, du bol contenant le café et le tout entre ses mains d'une agilité remarquable ramenait l'ensemble vers Pedro où ce dernier, les yeux ahuris, se demandait comment son ami pouvait réaliser ce miracle, lui, le malade, l'handicapé? Mais non, mais non, ne bouge-pas, Pedro, je vais y arriver tout seul! lança-t-il en le voyant commencer à remuer sur le canapé. D'accord, je te laisse faire! lui dit-il en le regardant avec des yeux pleins d'admiratio-ns pour sa témérité. Se tenant debout, sans sa canne, se balançant un coup à gauche puis à droi-te, il ressemblait étrangement à un équilibriste qui semblait tenir entre ses mains un trésor ines-timable qui était son amitié pour Pedro! Mais un trésor qu'il sentait encore très fragile et qu'il ne fallait surtout pas le faire tomber au risque de le briser! s'effrayait-il en regardant Pedro pétrifié au fond du canapé. |
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Et que tous ces paysages luxuriants et extraordinaires que nous offre ce pays sont faits unique-ment pour les élus. Tu veux dire que c'est une terre de damnation pour les pauvres? Oui, je le crois bien, malheureusement! dit Pedro en parfaite connaissance des choses du monde. Mais cette joie de vivre qu'ils expriment tous les jours dans leur vie, n'est-elle pas en contradiction avec ce que tu viens de dire? Non, car elle n'est qu'un réflexe qui se manifeste face à leur mau-vaise fortune et à leur damnation. Comme tous ces Chinois qui te disent Oui même quand ils ne sont pas d'accord avec toi! Étrange coutume! lâcha Fabien qui avait si peu voyagé dans sa vie à part fumer des cigarettes sur son canapé. |
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Décidément dans ce monde Occidental, plus personne n'arrivait à la cheville de nos vieux philo-sophes, comme Socrate et Platon à part les penseurs Chinois, Confucius et Lao Tseu. Et contra-irement à ce que beaucoup d'intellectuels ou d'historiens croyaient, Socrate n'était pas un pens-eur occidental, mais un penseur oriental et méditerranéen et pas du tout démocrate, mais mon-archiste. Alors que Platon, un penseur occidental par sa croyance aux valeurs d'une République idéale où le bien finirait par l'emporter. Bref, un pré-christianisme qu'il avait entrevu pour les sociétés futures des Hommes. Après son long monologue, Pedro se tut et semblait regarder da-ns le vide |
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En actionnant une pince de crabe encastrée dans le mur, le professeur ouvrit la salle de repos où il y avait des hamacs, comme le voulait la tradition dans la marine où personne à vrai dire n'avait le temps de faire son lit et surtout l'avantage de prendre peu de place pour un équipage prêt à toute avarie. Natacha prit la main du professeur avec qui il monta dans le hamac pour se blottir contre lui. Bianca, qui était un peu jalouse, fit de même avec Pedro qu'elle embrassa sur la joue pour lui montrer son amitié indéfectible. Quand l'obscurité gagna les lieux, comme dans un no made's land, tous le monde plongea dans un profond sommeil où El Pulpo n'était pas étranger. En contrôlant leurs esprits grâce à sa grande intelligence où le voyage spaciotemporel demandait énormément d'énergie à chacun. Mais qu'ils ne devaient en aucune fàçon s'inquièter pour la suite du voyage où El Pulpo, la reine de l'évasion, connaissait le chemin mystérieux depuis des lustres. En leur évitant le cauchemar nocturne, la peur de l'enfermement ainsi que la nostalgie pour la te-rre ferme. Un rêve blanc semblait alors meubler leurs consciences où le professeur ne rêvait plus à ses titres honorifiques et universitaires, mais à une image calme de sa vie où tout était immo-bile et pleine de sérénité. Pedro, qui était toujours en connexion télépathique avec Fabien, coupa la transmition en lui disant : il est temps d'aller te coucher, mon ami. Demain, on se reverra et je te raconterai la suite du voyage. Fabien, quelque peu deçu, atterrissait à nouveau sur son canapé où il s'endormit comme épuisé par un très long voyage. Blotti dans son canapé où tous les conti-nents de la terre étaient imprimés sur la housse, il avait alors le sentiment de voyager au dessus de la planête tel un homme qui avait aboli, par un pouvoir magique, la force de gravité! |
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Alors que Pedro attendait impatiemment sa tranche de steak, le professeur semblait prendre son temps en voulant lui montrer, semble-t-il, l'art de découper la viande. En étant pas seulement un archéologue éminent, mais aussi medecin légiste pour avoir éffectué des autopsies pendant ses années universitaires. Ce qui n'était pas loin du metier de boucher, n'est-ce pas, mon cher lecte-ur? Aussitôt, il partit chercher dans le tiroir du buffet de la cuisine, un long couteau en os de req-uin et commença à tailler des steaks avec art. Tout en interrogeant du regard Pedro pour savoir si l'épaisseur de sa tranche de steak lui convenait? Ce qu'il approuva immédiatement par un hoche-ment de tête et par un appêtit grandissant, il faut dire. Quant aux deux poupées, elles trouvaient cela répugnant que l'on puisse manger cette masse rouge sanguignolante et trouver du plaisir! Sans oublier de dire au lecteur que le professeur Sanchez et Pedro n'étaient pas en vérité de gros mangeurs afin de garder la ligne et de pouvoir marcher pendant des heures sans fatigue sur des sites archéologiques. Par sa vitalité retrouvée, on sentait clairement chez le professeur de la bon-ne humeur en sachant qui lui restait une seule porte à franchir pour atteindre Kantapulka, celle de Barazoum! En ne considérant pas la cité de Kantapulka comme un site archéologique à visi-ter pour être toujours habitée par une vraie population où il connaissait très bien les autorités en place pour y avoir éffectué plusieurs voyages auparavant. Mais le but de ce voyage n'était plus du tout le même, mais de sauver la princesse Olabrasilia, la fille du roi Orania, puis la cité de Kan-tapulka de la destruction. Car malheureusement atteinte d'une grave maladie de peau, on lui inte-rdisait de s'exposer au soleil au risque de sa vie, mais aussi de pouvoir célébrer avec son père, la fête du soleil! Cette grande fête adulée par le peuple, mais qui supprimée par le roi, avait prov-oqué de graves dissensions au sein de son gouvernement ainsi que des révoltes populaires. Tout en précisant au cher lecteur que le cancer de la peau de la princesse n'était pas lié au hasard, mais provoquée intentionnellement par sa demi-soeur, Séssania, qui pour son 19 ème anniversaire lui avait offert un collier de perles d'un grand éclat, mais surtout radioactives! C'est ce que l'éminent archéologue, le professeur Sanchez, avait découvert lors des fouilles sur l'ancienne cité de Kant-apulka en découvrant le collier radioactif ainsi que la lance en pointe de diamant du roi Orania! |
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Pourtant un présent qu'ils essayaient tous de comprendre, mais que le voyage spaciotemporel avait déformé les contours où parfois, Alvez avait le sentiment de nager dans un trouble sens-oriel. Spécialisé en neurologie et en étude comportementale, il était chargé par le professeur d'ét-udier avec discrétion le comportement de ses collègues en notant chaque jours leur humeur, leur état d'âme etc afin de connaitre leur évolution mentale dans ce voyage insolite à travers le temps. Sous entendu que tout ceci devait rester confidentiel pour ne pas alerter ses collègues qu'ils soi-ent pris pour des cobayes ou dans un quelconque espionnage malsain. Tout en notant à travers son cahier intime depuis son embarquement, ses propres impressions où le dérèglement de ses sens serait la matière première de sa future thèse pour accéder enfin à une notoriété académique. Telle était son ambition cachée afin de joindre l'utile à l'agréable en voulant garder un esprit sci-entifique pour être clair. Sans nier aucunement le danger de l'expédition où lui et ses collègues pourraient ne pas revenir en se perdant définitivement dans le passé ou bien revenir à moitié fou? s'interrogeait-il avec lucidité. Visiblement, c'était la question qui le taraudait en ce moment en prenant place autour de la table où ses collègues semblaient apparemment de bonne humeur vu qu'ils allaient manger un bon steak frites, comme à la maison, pensaient-ils en y voyant comme un retour à la vie normale. Afin de répondre à votre curiosité toute légitime, mon cher lecteur, voici un petit extrait de son carnet de voyage qu'il ne montrait jamais à personne afin de ne pas éveiller le moindre soupçon auprès de ses collègues universitaires. |
Manaos, le 23 Juin sur les rives du Rio Négro |
Soirée formidable avec le professeur Sanchez qui nous a fait visiter son bateau musée où toutes les antiquités étaient authentiques puisque récoltées au cours de ses voyages spaciotemporels! |
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Ce qui préfigurait selon moi une future amitié entre les deux hommes. mais sans savoir pour quelles raisons exactes. Avec l'intuition que le jeune homme ferait parti lui aussi du voyage. Ce qui ne me dérangeait aucunement car le professeur avait tout pouvoir sur l'Amazonias dont la destination serait la cité de Kantapulka : la cité amazonienne que le grand archéologue comptait sauver de la destruction! A minuit pile tout le monde embarqua à bord pour rejoindre ses quar-tiers avec de grands espoirs, il faut dire. Fin de la première journée. |
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Quand sortant soudainement de la forêt, par un petit promontoire, ils aperçurent à leurs pieds, la cité de Kantapulka s'étendre à perte de vue où seuls les temples destinés aux dieux et le palais du roi se dressaient vers le ciel, comme une ambition démesurée du peuple kantapulkien d'accéder à l'immortalité Bref, une immortalité à laquelle toutes les peuples aspiraient depuis l'aube des te-mps et quelque soit leur religion polithéiste ou monothéiste, n'est-ce pas, mon cher lecteur? Ce qui était une constante pour l'humanité où le spirituel était une quête insatiable pour ne pas être vaincu par la mort et malgré que nous sachions tous que la mort et la vie étaient intimement liées. Mais dont le combat en valait bien la peine afin de vivre une heure de plus ou bien plus pourquoi pas? Afin de prolonger nos plaisirs terrestres sous la forme hunaine grace à la resure-ction ou bien sous une autre forme grâce à la réincarnation qui sont deux croyances admises par les hommes qui se sont élevés spirituellement. Etrangement, l'équipage de l'Amazonias, depuis qu'elle avait posé pied à terre dans une autre civilisation, semblaient bouleversés par un grand vide qui planait au dessus de leurs têtes, comme par un retour à l'humanité primitive où la scien-ce ne pouvait rien encore expliquer, mais seulement la superstition qui décuplait notre imagina-tion, il ne faut pas se le cacher. C'est dire un éffroi qu'ils ressentirent devant la cité de Kanta-pulka où tous les hommes et femmes acceptaient de vivre dans une ignorance totale, mais sans pour autant s'inquièter pour leur avenir, visiblement. Bref, un grand mystère où le savoir était une denrée rare et encore moins la vie intellectuelle de la cité. Mais sans pour autant constater, une ville constituée de huttes sauvages et de rues boueuses, mais d'habitations en dure qui n'ava-ient qu'un rez de chaussée où la place ne manquait pas en pleine amazonie. Et de grandes avenues pavées de dalles avaient été tracées au cordeau afin de pouvoir circuler facilement au sein de la cité où toutes les rues n'avaient pas été construites anarchiquement, mais perpendiculaires ou paralèles aux autres, ce qui montrait une urbanisation moderne de la cité où le professeur ne semblait pas y être étranger par ses plans importés des civilisations modernes. Quand soudaine-ment Moctabus s'arrêta de marcher, afin de comtempler avec ravissement sa cité comme un joyau de l'amazonie. |
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Car il faut dire que je suis plutot un clown dans la vie et vous l'avez certainement remarqué dans mes romans où le drame cotoye le ridicule, bref, comme dans la vie. Mais aujourd'hui, mon cher lecteur, nous n'allons pas refaire le monde sur un coin de table vue l'ampleur de la tache, n'est-ce pas? Où le rôle de l'écrivain n'est pas de rétablir la justice dans ce bas monde, mais plutôt de le divertir afin qu'il oublie tous ses problèmes si inextriquables soient-ils, n'est-ce pas? Est-ce po-ur autant une façon de se cacher les yeux devant l'horreur ou bien de donner aux hommes l'image d'un monde meilleur où ils pourront devenir des héros et pourquoi pas combattre les injustices? Ainsi l'écrivain, épaulé par les hommes de bonne volonté, jouera son rôle de catalyseur au sein de la socièté sans y avoir participé réellement. Et c'est un de ses paradoxes où en voulant amuser le monde, il créera des vocations sans entendre merci de la part de ses lecteurs. C'est injuste, je le sais, mais ne vous ai-je pas dit que je ne croyais pas à la justice des hommes, mon cher lecteur? Suis-je pour autant inhumain ou bien lucide pour n'envisager aucune vengeance envers cette hu-manité si décriée dans les journaux?" C'est ce qu'écrivait Alvez dans son journal intime où l'an-niversaire fastueux de la princesse Olabrasilia avait laissé en lui quelques remords en pensant au sien qui n'avait pas laissé une grande empreinte dans sa mémoire. Avec le sentiment que ses 20 ans avaient été de la nioniotte et sans importance pour lui et pour les siens en vivant pauvrement dans la ville de Bogota. Avec la grande interrogation de savoir si le jeune homme de 20 ans avait été heureux ou malheureux sans pouvoir y répondre? Aussitôt, il tourna la page de son carnet pour y inscrire un nouveau chapitre en pensant à la prochaine étape du professeur Sanchez : Il faut tuer Cortez pour sauver le destin du continent sud-américain! |
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