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LE LIVRE

 

 

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Depuis des siècles, un livre prenait la poussière au fond d'un grenier, comme s'il avait été abandonné là par négligence ou bien par le départ précipité de son propriétaire, alors qu'il renfermait un véritable trés-or : la vie elle-même! Celui-ci était entièrement recouvert par la poussière au point de nous cacher le titre et le nom de son auteur et on se demandait même s'il avait eu un éditeur de son vivant, sinon la vie elle-même? Posé sur une vieille commode, dont on ne pouvait donner l'époque exacte, il trônait à côté d'un cadre photo où figuraient à l'intérieur une femme et son enfant qu'elle pressait entre ses bras. Visib-lement tous les deux souriaient à la vie et semblaient heureux de vivre ce bonheur idéal entre une mère et son fils, après qu'ils aient vécu semble-t-il l'enfer auprès d'un mari violent et jaloux! C'était très émo-uvant à voir, car tous les deux pouvaient être morts depuis fort longtemps, bref, depuis ce temps idéal où tous ces objets, apparemment sans grande valeur, avaient été mis en place comme pour l'éternité. A vrai dire, on en savait rien. A côté se trouvait un Walkman avec ses écouteurs oranges ainsi que de viei-lles baskettes tordues par l'effort et usées jusqu'à la corde par son possesseur de marathonien. En fait, on ne savait avec exactitude, par ces choses très ordinaires, s'ils avaient appartenu à une femme ou à un ho-mme des années 80 genre très sportif en remarquant le long des murs de hautes étagères où des milliers de livres avaient été rangés avec grand soin. Un intellectuel sportif, cela pouvait-il exister vraiment, qua-nd nous savions tous que le sport nuisit à la profonde réflexion philosophique ou intellectuelle? Étran-gement, seul un livre avait été oublié et s'étalait de tout son corps sur la commode et sur ce point bien commode pour qu'il soit visible par tous. Étonnement seuls les insectes, les araignées et les rats sembla-ient le vénérer pour des raisons fortes différentes, bref, comme un lieu de nourriture pour les vers bouf-feurs de papier, un point d'ancrage formidable pour les araignées afin d'étendre leur toile jusqu'au plaf-ond et un marche pied idéal pour les rats afin d'escalader jusqu'au plus hautes étagères. La culture, me sembla-t-il, ne fut pas seulement une question exclusivement humaine, mais largement partagée par tou-tes les espèces vivantes, n'est-ce pas? Bizarrement, quand je fus embauché comme domestique chez Lord Builtman, il refusa toujours de me laisser nettoyer son grenier pour des raisons que je n'arrivais pas bien à comprendre. Mais bon, c'était lui mon patron et je n'avais pas mon mot à dire sur ses affaires privées et sur son passé, sinon respecter ses ordres à la lettre même s'ils étaient en contradiction avec mon métier. Saisissez bien, mon cher lecteur, que je ne vous parlais pas d'une époque lointaine par ma sensibilité un peu vieux jeu et par ma soumission qui pourrait vous indigner( alors que je l'assumais parfaitement), mais bien de notre époque d'aujourd'hui! 

L'histoire est que mon patron, après avoir fait fortune dans l'informatique et dans le numérique, a fait annoblir son nom grâce à un don important à la couronne d'Angleterre dont la modernité ne vous aura pas échappé, mon cher lecteur. Bref, grâce à ses talents d'hommes d'affaires, il était devenu riche et avait fait l'acquisition d'un manoir dans la region de Crawley où j'exerce en ce moment ma profession de maj-ordome. Mon nom est Eric et je suis d'origine française, mais avec une attirance toute particulière pour les mœurs anglaises et aristocratiques à l'inverse des mœurs françaises qui m'ont fait fuir mon pays pour des raisons évidentes d'allergies à l'arrogance injustifiée de nos bureaucrates. Permettez-moi à ce titre d' être indélicat envers mes compatriotes que je plains sévèrement de servir des parvenus qui n'ont jamais rien fait de leur vie, sinon embobiner leurs concitoyens pour gravir le piédestal du pouvoir. Veuillez ex-cuser, une nouvelle fois ma férocité, mais ces gens en Angleterre n'auraient jamais eu la moindre chance d'entrer au parlement, mais seulement à la poste ou la Royal mail, Ah! Ah! Ah! Oh excusez-moi, un ins-tant, je viens d'entendre du bruit dans le grand salon et il est fort possible que Lord Builtman soit rentré de Londres où il traite en ce moment un nombre important d'affaires. Il est vrai depuis que je suis a son service, depuis 6 ans exactement, il m'en parle fort peu. Mais il m'a confessé un jour dans son salon pri-vé que ses compatriotes étaient d'une telle férocité dans les affaires qu'il préférait mieux laisser ces com-bats de tigre au dehors de son manoir et discuter avec moi des choses de la vie, bref, avec un frenchie comme il aimait bien me taquiner. C'est pour cette raison, je crois, qu'il m'a choisi pour être son majord-ome ainsi que pour mon célibat. Car je ne me suis jamais marié pour la simple raison que j'ai toujours trouvé les femmes françaises beaucoup plus amoureuses de l'égalité entre les sexes que de l'Amour véritable et que j'en ai fait vite le tour, croyez-moi. Quant à mon patron, dans sa jeunesse, ses conquêtes féminines se comptaient par centaines, m'avoua-t-il un jour après qu'il ait bu un peu trop de brandy, bref, quand il se lâchait un peu. Et c'est, je pense, ce décalage qui nous permettait de bien nous entendre et de nous plaindre l'un à l'autre sans trop de rivalité, l'un par ses excès en trop et l'autre par ses excès en moi-ns, ce qui rendait nos discuttions fortes instructives et étonnement équilibrées. Pour lui, disons-le fran-chement, j'étais une exception pour un Français, me confia-t-il à plusieurs reprises, lui qui connaissait bien mes compatriotes pour leur arrogance et pour être des coureurs de jupons devant l'éternel. Pour sa nature, Old England, j'étais un sage dont les qualités me permirent vite de gagner son amitié ainsi que pour mes origines françaises qu'il aimait bien taquiner les travers quand nous parlions politique. Mais bon, cela faisait partie entièrement du jeu et m'en plaignais aucunement sachant que Lord Builtman était très généreux avec moi et me versait un salaire annuel de 50 000 livres sterling de quoi affoler toutes les bonniches de France, n'est-ce pas? Ah!Ah!Ah! 

Je viens de passer dans le grand salon où je n'ai vu personne sauf le chat de mes voisins, les Canterbor-ow, qui avait réussi à se faufiler par une fenêtre entrouverte et j'ai eu une folle hantise qu'il ait fait ses griffes sur les meubles et canapés de Sir Builtman. Mon dieu, j'ai mis un temps fou pour l'attraper, car ce démon se faufilait sous les meubles comme s'il voulait jouer avec moi, alors que j'en avais pas le temps. Ah sale bestiole! lui lancai-je en le jetant par la fenêtre du rez-de-chaussée, bien évidemment. La prochaine fois, pensai-je, je le balancerai bien du second étage afin de lui faire comprendre que c'était moi le maître ici! Lord Builtman, pendant son absence, me permet de regarder la télévision dans le grand salon afin que je m'informe de l'actualité. Car ayant tout son temps pris par ses affaires, à son retour il aime bien que je lui fasse un compte rendu de ce qui s'est passé dans le monde ou en Angleterre. Je ne pense pas par affairisme, mais plutôt pour éviter tout investissement risqué ou inutile dans une mauv-aise conjoncture. Il me permet aussi de prendre sa Royce pour aller faire les courses à Londres où j'y vais en toute décontraction en jeans et polo. Parfois, les gens me prennent pour une célébrité, alors que j'en ai jamais eu la prétention, mais c'est amusant ce jeu là pour moi. C'est dire que mon patron est d'une très grande générosité envers ma disponibilité, mais ne tolère pas a son retour que je sois absent ni déjà couché, ce à quoi je ne déroge jamais. Tenez hier soir, vers les minuit, il est rentré tellement exténué par ses affaires à la City que j'ai dû lui préparer une bonne omelette à l'oignon avec des pommes de terres sautées pour le requinquer un peu tout en me confessant qu'il avait passé une journée infernale, ce que je pouvais que croire vu son visage à la mine déconfite où je n'ai eu aucune hésitation à lui retirer ses chaussures où ses pieds lui fasaient horriblement souffrir aussi bien physiquement que moralement. Ai-nsi a-t-il mangé pieds nus dans la cuisine, ce qui lui avait comme ouvert l'appétit en changeant un peu ses habitudes d'aristocrates, ce que j'ai pu remarquer. Au dessert, je lui ai servi une gênoise avec de la crème anglaise parfumée légèrement au rhum, ce qui l'a beaucoup apprécié et m'a complimenté sur mes talents de cuisinier. Faut dire aussi que le travail au manoir ne manque pas où il y a toujours quelque choses à faire et si ce n'est pas la cuisine, c'est le jardin qu'il faut nettoyer, arroser les parterres de fleurs, puis les vitres à laver, dépoussiérer les meubles et même les remettre à leur place. Car j'ai remarqué de-puis que je travaille chez Lord Builtman que ces derniers avaient tendance à se déplacer. Je ne dis pas au point de se retrouver du jour au lendemain dans la cuisine alors qu'ils étaient dans le salon, mais de quelques centimètres par an, comme s'ils avaient du mal à tenir en place comme mon patron ou bien comme des êtres vivants! Et à chaque que je les soulève pour les remettre en place, cela me demande des efforts colossaux où il me semble comme les contrarier. Je ne sais pas d'où peut me venir cette étrange impression. Mais bon, mon travail de domestique est là pour que rien ne bouge dans le manoir afin d' assurer à Lord Builtman une tranquillité d'esprit ou si vous voulez une stabilité pour qu'il fasse fruc-tifier ses affaires dans le monde entier.

La tradition, m'a-t-il dit un jour, est comme le terreau de la réussite, alors qu'en France c'est le terreau de la désolation depuis que les républicains avaient décapité Louis 16. Mais je n'osais jamais le contre-dire sur ce sujet bien réel et historique sachant que j'aimais toujours la France dans le sens terrien des choses et non d'une manière intellectuelle ou idéologique comme la plupart de mes compatriotes, bref, comme la terre de mes ancêtres et de ma naissance, mais où l'esprit républicain avait malheureusement décimé une grande partie de nos traditions séculaires. Dans un sens, je ne pouvais être qu'en accord avec lui sur la direction politique désastreuse qu'avait pris la France depuis le siècle des lumières et que mon pays finirait un jour comme dans une catastrophe programmée. A ce propos, j'ai vu à la télé la recrude-sence des attentats islamistes sur Paris où le 13 novembre dernier une bande de sauvages avait liquidé à la kalachnikov 80 personnes dans une salle de concert! Je pense que c'est le début de la fin pour la Fran-ce et j'espère bien que cela n'arrivera pas en Angleterre où nous sommes, il faut le dire, beaucoup plus tolérant en matière de religion que la France Jacobine. Mais rien à ce jour ne peut nous prouver le con-traire, car en politique les hommes sont tellement incompétents qu'ils pourraient bien nous provoquer la 3 ème guerre mondiale sans parler de la communauté Européenne qui était devenue un grand superm-aché pour les pays de l'Est et de leurs mafias locales. Sans oublier ses flots de migrants qui envahissent notre vieux continent européen où l'Angleterre qui est une île, ne l'oublions pas, pourrait bien sombrer comme le Titanic si on laissait la communauté européenne charger nos cales sans notre accord! Espéro-ns seulement que cela ne se finisse pas en clash ou en Brexit. A propos de la recrudescence des attentats sur Paris qui préfigure la décadence de la France, je pense que ces fous furieux qui les perpétuent resse-mblent étrangement à ces hordes sauvages du passé, comme les Huns où les Visigoths par exemple, pour un goût évident pour le carnage, n'est-ce pas? Mais il faudrait rappeler ici, au lecteur, que malheureuse-ment toutes nos civilisations ont commencé par ces faits très marquants voir très sanglants pour les Hommes, ce qu' il ne faut pas se cacher. Et que ce goût irrépressible pour la violence et le sang sont là pour marquer ses contemporains où ces événements allucinants sont comme les preuves de notre retour vers le  passé pour notre monde actuel. Et qu'il est fort possible que nous ayons atteint les limites de notre civilisation européenne où les signes avant coureur pour la France sont ses principes égalitaires (qui sont de couper toutes les têtes qui dépassent, alors qu'elles pourraient bien être celles de nos futurs grands Hommes ou de nos sauveurs!). Bref, en supprimant toute possibilité à l'individu de se réaliser d' après les plans de la nature et de Dieu sachant que la république avait soustrait Dieu et la nature aux Hommes en planifiant leur destin de la naissance à la mort afin qu'ils ne fassent plus de "bêtises" parait-il! 

Et que cette réduction sévère de la liberté pour les plus téméraires et les plus courageux d'entre nous soit comme le symptôme évident de cette explosion de violence dans notre société démocratique qu'on croy-ait parfaite en intégrant la religion chrétienne pour tempérer la Raison fortement dogmatique. Et puis so-yons réaliste, Jésus-Christ malgré son sacrifice et son message d'amour pour tous les Hommes n'a jam-ais pu empêcher les deux guerres mondiales ni la Shoa, n'est-ce pas? Et de là à dire que Jesus-Christ put être un imposteur, je crois que beaucoup était prêt à le croire, non pas seulement les juifs qu'on pouvait bien comprendre, mais tout particulièrement ces islamistes qui avaient réinventé la religion du prophète Mahomet pour reconquérir le monde. Personnellement, j'ai toujours cru en Jésus-Christ, non par une véritable foi, mais seulement pour le respect aux traditions de mes ancêtres. Car j'ai toujours été très obéissant et très fier de me soumettre aux règles des aristocrates, mais jamais à celles des bourgeois qui nous regardaient comme une marchandise économique et non comme des êtres qui avaient une âme et un coeur. L'argent est leur maitre à penser et n'ont jamais eu le moindre respect pour les valeurs liées au courage et au sacrifice des Hommes à leur service, mais seulement à leur exploitation comme une vul-gaire marchandise. Le capitalisme avait atteint me semble-t-il ses limites en ayant soustrait aux Hommes leur valeur humaine en leur donnant un prix et estimé au moindre coût pour le système. Je vous avoue-rai que je n'ai jamais voulu travailler pour ces gens qui m'auraient aussitôt pris pour un esclave ou bien pour un idiot. Alors qu'avec Lord Builtman, c'est tout le contraire et il me traite avec un grand respect, comme un fidèle compagnon qui l'accompagnera jusqu'a sa mort sans le trahir. Bref,  tout le contraire des moeurs rencontrées chez les bourgeois où l'on nous considére comme des robots laveur, nettoyeur, astiqueur en nous interdisant de montrer le moindre signe de vie pendant le service, bref, le rêve bourge-ois de créer l'Homme invisible à leur service qui n'aurait ni yeux ni oreilles pour voir et entendre tout ce qui se passait et se disait à l'intérieur de ces lieux inavouables de la bourgeoisie! C'est dire une hypocri-sie poussée à l'extreme, alors qu'une entente toute naturelle avec les gens de maison aurait pu éviter tout scandale de sortir de ces lieux et éviter toutes polémiques envers leurs moeurs pas si catholiques comme ils le prétendaient. Mais bon, les bourgeois sont des arrivistes qui ont toujours essayé de copier les moe-urs aristocratiques, mais sans y parvenir vraiment. Car une chèvre restera toujours une chèvre et qu'un aigle royal ne s'aventurera jamais dans les terrains boueux de la société, mais volera toujours très haut dans le ciel telle est sa destinée voulue par Dieu et la nature. En général, le bourgeois est pressé de réus-sir et s'accorde peu de temps à la vraie réflexion, sinon à celle de ses intérêts et à l'image qu'il souhaite donner à ses contemporains pour monter qu'il est quelqu'un d'exemplaire, ce qui a vrai dire n'est pas de la vraie reflexion, comme nous l'entendons tous, mais qu'une adaptation à l'environnement économique et médiatique qui bouge tout le temps, il faut le dire.

Bien sûr, vous allez me dire que j'idéalise un peu trop Lord Builtman et qu'il ne serait en vérité qu'un bourgeois déguisé en aristocrate. Mais je peux vous confirmer que cela est absolument faux! Car si les apparences sont souvent trompeuses, sachez bien, mon cher lecteur, que les Anglais n'ont jamais décapi-té leur roi ou leur reine pour des questions intellectuelles ou idéologiques, mais uniquement pour des raisons de haute trahison envers la terre mère, l'Angleterre! Ceci est je pense très important à rappeler à tous nos compatriotes qui se sont perdus, depuis ces temps inqualifiables, non pas dans les limbes de la raison, mais bien dans celle de la folie destructrice. Et je pense sincèrement que mon patron lorsqu'il est devenu riche n'a fait que revêtir ses anciens habits d'aristocrates et non d'arrivistes. Justement pour parler de ces statuts sociaux qu'on accorde aux gens selon leur fortune ou la classe sociale où ils naissent, je trouve la France d'aujourd'hui fort douée dans ce domaine, disons dans son administration, où celle-ci a pratiquement réussi un tour de force en donnant le statut de petits délinquants à toute une génération de maghrébins et de blacks nés pourtant Français! Je plains vraiment ces jeunes gens qui ne pourront jamais effacer cette étiquette( ou étoile jaune) sur leur front et sortir de cette glue institutionnelle. Mais sachant que la France est une société xenophobe et raciste, cela arrange bien ses affaires en garantissant ses emp-lois aux petits blancs, ce qu'il ne faut pas se cacher. J'ai vu hier, dans une émission à la télé que certains de ces jeunes gens se faisaient faire une opération esthétique pour ne plus avoir cette tête d'Arabe qu'il ne supportait plus en condamnant leur avenir au sein de la société occidentale. Quant aux blacks, tous les jours, ils se faisaient faire des séances de blanchissement afin de montrer aux autres les efforts co-lossaux qu'ils faisaient pour s'intégrer! Mon dieu, voilà les tristes résultats de la révolution française qui avaient mené nos concitoyens vers des comportements anormaux et antinaturels. Et de là à s'étonner que certains puissent choisir la voie du terrorisme, il n'y avait qu'un pas, n'est-ce pas? Pour parler d'autre ch-ose et de plus gai, Lord Builtman à l'entrée du manoir à fait poser une plaque où il y avait inscrit la de-vise de la maison : Ici on se cultive et on se réjouit! C'est dire qu'ici on était très loin de la France d' aujourd'hui où l'on se battait à coups de 49-3 à l'assemblée nationale pour avoir raison, Ah!Ah!Ah! Faut dire aussi que Lord Builtman, pour montrer son attachement aux traditions de sa région, n'avait fait que reprendre la devise de la ville de Crawley qui est : I grow and I rejoice( Je prospère et je me réjouis!) qu' il avait un peu modifié pour la faire sienne. Comme vous l'avez sûrement remarqué, mon patron aimait beaucoup se cultiver pour procurer du plaisir à ses hôtes qu'ils invitaient souvent au manoir. Dans sa demeure, on ne parlait jamais d'argent et d'affaires, mais seulement de politique et du comment restaurer le vieil empire britannique que la communauté européenne comptait, bien évidemment, faire capoter!  

En tant que Français, je pourrais prendre ces discutions fort surréalistes, mais pas du tout, car je suis avant tout royaliste. Et la dernière fois, alors que je servais du punch aux invités prestigieux, comme Sir Burton qui siège au parlement, à la chambre des lords, il m'a demande mon avis sur les dernières électio-ns françaises au sujet d'un homme fort jeune qui, sans expérience politique et entreprenale, avait réussi à devenir président de la république française! Je ne vous cacherai pas que tout le monde éclata de rire quand je leur lançai, non sans humour : Mais messieurs, c'est la France qui est le pays de l'éblouissement total comme au siècle des lumières, Ah! Ah! Ah! Mon trait d'humour ne passa pas inaperçu auprès de ces prestigieux invités qui reconnurent en moi une certaine intelligence, ce qu'aucun petit bourgeois n' aurait pu reconnaître sans froisser son arrogance, bien évidemment. Ici chez les nobles tout est transparent et on ne badine jamais avec l'amour de son pays ni avec ses convictions Et si le nouveau président français av-ait réussi à se faire élire, c'était grace à un coup d'esbrouffe et à une erreur politique de son principal adversaire, qui avait employé sa femme comme assistante parlementaire qui ne faisait rien, mais encaiss-ait le salaire juteux de 5000 € par mois! Bref, un fabuleux coup du destin pour notre jeune président qui n'avait aucun programme politique sérieux à proposer aux Français, sinon battre le front national au sec-ond tour, ce qui était a la portée de n'importe quel imbécile, n'est-ce pas? Comprenez-bien, mon cher lecteur, si je ne vous donnais pas le nom du président de la république, c'est parce qu'il en défilait telle-ment en Fance( tous les cinq ans) qu'il était inutile de le faire, n'est-ce pas? Mais bon, si la république française dans les décennies à venir n'avait que ce programme, plutôt léger, pour se maintenir en vie( de battre le front national), je la plaignais amèrement. Il est évident que dans ce foutoir républicain aucun grand homme n'émmergera pour sauver la France et poursuivre son passé glorieux entrepris par ses rois conquérants. C'est vrai, quand je donne mon avis aux invités de Lord Builtman, je n'y vais jamais avec le dos de la cuillère et c'est pour cela qu'on m'aime bien, bref, par mon insolence toute française que les Anglais nous envient souvent. En pensant au retour de la royauté en France, je trouvais cela captivant pour en finir avec les imposteurs, Ah!Ah!Ah! Et avec l'aide des Anglais, une chose fort possible pour les siècles à venir, n'est-ce pas? Entre nous, mes amis, ne vous manque-t-il pas ce besoin d'admirer d'llustres grands hommes au lieu des fantoches d'aujourd'hui? Car ces fantoches ne sont que des images fabriquées par les médias et le cinéma pour faire rêver la masse des imbéciles en ayant aucune existence réelle, sinon qu'une fiction inventée pour palier à ce manque cruel d'admirer de vrais grands hommes, n'est-ce pas? Je pense que vous serez d'accord sur mon analyse, mes amis, car n'avez vous pas ressenti comme moi, devant votre petit écran, un profond dégoût de voir ces gens accaparer la scène politique, artistique, intellectuelle, alors qu'ils n'étaient que des images ou des postures inventées par notre civilisation en déclin?

Il me semble bien que les désirs de Lord Builtman et de ses prestigieux invités de vouloir restaurer le vi-eil empire britannique arrive à point nommé pour contrebalancer cette fâcheuse tendance au mensonge généralisé. Et puis regardez autour de vous et que voyez vous en Turquie, en Chine, en Allemagne, en Russie sinon le retour des empires? Et quand vous regardez la communauté européenne ne voyez-vous pas la prédominance économique de l'Allemagne où toute l'Europe est obligée de se prosterner sinon un coup de ciseaux dans leurs subventions? N'est-ce pas une preuve du retour de l'empire allemand dans le monde d'aujourd'hui qui effraye même les américains d'après les dernières infos? Serait-ce pour eux une façon de se venger de leur défaite historique durant la deuxième guerre mondiale? En fait, je crois que nous en sommes pas loin, mais qu'ils n'avoueront jamais à la tribune du parlement européen par stratég-ie, bien évidemment. Quand je pense à ce retour imminent des empires, j'ai du mal à penser à l'avenir de la France, sinon qu'elle sera une colonie chinoise( en ayant vendu ses meilleurs vignobles et ses ports de commerces) et un centre touristique pour les étrangers. Et je me dis alors : Pauvre France! quand je pen-se à tous mes illustres ancêtres qui avaient bâti le plus puissant royaume d'Europe! Et je sais de quoi je parle en tant que domestique des grands où la France deviendra malheureusement, comme je le crois, la domestique des puissants! Un chose importante à vous dire, mon cher lecteur, c'est que dans ce manoir où des gens compétents et sérieux s'entretiennent, il n'y règne aucun esprit complotiste contre la reine ou contre le pouvoir, car les britanniques ont toujours été unionistes et non révolutionnaires comme les Français afin de sauvegarder les intérêts de la couronne. C'est dire la grande différence qu'ils ont avec nous et ne sont pas prêts à jeter le bébé avec l'eau du bain, n'est-ce pas? Ici en Angleterre, nous avons encore les pieds sur Terre, bref, toujours reliés sur le sol de nos ancêtres prestigieux, mais aussi au ciel grace à la croyance en un Dieu protecteur où nous n'avons jamais cru à l'intellectualisme des idées, comme les Français qui les avait mené très loin de la réalité et surtout loin de leurs intérêts. Ici au ma-noir tout est stable, sauf les meubles qui se déplacent de quelques centimètres par an pour des raisons in-expliquées. Au début, je croyais que c'étaient les invités de Lord Builtman qui les déplaçaient pour pou-voir faire des parties de cartes ou bien des parties de mini-golf dans le salon, comme on le voit aujourd' hui dans les maisons modernes. Mais quand je constatais que les armoires victoriennes avaient elles au-ssi ce défaut, je dus revoir ma copie et en conclure qu'il y avait des choses mystérieuses qui se passaient dans le manoir!

Sans parler du grenier que Lord Builtman me refusait toujours de dépoussiérer pour une raison inconn-ue, j'y voyais alors comme un mystère à résoudre avec toute la discretion d'un majordome, bien entendu. Voyez-vous, quand vous regardiez les choses au niveau de la domesticité, c'est fou comme les choses devenaient claires à vos yeux et vous permettaient de connaître la nature des relations que vos maitres voulaient bien vous accorder. Et entre la bourgeoisie et la noblesse, comme je vous le disais précedem-ment, il n'y avait pas photo et je n'y reviendrai pas. Quand je regardais la France sous l'angle de la dome-sticité, on se demandait qui servait les uns et les autres? Bref, les élites servaient-elles le peuple ou bien était-ce le contraire, comme il nous semblait assister? Pourtant au début de la constitution républicaine la chose était claire, c'était aux élites de servir le peuple et non le contraire. Je me posais cette étrange question quand j'observais à travers nos médias l'appauvrissement généralisé de mes compatriotes, alors que leurs élites semblaient prendre du gras! Le retournement des choses avait-il eu lieu en France où l'on assisterait "au peuple servant désormais les élites" et faire le constat désolant que le peuple s'était fait berner au cours de son Histoire par leur élites pour parler grossièrement? Bien évidemment, c'est une chose qu'on ne pouvait que déplorer pour les grands naïfs que sont les Français, n'est-ce pas? En fait, je crois, si la France avait atteint le fond du trou, c'est parce qu'elle avait choisi depuis 1789 l'hypocrisie et non la vérité comme destin. Bref, l'intellectualisme au service du grand rêve réalisant la liberté et l'égali-té en même temps, ce qui était du domaine de l'illusion, ne nous le cachons pas, mon cher lecteur. App-aremment, c'était toujours le même débat qui agitait la scène intellectuelle française, alors que nos pra-gmatiques penseurs Anglo-Saxons exploraient le réel pour mieux le connaître et l'exploiter et non com-me une nébuleuse de la pensée comme les Français aimaient s'y plonger. Bref, c'était l'éternel débat entre Voltaire et Rousseau ou si vous voulez entre l'hypocrisie et la vérité dont les frictions étaient toujours vivaces au sein de la société française où le mensonge intellectuel vous donnait l'illusion d'être grand et la vérité, la preuve de votre honnêteté intellectuelle envers le public afin de ne pas le tromper. Personne-llement, j'ai toujours préféré un salaud qui nous l'avouait qu'un salaud qui se faisait passer pour un sai-nt. Apparemment, Voltaire était une crapule intellectuelle et Rousseau un monstre qui ne se le cachait pas. Mais pour moi, l'homme qui nous avouait qu'il était un monstre avait toute ma sympathie, car il nous dévolait son humanité, alors qu'un monstre qui se cachait derrière un homme vertueux avait toute ma répulsion. C'est ni plus ni moins le drame auquel nous assistions en France où nos intellectuels étai-ent incapables de résoudre le dénouement parce que pour eux Voltaire était un grand homme et Rou-sseau un frileux qui n'était pas Français, mais Suisse. C'était aussi un drame pour la littérature française, qui ne s'exportait plus, mais tournait en rond dans l'hexagone faute de savoir déchiffrer la nouvelle vé-rité du monde!

Et les seuls livres qui avaient du succès auprès de mes compatriotes étaient ceux qui décrivaient leur mal être ou du comment sortir du burn out ou du comment sortir du manque de libido ou du comment tonif- ier son pouvoir sexuel pour ceux qui avaient encore des érections, Ah!Ah!Ah! Bref, la France ne bandait plus parce qu'elle avait perdu le goût de vivre en ne voyant plus son avenir. Et que ces livres étaient éc-rits en grande partie par la littérature Anglo-Savonne très pragmatique en affaire, ne nous le cachons pas. Mais changeons de sujet, mon ami, car on pourrait croire que je hais Voltaire et la France, ce qui n'est pas le cas, mais seulement ses élites intellectuelles. Et si je l'ai quittée, il y a 10 ans, c'est seulement pour pouvoir sortir la tête hors de l'eau et reprendre goût à la vie!

Au manoir seule l'aile gauche du bâtiment est habitée et c'est Lord Builtman qui l'avait décidé par souci d'économie de chauffage, mais aussi pour ne pas devoir meubler des lieux où il n'y vivait personne. Br-ef, du grand pragmatisme à l'anglaise! Mes lieux de vie se trouvent au rez-de-chaussée pour que je puis-se surveiller les allées et venues dans le parc ainsi que de réceptionner les invités habituels ou surprises, ce qui fait aussi partie de mes fonctions de majordome. Ces lieux de vie, comme j'aime les appeler( car je les quitte guère durant la journée) sont à vrai dire d'une dimension assez importante et sont constitués, non pas d'une loge pour domestique, mais d'un confortable appartement meublé avec simplicité, d'une buanderie équipée de deux machines à laver et de deux séchoirs à linge en cas ou l'une tomberait en pa-nne, d'une table à repasser avec un fer a vapeur que je trouve très pratique pour déplisser les chemises, vestes et pantalons de mon maitre, Lord Builtman. Et personnellement, je tiens à ce que tout soit parfait et passe souvent des heures a repasser ses chemises afin d'éliminer tout plis disgracieux, mais sans aller au delà des limites. Car comme toute bonne ménagère le sait, un repassage excessif avait le défaut de les user prématurément, ce qu'on pourrait bien me reprocher. Alors, j'y vais souvent avec toute la prudence du monde et ne fais jamais deux choses à la fois, comme les femmes qui sont souvent au four et au mo-ulin si l'on peut dire, Ah!Ah!Ah! Et c'est une fois le petit déjeuner préparé et servit à Lord Builtman dans sa chambre au 4 ème étage( sans ascenseur) que je m'attèle aux taches ménagères qui sont très nombreu-ses dans le vaste manoir. Bien que j'aie toujours voulu commencer par les étages supérieurs par souci d' éfficacité, comme pour déposer la saleté où la poussière au-rez-de-chaussée pour la ramasser, Lord Builtman me l'a toujours interdit. Alors, je commençe par le bas, le temps qu'il ait fini son petit déjeuner pour ensuite remonter lui apporter son costume, ses chaussures et l'aider à s'habiller comme il était con-venu dans mon contrat de majordome, bref, un soin pour lui que j'ai toujours pris avec grand plaisir. Bien sûr, vous qui êtes un moderne et apparemment libre, vous allez me dire que je suis un idiot ou un arriéré pour me rabaisser ainsi, comme si je n'avais pas suivi l'évolution de la société et de ses moeurs? Mais sachez reconnaître que pour 50000 livres par an, cela n'est-il pas largement justifié? Et puis vous qui vous croyez libre, alors que vous l'êtes pas, admettez que votre soumission à un chef et non pas des plus sympatiques est peut-être pire que la mienne, n'est-ce pas? En fait, je crois que vous vous trompez vous même sur votre soi-disant liberté, car toute votre journée est occupée à un travail ingrat qui ne vo-us apporte plus aucun plaisir, mais qu'un maigre salaire, Ah!Ah!Ah!

Alors pourquoi rire à mon égard( vous qui êtes soumis à la dure loi des travailleurs issue du 19 ème siè- cle, bref, au machinisme abêtissant) et moi qui ne fais que suivre les pas de mes ancêtres auprès des gra-nds monarques? Personnellement, je crois que nous ne vivons pas dans le même monde et je pense sinc-èrement que vous vous trouvez du mauvais coté de la barrière, h!Ah!Ah! Car j'ai toujours autant de pla-isir à servir Lord Builtman, qui m'apporte en vérité beaucoup de choses grâce au temps libre qu'il m'acc-orde pendant son absence. Comme à son immense bibliothèque qui me permet de me cultiver selon la  devise du manoir : Ici on se cultive et on se réjouit! et je  peux aussi regarder la télé comme il me plait et m'informer sur l'état du monde. En fait, j'ai compris en lisant les oeuvres de nos plus grands philosophes en suivant l'actualité que la paix n'était pas une vertu produite par notre soi-disant parfaite démocratie, mais parce que tout le monde était occupé à travailler pendant la journée et donc n'avait pas le temps de comploter contre les autres, Ah!Ah!Ah! Oui, je sais une rude remise en question de nos grands concepts démocratiques, mais une réalité évidente, n'est-ce pas? Et que la paix dans le monde n'était pas une que-stion idéologique, comme on aurait pu le croire, mais une question pratique afin de rétablir la paix dans le monde. Car on remarquait souvent que ceux qui déclenchaient les guerres étaient pour la plupart ceux qui ne travaillaient pas, comme les hommes politiques, les militaires, les prédicateurs religieux et les in-tellectuels. Quant aux grands hommes, ils assuraient à l'humanité ni plus ni moins la paix durant plusi-eurs siècles voir un bon millénaire. Mais je vais m'y pencher plus sérieusement dans les années à venir afin d'affiner mes recherches sachant qu'ici au manoir une heure durait un mois et au dehors quelques secondes! J'avais parfois l'impression que le temps s'était arrêté dans ces lieux en croyant avoir toujours 20 ans. Mais c'était fou de se sentir éternerllement jeune! On disait souvent qu'en vieillissant le temps passait plus vte, alors qu'ici au manoir, c'était tout le contraire où l'on rajeunissait en vieillissant. Bref, c'était un mystère qu'il me faudrait élucider un jour ainsi que tous les autres si complexes. Dans l'aile droite du manoir, Lord Builtman a fait installer une salle de sport avec tous ces instruments de tortures que vous devez tous connaitre, mes chers amis sportifs. Car mon maître est une force de la nature et tient absolument à se tenir en forme aussi bien pour ses affaires que dans ses loisirs où dans cette partie inhabitée, il organise régulièrement des courses à travers le dedale du manoir où, il faut le dire, tous les coups sont permis. Je sais vous allez me dire encore un jeu pervers des aristocrates! Oui, mais bon, tous les participants avant de s'y lancer doivent signer une décharge en cas d'accident mortel pour éviter à Lo-rd Builtman toute responsabilité criminelle, ce qui je pense est sans hypocrisie, n'est-ce pas?

Dans ce jeu extravagant, je suis celui qui donne le coup d'envoi ainsi que le témoin du vainqueur et celui qui leur apporte les rembourrages( gants, genouillères etc) necessaires à ce sport à haut risque où tous les coups sont permis, quant à faire tribucher son adversaire dans les escaliers ou bien dans les couloirs pour l'égarer et le faire perdre. Mon patron a beaucoup d'imaginaton, n'est-ce pas, en matiere de jeu? Et je pense que c'était sa façon à lui de recruter ses meilleurs éléments ou gens de confiance pour son busi-ness, ce que nous pouvons qu'apprécier l'éfficacité, n'est-ce pas? Tenez, la semaine dernière, au cours d' une de ces poursuites infernales à travers le dédale du manoir, nous avons eu un mort! Celui-ci avait apparemment confondu une porte avec une fenêtre d'où il s'était précipitée. Le grand malheur dans cette histoire, c'est que le vilain dans sa chute avait écrasé mes plus beaux rosiers et de sucroit mes roses du Bengal! Et j'ai mis un temps fou pour leur redonner leur ancienne allure élégante et aristocratique telle-ment ce malotru les avait ratatiné. Il serait important de dite aussi, au lecteur médusé, que Lord Builtm-an pour pimenter le jeu avait creé des pièges pour éliminer ses plus rudes adversaires (mais que ceci soit entre nous) et que ces derniers auraient dû le savoir tellement il destestait les faibles. Forcément, c'était toujours lui qui gagnait même s'il avait quelques equimoses sur son visage et les bras à son retour. Qua-nt à ses adversaires, ils  rentraient souvent dans un état pitoyable au point de devoir les soigner moi-même dans la cuisine. Une fois, au cours d'une de ces courses très musclées, nous perdîmes deux parti-cipants sans savoir où ils avaient disparu! Lord Builtman et nous autres, nous les avions attendu pendant des heures, puis étions partis à leur recherche, mais sans avoir obtenu de resultat. Nous avions tous eu l'impression que le manoir les avait englouti comme une plante carnivore! Et suite à cette disparition bien étrange, nous avions eu la visite de Scotland Yard au manoir. Mais lord Builtman se défendit très bien en leur présentant les décharges écrites par ces derniers où ils avaient signé leur responsabilité en cas de malheur. Mais cela n'avait aucunement empeché les deux inspecteurs de faire leur recherche à l' intérieur du manoir où je les avais conduit avec toute la courtoisie qui m'imcombait. Mais après avoir visité toute l'aile droite du manoir et taper contre les murs pour voir s'il n'y avait pas de parois creuses et placé des écouteurs sur les murs pendant des jours et des nuits pour ecouter de possibles appels au sec-ours ou bruits étranges, les résultats furent décevants. Mais ne sachant pas comment m'en débarasser, je leur avais dit sans mentir que ces deux personnes n'étaient pas des Lords, mais des ambitieux qui aurai-ent pu pretexter leur participation pour disparraitre tout simplement de la circulation? Les deux polici-ers, dont je me souviens plus les noms, avaient aussitôt tendu l'oreille à mes spéculations fort crédibl-es et étaient repartis l'air plutôt satisfait de ma déduction pour conduire leur enquête vers un possible détournement de fonds par nos deux lascars, ce qui nous arrangeait bien, moi et Lord Builtman qui ne surpportions plus d'avoir la police sur le dos pendant toute la journée. Ainsi le calme regagna le manoir pour le bonheur et la tranquillité de ses habitants.

Et puis à voir Lord Builtman manger avec grand appêtit, cette double disparition ne semblait pas du tout l'angoisser. Quelques jours plus tard, à ma grande surprise, en nettoyant sous le buffet Victorien, j'ai tro-uvé une pièce d'or sur laquelle était gravé le manoir de Crawley ainsi que les mots" for ever". Ce qui me destabilisa un peu pour ne rien vous cacher en prenant bizarrement cette devise à titre personnelle. Car il faut vous avouer, mon cher lecteur, en tant que domestique, mon enfance fut bien sec en matière d'am-our maternel, mais plutôt chargée de privations où voir briller soudainement un "for ever" sous mes ye-ux ébranla quelque peu ma cervelle ainsi que ma conscience! Etant d'une honnêteté exemplaire, j'en ai parle bien évidemment à Lord Builtman, qui m'a dit (non sans un air ironique) que je pouvais la garder puisque le manoir voulait semble-t-il récompenser mon total dévouement pour lui! Mais ne voulant lui causer aucun désagrément, je n'ai pas pu refuser un tel cadeau malgré son explication bien mystèrieuse où il semblait parler du manoir comme d'une personne, bref, comme d'un être vivant! Et puis en tant que majordome, dont le grand souci était de ne faire qu'un avec la demeure de son maître ou si vous voulez de faire partie des murs, cela me conforta en rehaussant mon estime au sein du manoir. Sans oublier de vous dire que je n'ai jamais cru aux maisons hantées ni aux fantômes dont le roman fantastique du 19 ème siècle avait exploité grotesquement le filon pour faire peur aux enfants ainsi qu'aux promoteurs im-mobliers, Ah!Ah!Ah! Car comprenez-bien, en tant que majordome, qu'il me serait alors impossible d'ex-ecer mon metier, n'est-ce pas? Et puis imaginez, mon cher lecteur, un boucher qui aurait peur du sang ou bien un sauveteur en mer qui aurait peur de l'eau, cela ne pouvait pas se concevoir, bien évidemment. En fait, je n'ai jamais compris les gens qui aimaient se faire peur en lisant des histoires farfelues dans les romans, Ah!Ah!Ah! Il parait même que Mary Shelley, la créatrice de Frankenstein, avait écrit son roman parce qu'elle voulait se faire peur dans la vie! Décidément, des gens qui avaient bien le temps de s'enn-uyer dans la vie, bref, tout le contraire des domestiques dont le travail ne manquait jamais pour satisfaire les désirs de leurs maîtres, n'est-ce pas? Par la découverte de cette pièce d'or, j'avais le sentiment que le manoir renfermait un trésor qui me faisait douter un peu sur l'origine de la fortune de Lord Builtman soi-disant acquise par la technologie numérique! Ce qui me rappelait une jolie histoire que j'avais lue dans le journal où un jeune couple avait acheté une vieille bijouterie tenue par un vieux célibataire qui était décédé. Et suite à des travaux de rénovation, il avait eu l'heureuse surprise de découvrir derrière une cloison, un tas de lingots d'or! Décidément quel début fabuleux pour un jeune couple sans le sou, n' est-ce pas?

En parlant de cette façon si légère, je ne voulais pas bien évidemment égratiner l'mage de mon maître do-nt la fortune avait servi à redorer son blason d'aristocrate, bref, à retrouver ses titres de noblesse que sa famille avait perdu semble-t-il sous le règne d'Henry 8 dit le cruel pour des raisons que j'ignore totalem-ent! Mais que j'espère bien un jour connaître grâce à sa prodigieuse biblihothèque ou peut-être dans son grenier qu'il m'a toujours interdit de dépoussièrer et disons-le d'y mettre les pieds! Quant aux maisons hantées, je voudrais apporter une petite précision à mon lecteur pour lui dire que je n'ai jamais trouvé incongrue qu'une maison ait une âme laissée par leurs habitants respectifs et tout particulièrement par les âmes fortes qui avaient toujours des comptes à régler avec les hommes, n'est-ce pas? Et si Lord Builtman voulait semble-t-il nourrir le manoir par des êtres humains, grâce aux jeux qu'il organisait dans l'aile dr-oite, ça avait tout l'air d'un marché diabolique avec ce dernier afin qu'il inscrive dans son grand livre de nouveaux personnages! J'avais le sentiment que chaque jour le manoir de Crawley enregistrait le moinde événement qui se passait dans les lieux, comme pour continuer à vivre malgré les siècles qu'il avait trav-ersé. Ce que je pouvais entièrement comprendre en tant que domestique dont la demeure venait de lui adresser un message d'amour à travers une pièce d'or! A l'évidence, j'avais été intronisé pour faire partie désormais des murs ou des meubles, c'est du tout comme. Avec l'idée, plus ou moins effrayante, que je n'aurai plus de vie privée à moi, sinon à l'extérieur, parce qu'il aurait accès à toutes mes pensées comme dans un livre ouvert! Ce qui à vrai dire ne me dérangeait aucunement puisque je n'ai jamais eu de vie pr-ivée en tant que domestique ni en tant que célibataire, Ah!Ah!Ah! Et puis ne nous le cachons pas, cela me réjouissait plutôt de savoir qu'un être fantômatique s'interessât à ma petite personne souvent méprisée par la plupart de mes contemporains, il faut le dire! Visiblement, Lord Builtman avait parfaitement cerné la personnalité de son manoir dont le désir était de se cultiver et de se réjouir à tout prix, Ah!Ah!Ah! De toute évidence, le manoir ressemblait à un bon diable qui aimait bien s'amuser avec les vivants, Ah!Ah!Ah! Après cette longue liste de choses paranormales, il me semblait nécessaire d'aller visiter dans les pro-chains jours son grenier afin de savoir qui était cette femme et cet enfant immortalisés dans un cadre ph-oto posé à côté d'un grand livre mystérieux et poussièreux! J'espèrais seulement que le manoir ne s'y op-poserait pas afin que je puisse connaître la vérité! Et puis, en tant que personnel de la maison, j'avais toute la légitimité pour la connaître sachant qu'elle ne sortirait jamais de la demeure tel était le contrat que j'avais semble-t-il signé avec le manoir de Crawley! Bizarrement, ces moments de reflexions surve-naient souvent quand je repassais le linge de Lord Builtman ainsi que ses journaux pour qu'il puisse les lire sans plis disgrâcieux. En fait, j'avais le sentiment que de repasser quelque chose avait un point com-mun avec la pensée où penser revenait en fait à repasser les idées dans sa tête pour les mettre droites ou si vous voulez à faire le ménage dans sa tête, Ah!Ah!Ah!

C'est bizarre ce que je racontais là, mais chez moi ça marchait comme ça et que la méditation ne m'était pas étrangère lors de mes tâches ménagères! Avec l'intime conviction qu'en chaque domestique sommeill-ait un philosophe, mais que la plupart des intellectuels refusait de reconnaitre en les considérant comme des hommes ou des femmes qui avaient choisi la servitude et non la liberté! Ce qui était en partie vrai, mais en ignorant que ces gens de maisons avaient choisi de servir les autres en leur âme et conscience, bref, là où il ne se trouvait aucun conflit existentiel, n'est-ce pas, mon cher lecteur? En fait, je crois que ce qui manquait cruellement aux intellectuels, c'était de faire le ménage dans leurs têtes où règnait un grand désordre, Ah!Ah!Ah! Bref, depuis que le manoir avait pris possession de mon âme, je me sentais beaucoup moins seul et disons-le plutôt de bonne humeur, comme si sa devise : Ici on se cultive et on se réjouit était devenue mienne. De plus, j'ai remarqué depuis la découverte de cette pièce d'or que les meu-bles ne se déplaçaient plus comme avant et que les horloges du manoir donnait désormais l'heure exacte, ce qui était pour moi une excellente nouvelle sachant que je me cassais souvent le dos pour repousser les meubles et remettre les aiguilles à la bonne position en montant sur des escabeaux. Ah enfin du temps libre pour se cultiver et se réjouir! telle était semble-t-il la volonté du manoir de Crawley pour alléger mes tâches quotidiennes!" Quand Eric entendit la sonnette de service retentir, il arrêta aussitôt sa profon-de méditation et reposa le fer à repasser sur son socle. En levant la tête sur le tableau indicateur, il s'ap-erçut que l'appel venait du grand salon où semble-t-il Lord Builtman avait quelque chose à lui demander. Aussitôt, il réajusta son veston, lissa ses cheveux devant une glace, puis partit en direction du grand salon avec toute l'attention qu'on attendait de lui. Arrivé rapidement sur les lieux, il fut surpris de voir son maî-tre comme agité par d'étranges interrogations au point de tourner en rond au milieu du salon comme un lion en cage!  Puis remarquant soudainement sa présence, il lui dit avec feu : Ah, mon cher Eric, vous vo-ilà! Si je vous ai appelé, c'est parce que je comptais la semaine prochaine recevoir mes enfants! Oui, sir et que puis-je faire pour vous aider? lui demanda-t-il avec plein de vénération pour son maître. Bien, je vo-udrais que vous déscendiez du grenier les portraits de mes ancêtres afin que mes enfants les voient dès qu'ils entreront dans le manoir. Oui, bien sûr, mais où voulez vous que je les accroche, sir? lui demanda-t-il pour des raisons pratiques afin de répondre aux désirs de son maître. Je pense que dans le grand cou-loir d'entrée serait parfait afin qu'ils sâchent de qui ils tiennent, ces incapables! lâcha brutalement Lord Builtman alors qu'Eric ne s'y attendait pas. Mais par éthique professionnelle, il ne montra sur son visage aucun affect et lui dit : Si vous le dites, sir, ça doit être forcément vrai!

Je vous remercie beaucoup mon cher Eric pour votre franchise. Car beaucoup de gens et particulièment leur mère me prennent pour un fou, alors que je suis d'une parfaite lucidité! Cela ne fait aucun doute pour moi, sir, ajouta Eric, ce qui fit un grand plaisir à Lord Builtman d'avoir trouvé un majordome si in-telligent et si compréhensif. Heu, pour la pose des portraits, ne vous tracassez pas outre mesure et allez à Crawley chez Frame and portrait pour le matériel nécessaire et demander leur des conseils. Ce qui le rass-ura aussitôt en devinant necessairement un repas de reception pour les enfants. Et pour le repas? deman-da-t-il en le regardant non sans inquiètude. Ah oui, pour le repas, j'aimerais que vous fassiez des spéciali-tés françaises afin que mes enfants changent leurs horribles habitudes d'ingurgiter à longueur de journée des pizzas et des fish and chips, Ah!Ah!Ah! ria-t-il d'une manière incontrôlée. Il est vrai que c'est la tenda-nce actuelle de manger à la va-vite et que les jeunes semblent avoir une aversion pour faire la cuisine et préfèrer le tout cuit! dit Eric en devinant les pensées de son maître. Oh oui, vous le dites bien et tout par-ticulièrement pour mes enfants qui ne sont plus vraiment des enfants, mais qui ont pris la mauvaise habi-tude que tout leur tombe rôti dans la bouche! lâcha brutalement Lord Builtman avec la ferme intention que tout cela change. En regardant son maître jeter des flammes à travers son regard, il avait le pressenti-ment que ce futur repas de retrouvailles sentait comme le roussi; mais ne s'en inquiètait guère sachant que le maître de la maison faisait ce qu'il voulait dans sa demeure, n'est-ce pas? Tenez, voilà la clef du grenier! dit-il en la sortant de la poche de sa veste. Et surtout ne touchez à rien d'autre, n'est-ce pas? Ayez toute ma confiance, sir, je ne toucherai à rien et surtout pas à la poussière! répondit-il comme soumis prochainement aux douze travaux d'Hercule. Quant au repas, ajouta Lord Builtman, comptez sept perso-nnes et je vous laisse l'entière liberté sur sa composition avec une petite préférence pour un bon pot au feu et un lapin chasseur dont je raffole! Je vois que sir a de très bon goûts en matière culinaire et je peux lui assurer que ses désirs seront exhaussés! Mais je n'en doute pas, mon cher Eric, en connaissant très bi-en vos talents de cuisinier! lâcha-t-il comme un compliment avant de reprendre le cours de ses affaires. Je vous remercie beaucoup sir et j'espère bien ne pas vous décevoir ainsi que vos enfants! Mais ne vous sou-ciez pas pour mes enfants, qui sont tous des incapables, et faites la cuisine comme si vous la faisiez pour un Roi, Ah!Ah!Ah! lâcha Lord Builtman en partant dans un grand éclat de rire. Plus ou moins assommé par tout ce qu'il venait d'entendre, il avait le sentiment que ses intentions d'aller visiter le grenier dans les prochains jours avaient été comme entendues par le manoir, ce qui le rassura en regagnant avec bonne hu-meur sa loge où l'attendait une semaine pleine de rebondissements!

Avant de s'occuper du service du soir, Eric consulta ses fiche-recettes que sa grand-mère lui avait légué, comme héritage, durant sa jeunesse où elle lui avait appris à faire de la bonne cuisine. Car quelque peu délaissé par ses parents, qui étaient ouvriers viticoles dans la région du Bordelais, il avait trouvé du réc-onfort auprès de cette grand-mère qui avait servi les plus grandes tables de l'aristocratie Bordelaise dont les familles avaient pratiqué la traite négrière durant le 18 et le 19 ème siècle, ce qu'il faut souligner! C'est dire qu'elle en connaissait un rayon dans le domaine gastronomique! songeait-il en feuilletant ce ca-hier de recettes qui avait pour lui une grande valeur sentimentale ainsi qu'un outil formidable pour sati-sfaire tous les désirs de son maître. Il faut dire à notre cher lecteur, qu'étant né à Bordeaux, qui avait une longue tradition avec l'Angleterre pour ses vins et ses produits du terroir, mes goûts pour les moeurs anglaises ainsi que pour son humour noir m'étaient tout à fait naturels. Et que de suivre les pas de ma grand-mère fut pour moi comme une vocation pour ne pas me paraphraser! Ainsi en m'exilant en Angl-eterre, il me semblait avoir réalisé mes rêves d'être moi-même! Et que de quitter mon pays, où la répu-blique avait anéanti toutes ses traditions séculaires, fut la meilleur décision de ma vie, malgré un temps souvent pluvieux sur les iles Britanniques." En retrouvant sur ses fiches, les recettes du pot au feu et du lapin chasseur, il avait l'étrange impression que tout cela ressemblait à une déclaration de guerre de Lord Builtman faite à ses enfants! Qui d'après lui, étaient tous des incapables, ce que je ne pouvais douter un seul instant vu sa lucidité sur les affaires humaines où visiblement ils vivaient tous à ses crochets! De to-ute façon, comme il était mon maître, il était hors de question pour moi d'avoir un autre avis que le sien. Ce qui me facilitait beaucoup l'existence au sein du manoir où l'âme de celui-ci semblait se réjouir de ce diner de retrouvailles où il comptait peut-être dévorer les enfants de Lord Builtman, Ah!Ah!Ah! Oh veu-illez excuser, mon cher lecteur, mon odieux humour noir, mais j'avais le sentiment que le manoir voulût nous raconter à sa façon, l'histoire du petit poucet en jouant le rôle de l'ogre avec le consentement de Lord Builtman, bien évidemment, Ah!Ah!Ah! On saisissait bien que ce cahier de recettes avait été conçu avec amour par sa grand-mère où il était indiqué sous chacune d'elle, les vins qui se mariaient bien avec où un Saint-Joseph était conseillé pour le pot au feu et un Rully pour le lapin chasseur. Et pour le desse-rt, des poires martin cuites dans un sirop accompangées d'une crème anglaise parfumée à la vanille ferait le bonheur des convives et un sorbet à l'orange conviendrait parfaitement après le lapin chasseur! Décidé-ment que de choses merveilleuses dans ce cahier qu'il avait hérité de sa grand-mère afin de servir les gra-ndes tables! s'écrait-il intérieurement avec le sourire aux lèvres. Bref, un héritage culinaire français que la république n'avait pas pu anéantir, car immortel et hors du temps! savourait-il en le tenant entre ses mains comme un objet sacré ou un merveilleux livre de contes qui comblerait l'appétit de tous les hommes!

Chaque plat avait été réalisé pour quatre personnes de corpulence normale, cela s'entend, et calcula assez facilement les quantités pour satisfaire l'estomac de 7 personnes et tout particulièrement l'appetit vorace des enfants de Lord Builtman, Ah!Ah!Ah! Bref, je pense que 2 kilos de boeuf devraient suffire pour le pot au feu et 2 gros lapins d'1,5 kilos pour le lapin chasseur! estimait-il en le notant sur un petit carnet afin de s'en rappeler. Quant aux légumes, les quantités seraient du même ordre, car tout le monde les aime et tout particulièrement en automne où l'on aime croquer dans un navet bien chaud comme pour se rechau-ffer, n'est-ce pas? Pour le lapin chasseur, je pense que je vais l'accompagner avec du riz pour éviter l'effet bourratif des pommes de terre du pot au feu, hum, hum! notait-il tout cela avec précision sur son petit carnet à la tranche vert choux. Alors qu'il était plongé dans ses savants calculs de bouche, soudainement le téléphone retentit dans sa loge : Dring! Dring! Mais qui donc peut bien m'appeler à cette heure-ci? se demandait-il en revenant à la réalité. Quand il décrocha, il entendit avec étonnement la voix de Lord Bui-ltman qu'il venait tout juste de quitter. Oui, mon cher Eric, j'avais oublié de vous dire pour le repas de jeudi prochain avec mes enfants que vous ne les servirez pas, mais que vous poserez les plats sur la table où ils seront assez grands pour se servir tout seul! dit Lord Builtman avec un air éffronté. Oui, d'accord, sir, mais voulez-vous que je mette quant même des assiettes et des fourchettes? lui demanda-t-il curieus-ement vue la tournure des évènements. Oui, oui, mettez-en et les plus simples que vous ayez à votre disp-ostition. Vous voulez dire, les assiettes blanches qui sont sans décorations, sir? précisa-t-il en devinant les pensées de son maître. OuI, oui, ça sera parfait pour ces incapables! répéta à nouveau Lord Builtman au téléphone. Même si certaines sont échancrées? ajouta-t-il. Oui, oui, afin qu'ils comprennent que la be-lle vie est désormais terminée avec moi, Ah!Ah!Ah! ria Lord Builtman. D'accord, sir, tout sera fait selon votre volonté et sachez que je m'y plierai afin que ce repas soit l'aboutissement de vos rêves! dit Eric afin de faire plaisir à son maître. Merci, mon cher Eric, où apparemment vous êtes le seul dans ce monde à me comprendre! lâcha-t-il comme une confession à son majordome. Mais Lord Builtman comprenez-bien que je suis à vos ordres pour la vie! dit Eric comme un écuiller à son chevalier. Pendant un instant, il y eut un grand silence au téléphone où tous les deux semblaient ressentir l'un pour l'autre un grand respect comme surgissant d'un monde oublié. Soyez-en chaleureusement remercié, mon cher Eric! lâcha avec émotion Lord Builtman avant de raccrocher le téléphone. Avec tout ce qu'il venait de me dire, je prévov-ais un jeu de massacre autour de la table où les uns se serviraient dans les plats sans penser à leurs voisins de table et que ceux qui auraient une assiette échancrée criraient alors à l'injustice, Ah!Ah!Ah! Mais à ce propos, je faisais une entière confiance à mon maître qui savait exactement ce qu'il voulait obtenir, n'est-ce pas? Et puis sachant qu'un père de famille avait le droit de vie ou de mort sur ses enfants, puisqu'il le-ur avait donné la vie, je ne voyais aucun problème qu'il en fit ce que bon lui semblait! Comme Lord Buil-tman avait quatre garçons et une fille et qu'il comptait inviter sept personnes pour le dîner de jeudi proc-hain,je me demandais bien qui pouvait être cette septième personne ou invité surprise : un joyeux drille, un procureur ou peut-être l'incarnation en chair et en os du manoir? En fait, je n'en savais rien, mais j'ét-ais vraiment très curieux de savoir quelle tête il avait, Ah!Ah!Ah! Quant à son maître et à son invité sur-prise, il comptait leur donner les plus beaux couverts de la maison, pensait-il, en se dirigeant vers le buff-et afin de faire son choix. Dès qu'il l'ouvrit, il eut l'heureuse surprise de découvrir deux belles assiettes sortant du lot sur lesquelles étaient représentées le manoir de Crawley ainsi que sa célèbre devise : I grow and I rejoice. Décidément, tout semblait s'emboiter à merveille dans ce monde, pensait-il avec enthousia-sme en tant que majordome dont les tâches ménagères s'allègaient de jour en jour! Où visiblement le manoir de Crawley ressemblait de plus en plus à un petit paradis! saisissait-il avant d'aller se coucher!

Le lendemain matin

Cette nuit, il y a eu un si violent orage que j'ai eu peur pour mes parterres de fleurs ainsi que pour mes rosiers du Bengal! Sans parler des vitres battues et salies par la pluie qu'il me faudrait à nouveau nettoyer pour honorer ma place de majordome au sein du manoir. Et comme il fallait s'y attendre, après la prépar-ation du petit déjeuner de Lord Builtman, j'ai du m'atteler à toutes ses tâches, alors que j'aurais dû desc-endre du grenier les portaits de ses ancêtres! Mais bon ainsi va la vie au sein du manoir où les évènements extérieurs perturbaient quelque peu la tranquillité ou si vous voulez l'histoire qui s'y déroulait, bien évi-demment. Quand je suis allé servir dans le grand salon le petit déjeuner à mon maître, celui-ci m'a parlé de ce violent orage qui avait malmené le manoir durant la nuit au point qu'il eut peur pour sa toiture. Mais après une visite effectuée par son drône, car Lord Builtman était un expert dans les nouvelles techn-ologies, il n'avait constaté aucun dommage important, sinon un tas de feuilles mortes engorgeant les gou-ttières et les cheneaux d'évacuation qu'il ne comptait pas me faire nettoyer afin que je ne romps par le cou! me dit-il avec plein de prévenance. Je remercie beaucoup, sir, pour cette attention, lui fis-je remar-quer, s'il voulait garder longtemps son majordome à son service. Ah!Ah!Ah! ria-t-il en s'enfonçant dans son fauteuil. Ah, mon cher Eric, malgré que vous soyez un frenchie, je trouve votre humour tout à fait britannique pour une future entente entre nos deux pays quand la France aura retrouvé sa royaute! me lança-t-il en mordant avec voracité dans une saucisse. C'est le rêve pour beaucoup de Français de retrou-ver leur souvraineté, je vous assure, sir! lui lançai-je comme une manière prophétique. Vivement le Bre-xit! lâcha soudainement Lord Builtman. Et vivement le Frexit! répliqua aussitôt Eric afin d'être en parfa-ite osmoz avec son maître. Décidément, ces deux là étaient faits pour vivre ensemble sans la moindre anicroche dans la vie quotidienne, saisissait-on en les voyant reprendre chacun leur occupation où Lord Builtman mangeait avec appétit en suivant sur l'écran de télévision les cours de la bourse de la City et Eric repartir avec discrétion du grand salon. Faut dire aussi que la Builtman company faisait la plus gra-nde partie de son chiffre d'affaire aux Etats-Unis et en Asie. Bref, comme dans l'ancien empire Britanni-que lui rappelant ainsi quelques nostalgies politiques! C'est dire qu'il se moquait un peu de cette union européenne qui chaque jour alourdissait les normes et l'empêchait de vendre ses innovations faites pour le monde de demain. John Builtman était à la tête d'une dizaine de star-up qui s'occupaient d'applications pour les objets connectés dont les livres n'étaient pas exclus. Dont les meilleurs ventes étaient le livre parlant avec la voix de sa star favorite! Ainsi pouvait-on lire par exemple le livre de la jungle avec la voix de Churchil ou bien avec celle de la princesse Diana! C'est dire une réelle innovation pour encourager les gens à lire et développer leur imagination, n'est-ce pas?

Mais en ce moment, il travaillait sur une future cryptomonnaie afin de concurrencer le Bitcoin ainsi que la Libra de Facebook et pourquoi pas l'Euro? pensait-il avec une ambition démesurée. Sans hésiter un in-stant, il comptait l'appeler le Crawley pour sa mémorisation facile ainsi que pour sa référence à son ma-noir qui avait été bâti sous l'empire britannique et survécu aux deux guerres mondiales! Bref, une valeur sûre! estimait-il pour les temps futurs où le cash aura sûrement disparu afin de surveiller tous les achats des individus et surtout les blanchiments d'argent des mafias etc. C'est à dire une arme parfaite contre la corruption! spéculait-il en vu de futures commandes des Etats pour lutter contre ce fleau en envisageant de mettre en place d'ici les prochaines années, une plateforme connectée à ce service! jubilait-il en pensa-nt à son projet fabuleux qui le rendrait encore plus riche qu'il était aujourd'hui et surtout plus puissant que jamais.  Ah!Ah!Ah! ricanait-il en regardant l'écran de télévision où ses actions avaient pris 10 % suite à un discours catastrophique du président de l'union européenne sur le blocus alimentaire pour les pays non démocratiques. Décidément, l'union européenne était pour lui une grosse farce qui ne ferait pas rire bien longtemps tous ses membres, Ah!Ah!Ah! ria-t-il à nouveau en spéculant pour l'union européeenne un grand echec dû à son non sens des réalités. Puis revenant à la réalité où l'orage de cette nuit avait eng-orgé de feuilles mortes les cheneaux et les gouttières de son manoir, il imaginait mettre des pinces sur son drône pour les retirer! Ce qui lui éviterait de payer une entreprise extérieure pour le faire et éviter to-ute future inondation de son parc qui occupait une grande partie du temps de son majordome qui était un homme formidable puisque un homme à tout faire dont il ne pouvait plus se passer! A l'évidence, la gra-nde tendance de la nouvelle technonologie était de vouloir simplifier la vie des hommes, bref, comme au manoir où Eric sentait comme un vent nouveau allèger ses tâches quotidiennes! John Builtman, qui était constamment en ébullition pour accroître sa fortune et son influence sur les hommes, imaginait grâce à sa nouvelle monnaie virtuelle, le Crawley, une banque virtuelle pour protéger le dépôt de ses futurs clie-nts. Car pour l'instant la monnaie virtuelle, comme le Bitcoin ou autre était stockée dans le disque dur personnel du client qui en cas de panne verrait tout son investissement partir en fumée! C'est dire un défaut auquel il fallait palier absolument pour redonner confiance aux clients qui investiraient dans le Crawley estampillé made in England et garantie par la City! pensait-il avec enthousiasme en étant sûr de son succès. Puis revenant à la réalité, en pensant à son drône multiservices, il consulta la météo sur l'écr-an de télévision où le bulletin annonçait un temps sec pour les prochains jours. Ce qui lui donnait assez de temps pour expérimenter sa nouvelle invention en lui intégrant un bras articulé qu'il était prêt à fabri-quer dans son laboratoire.

Car Lord Builtman n'était pas seulement une force de la nature, mais un inventeur de tout premier ordre qui ne manquait jamais d'idées pour arriver à ses fins, Ah!Ah!Ah! Sans plus tarder, il partit dans son labo-ratoire où sur la porte était marqué : My laboratory et Defense d'entrer en dessous! Parfois, on se deman-dait si ce Defense d'entrer écrit en français n'était pas destiné à Eric, son majordome. Car ce laboratoire était un vrai capharnaüm où Lord Builtman entassait un tas d'objets à moitié cassés ou inutiles qu'Eric aurait bien jeté à la poubelle par conscience professionnelle! Mais visiblement, cet écriteau semblait très efficace au point de provoquer chez Eric, une sorte de terreur à chaque fois qu'il passait devant! Son so-uci d'ordre et de propreté en était bien la raison et absolument pas la curiosite qui pour un majordome était un vilain défaut, ne nous le cachons pas. A ce propos, il avait le sentiment que les portes du laborat-oire et du grenier de Lord Builtman cachaient un grand mystère où semblait s'opérer l'avenir et le passé du manoir! Car un peu naïvement beaucoup de gens pensaient que le passé fut une chose terminée une bonne fois pour toute, alors qu'au manoir le passé était toujours vivant, comme accompagnant le présent des hommes! Je ne savais pas bien évidemment pour quelle raison il s'obstinait à vivre malgré ses modes surannées venant de l'époque Victorienne. Mais mon rôle en tant que domestique était de ne surtout pas le contrarier afin que rien ne bouge pour le bonheur des lieux. Quand Lord Builtman entra avec feu dans son laboratoire, il ferma aussitôt la porte à double tour pour ne pas être dérangé, puis se dirigea vers un grand établi où était posé son drône tel un animal vivant soumis à tous ses désirs! Autour de lui, tout un fouillis inextricable d'objets récuprérés dans les brocantes, mais aussi dans les casses aux alentours de Crawley où dernièrement, il avait mis la main sur un robot humanoïde dont le propriètaire s'était débarra-ssé parce qu'il n'arrivait à le faire fonctionner! Mais Lord Builtman sûr de ses capacités en ingénieurie était certain de le faire revivre ou si vous voulez lui donner une âme! Mais manquant de temps, il l'avait entreposé dans un coin où il trônait comme chevalier des temps futurs ou peut-être comme un futur rem-plaçant de son majordome? En fait, pour l'instant, mon cher lecteur, on n'en savait rien! Etrangement, il savait exactement où chaque objet avait été entreposé par lui-même au cours de ce long entassement caractérisant les savants fous, il faut le dire. C'était visiblement pour cette raison qu'il avait interdit à Eric d'y mettre de l'ordre où il était sûr de ne plus retrouver ses objets auxquels il prevoyait une future utilité! D'une mémoire prodigieuse, John Builtman se souvenait d'un bras articulé muni d'un rotor qu'il avait en-treposé entre le soufflet éventré d'une cornemuse et un distributeur de pop corns qu'il avait transformé en torréfacteur de café à but expérimental, bien évidemment. Instinctivement, il se dirigea vers le fond de la pièce où l'odeur du café l'avait comme attiré où sans surprise, il aperçut son bras articulé muni d'un rotor qu'il comptait intégrer à son drône. Ah te voila! dit-il en le saisissant avec prudence pour ne pas l'abîmer où un tas de fils electriques pendait tel un réseau de fibres nerveuses.

Ce bras articulé trouvé dans une casse ressemblait au bras d'un robot qu'on utilisait dans l'industrie au-tomobile pour peindre les voitures, mais jugé obsolète par ses concepteurs. C'était semble-t-il pour ces raisons qu'il avait été jeté avec son ancien équipement que Lord Builtman n'avait pas eu le courage d'em-porter avec lui pour ne pas encombrer son laboratoire dèjà bien rempli! Mais un bras tout à fait employ-able pour retirer les feuilles mortes engorgeant les cheneaux d'avacuation de son manoir! estimait-il en l' emportant avec lui vers l'établi afin de trouver le meilleur emplacement pour le fixer sur son drône. Mais avant d'effectuer cette première opération, il lui fallait trouver une mâchoire ou des pinces pour que son bras effectue cette opération d'extraire les feuilles mortes sans arracher, bien évidemment, la moitié de sa toiture! pensait-il en partant aussitôt vers le fond de son laboratoire où il avait entassé un tas d'instrum-ents chirurgicaux datant du 19 ème siècle assimilés à des instruments de tortures, il faut le dire! Bref, ap-rès un tri dans un bruit assourdissant de métal, il aperçut soudainement une paire de forceps qu'on utilisa-it dans les accouchements pour extraire l'enfant du ventre de sa mère! Ah!Ah!Ah! lâcha-t-il emporté par sa découverte sans sortir de son laboratoire, comme étant le rêve de tout savant fou, n'est-ce pas? Avec cette paire de forceps entre les mains, Lord Builtman avait l'air d'un accoucheur des temps modernes! Ce qui n'était pas loin de la vérité vu tout ce qu'il avait entrepris et mené avec succès, ne nous le cachons pas. Ayant en main, les éléments essentiels pour fabriquer son extracteur de feuilles, il partit aussitôt vers son bureau placé à proximité de l'établi où il prit au passage le bras articulé afin d'examiner l'ensemble pour une possible intégration. Pour mieux réflechir, il s'asseya, puis il prit un crayon et dessina sur une feuille de papper, le mécanisme qui fermerait la pince du forceps. Où l'idée lui vint tout naturellement d'ajouter de part et d'autre de l'axe du rotor deux disques perforés de petits trous où deux tringles en acier actionn-eraient l'ouverture ou la fermeture de la pince selon le sens de rotation du moteur! Comme vous le voy-ez, mon cher lecteur, John Builtman était un homme pragmatique qui avant de penser électronique ou lo-giciel pensait mécanique qui, il faut le dire, était la partie la plus importante dans un équipement, comme pour les ordinateurs ou le hardware était conçu avant le software, bien évidemment. Satisfait par la sim-plicité de son mécanique, il esquissa un sourire, puis se leva et partit dans un coin du laboratoire où il avait entreposé, d'après sa mémoire prodigieuse, toute une collection de roues et de mécanismes rotatifs allant de la roue de vélo à la roue de tracteur qui, il faut le dire, avait beaucoup surpris Eric quand ce der-nier était entré au manoir en la faisant rouler sur la moquette avec le sourire idiot d'un enfant! Décidém-ent, Lord Builtman était un homme bien étrange! pensait-il souvent en faisant le ménage après son passa-ge tonitruant. Sans oublier la scène du robot humanoïde qu'il portait entre ses bras comme son futur rem-plaçant qui faillit bien lui provoquer une syncope! John Builtman envahi par ses idées géniales trifouilla une nouvelle fois dans un bruit assourdissant de métal et trouva pour son grand bonheur deux disques en aluminium dont les diamètres n'étaient ni trop grands ni trop petits pour être fixés sur l'axe du rotor! Chouette! lâcha-t-il comme s'il se trouvait dans la caverne d'Ali Baba destinée aux bricoleurs de génie, Ah!Ah!Ah!  

Pendant que Lord Builtman biricolait, Eric était allé desservir dans le grand salon où son maître était pa-rti sans finir son breakfast et laissé la télévision allumée! Tout en desservant, il regarda quelques instants la télévision où l'on parlait des migrants qui envahissaient les côtes Britanniques. Mon dieu, je crains qu' on coule avec eux si le Brexit n'arrive pas rapidement! lâcha-t-il du bout des lèvres en tenant à sa place où les migrants africains étaient prêts à la prendre pour trois shillings de l'heure, Ah!Ah!Ah! ria-t-il par dese-spoir de cause, bien entendu. Autrefois, on parlait du péril jaune avec la Chine, mais aujourd'hui, c'était visiblement au péril noir qu'on avait affaire! pensait-il sans aucun racisme, mais en toute lucidité et par solidarité envers ses collègues domestiques qui risquaient de perdre leurs emplois à cause d'une conccur-ence déloyale! Il avait le sentiment que la traite négrière allait renaître d'une manière consensuelle entre les maitres et les esclaves avec l'accord de l'ONU, alors qu'on avait aboli l'esclavage en Angleterre en 18 33! Décidément, un monde paradoxal semblait s'ouvrir à nous, comme le signe de grands chambouleme-nts géopolitiques ou autres! pressentait-il en fermant la télévison, puis en emportant son plateau dans la cuisine. Mais ce qui le rassurait, c'est qu'il voyait mal Lord Builtman discuter de politique ou d'autres ch-oses avec son serviteur africain qui n'aurait aucune culture européenne, sinon celle de la colonisation. n'est-ce pas? En n'oubliant pas que dans le manoir, nous n'étions que deux, moi et Lord Builtman qui du-rant les longs mois d'hiver avait besoin d'une oreille attentive pour écouter ses longs monologues où par-fois ses vieux démons réapparaissaient! Sans oublier, la troisième personne qui notait tout dans son grand livre par un désir inassouvi de vivre qui s'appelait le manoir de Crawley! Mais n'allons pas trop vite, mon cher lecteur, pour élucider tous ces mystères et regagnons le laboratoire de Lord Builtman où celui-ci était en train de percer des trous dans des disques d'aluminium! Heureux de travailler de ses mains, il siff-lotait comme Louis 14 qui aimait bricoler des serrures afin d'élucider tous les mystères de son royaume et plus précisément, les intrigues qui se tramaient derrière son dos au chateau de Versailles, Ah!Ah!Ah! Contrairement à ce que beaucoup de gens pensaient, l'activité manuelle nuisait aucunement à la reflexion. Ceci étant malheureusement, un préjugé souvent rencontré chez les intellectuels parce qu'ils ne voulaient pas se salir les mains ou peut-être qu'ils avaient honte de tenir un tournevis entre leurs mains, Ah!Ah!Ah!Mais laissons, mon cher lecteur, ces gens rêver beaucoup dans leurs têtes et occupons-nous plutôt de ces gens pragmatiques comme Lord Builtman qui essayaient de résoudre les problèmes concrêts des homm-es. Tout en perçant des trous sur les disques d'aluminium pour y riveter ses tringles avec des rivets pop, il semblait regretter de n'avoir pas conçu la perceuse-visseuse-devisseur sans fil qui était devenu l'outil un-iversel dont plus personne ne pouvait se passer pour réaliser le moindre travaux.

Au point qu'il avait envahi toute la planète tel un totem indéboulonnable pour aussi bien construire sa maison que pour se sortir de la galère, Ah!Ah!Ah! A l'évidence, la perceuse-visseuse-dévisseuse sans fil était devenu le nouveau couteau suisse dont plus personne ne pouvait se passer à moins de vouloir percer avec ses doigts ou visser avec ses ongles etc, bref, revenir aux temps préhistoriques du bricolage, Ah!Ah!Ah! Ce qu'apparemment souhaitaient les écologistes par un retour à la nature en se nourrissant de racines et s'habillant avec des peaux de bêtes! se moquait ironiquement John Builtman qui croyait au capitalisme qui permettrait aux hommes de se libérer de la nature sans merci! Sans aucun doute, il avait raison, mais il ne comptait pas perdre son temps à convaincre une bande de gauchistes qu'on nommait en Angleterre, les travaillistes qui lui enviaient sa réussite, Ah!Ah!Ah! Bref, des débats ideologiques qui étaient pour lui de vieux débats sans avenir, alors que le bricolage des hommes, un grand chantier en mouvement! médit-ait-il en désserant l'etau de sa perceuse pour libérer ses pièces d'aluminium qu'il emporta sur son établi. Visant seulement faire un prototype pour son extracteur de feuilles mortes( car il savait en tant qu'inven-teur que la perfection n'était pas réalisable du premier coup, comme tout homme pragmatique savait), il souda les deux disques sur l'axe de rotation par quelques points de soudure, puis il prit deux tringles en acier dans le tiroir de l'établi où se trouvait aussi des tiges filetées, mais difficilement cintrables, pour les emmener vers l'étau afin de leur faire un oeillet à chaque extrémité. Avec une grande dextérité, John Bui-ltman passa l'extrémité de la tringle dans une vis perférorée qu'il serra dans l'étau, puis d'un geste rapide de rotation lui donna l'aspect d'une boucle, puis avec une pince à bout rond termina l'oeillet. Parfait! dit-il satisfait visiblement par son travail pour s'attaquer à la deuxième tringle. Le but étant bien évidemment de pouvoir les fixer de part et d'autre sur les disques d'aluminium et sur les mâchoires du forceps. Bref, où la rotaion des tringles sur les disques permettrait de transformer un mouvement de rotation en mou-vement recctiligne en vu d'ouvrir ou de fermer les mâchoires du forceps. Tout ceci étant bien claire dans sa tête où il voyait le mécanisme en mouvement grâce à sa grande faculté d'imagination. Sans perdre la fonction essentielle de son invention qui était d'extraire des feuilles mortes des cheneaux d'évacuation de son manoir, mais aussi pourquoi pas retirer des branches d'arbres qui se seraient abattues sur sa toiture ou bien des chats errants qui s'y seraient aventurés sans pouvoir redescendre? Décidément, une superbe invention où son drône serait au service des hommes pour leur faciliter la vie de tous les jours! jubilait-il en rivetant les deux tringles sur les disques d'aluminium, puis en soudant l'axe de rotation du forceps sur le bras articulé grâce à une tige en métal pour assurer la rigi-dité de l'ensemble.

Ok; ok, ok! répéta-t-il plusieurs fois en voyant son projet avancer rapidement. Après qu'il ait tout fixé, il prit une batterie de 12 volts et alimenta le servomoteur qui mit en rotation le rotor qui enclencha la fer-meture des mâchoires du forceps. Chouette, ça marche! s'écria-t-il, puis inversa les polarités de la batte-rire pour voir à son grand bonheur, les mâchoires s'ouvrir! Par souci d'efficacité pour son mécanisme, il glissa son index entre les mâchoires pour mesurer la pression, puis remit le courant dans l'autre sens qui ferma si fortement la mâchoire qu'elle lui écrasa le doigt! Aïe, non d'une pipe! jeta-t-il en se mettant le doigt dans la bouche comme pour calmer la douleur. Mais saisissant que la pression de la machoire était au-delà de ses attentes, il fut ravi du résultat et souria comme un enfant heureux par le jouet de son inve-ntion. Afin de complèter ses essais, il sortit du laboratoire pour aller chercher dans le jardin des feuilles mortes. A sa grande surprise, il n'eut pas à aller bien loin; car Eric, ce matin avait nettoyé le jardin et ent-assé les feuilles mortes dans une brouette afin d'en faire plus tard du compost pour ses plantes. Satisfait par la bonne initiative de son homme à tout faire, d'un geste rapide, il se saisit d'une poignée de feuilles mortes qu'il emporta dans son laboratoire afin de réaliser son essai. Quelques minutes plus tard, après qu' il ait constaté l'essai concluant pour son mécanisme, il regarda sa montre qui indiquait bientôt midi! Bon, ça suffira pour aujourd'hui! dit-il en sentant une grosse faim le tenailler pour avoir négligé son petit déj-euner. Aussitôt, il sortit du laboratoire et partit vers les cuisines où il comptait trouver Eric. Mais en y entrant, il ne le trouva pas, puis alla dans sa loge où là aussi il n'y était pas! Eric, Eric, êtes-vous là? lanç-a-t-il en ayant une faim de loup. Je crois bien qu'il doit être dans le grenier! pensa-t-il, mais sans avoir le courage d'y monter pour ne pas se rappeler de très mauvais souvenirs concernant sa première épouse. Bref, jugeant la chose trop pénible pour lui, il décida de faire le tour des pièces pour espérer trouver Eric en train peut-être de dépoussièrer les meubles ou de néttoyer les vitres, qui sait? se demandait-il, quand entrant soudainement dans la bibliothèque, il l'aperçut perché sur une échelle en train de feuilleter un gr-os volume de la littérature anglaise traitant du règne d'Henry 8 dit le cruel! Ah mon cher Eric, vous voilà! lança Lord Builtman comme surprenant son majordome en pleine étude et plongé dans ses pensées secrè-tes! Au point qu'Eric, étonné de voir son maître, faillit tomber de l'échelle! Ne tombez pas, mon cher Er-ic, car j'aurais beaucoup de mal à vous remplacer, Ah!Ah!Ah! ria Lord Builtman comme au bord de la confidence et saisi d'une fringale lui tordant l'estomac. J'ai faim! lâcha-t-il comme un enfant à sa mère. J' arrive de suite, sir! expédia Eric afin de satisfaire tous les désirs de son maître. Aussitôt, il remit le volu-me à son emplacement et, avant de descendre de l'échelle, donna un coup de chiffon sur la tranche en cuir pour enlever toute trace de doigts susceptible de l'abîmer.

Lord Builtman, qui observait tout cela d'en bas, saisissait qu'Eric était une perle rare digne de servir un aristocrate comme lui pour son amour des livres et de la culture! Visiblement, il était le majordome idéal pour servir le manoir de Crawley ainsi que sa célèbre devise : I grow and I rejoice! C'est à dire, je prosp-ère et je me réjouis! Que voulez-vous manger, sir? lui demanda-t-il en devançant sa question. Faites-moi un bon steak frites avec une sauce au roquefort, mon cher Eric, car le travail de ce matin m'a donné un appetit d'ogre, Ah!Ah!Ah! ria-t-il en sachant qu'il avait en face de lui un très bon cuisinier efficace aux fourneaux. D'accord, ça sera fait dans un petit quart d'heure! répondit-il, et je vous servirais dans le grand salon, si cela vous convient! Parfait, parfait! dit Lord Builtman en partant dans le grand salon où il comp-tait suivre les informations sur la télé afin de savoir comment allait l'économie anglaise. Eric, qui avait appris à faire la cuisine d'une manière efficace grâce à sa grand-mère Bordelaise, ne perdit pas de temps et mit aussitôt la friteuse en route lorsqu'il entra dans la cuisine. Puis il partit dans la réserve aux fruits aux légumes pour choisir deux grosses pommes de terre afin de combler l'appétit de son maître. En revenant, il décrocha du mur son tablier de cuisine qu'il revêtit afin de ne pas salir son bel uniforme de majordome. Installé devant sa table de travail, il sortit du tiroir un couteau et commença à éplucher les pommes de terre avec une grande dextérité, car il comptait faire pour son maître de vraies pommes frites à l'ancienne! Après cette première opération terminée, il jeta aussitôt les épluchures dans la poubelle pour ne pas enc-ombrer son plan de travail. Puis étala un chiffon propre et commença à couper les pommes de terre dans le sens de la longueur afin d'obtenir des frites ni trop fines ni trop épaisses pour une friture idéale, com-me lui avait appris sa grand-mère. Il faut dire à notre cher lecteur qu'Eric n'utilisait jamais de presse-frites pour ne pas insulter la bonne cuisine qui demandait au bout du compte au cuisinier que le sens des bon-nes proportions, n'est-ce pas? Puis quand tout cela fut exécuté, il frictionna les frites à l'intérieur du chi-ffon pour se débarasser de l'amidon en excès qui dans la friteuse épaississait l'huile et diminuait sa durée de vie, comme tout le monde devrait savoir. Planifiant dans sa tête toutes les étapes pour faire un bon steak frites à la sauce au roquefort désiré par son maître, il se dirigea vers le frigo et sortit un morceau de roquefort qu'il emietta dans une casserole contenant du lait placée sous un feu doux, puis remua jusqu'à obtenir un liquide bien homogène où il ajouta de la crême fraîche pour parfaire l'onctuosité en bouche. Voyant l'heure filer sur l'horloge de la cuisine, il eut quelques frayeurs et repartit vers le frigo chercher une tranche de rumsteak qui pour lui était le morceau le plus tendre du boeuf d'après ses connaissances viandères.

Pour ne jamais gaspiller inutilement de la nourriture, il achetait toujours de la viande sous vide qu'il ou-vrait à la dernière minute sachant que la viande devait être grillée quand tout le reste du repas était prép-aré. Sur ce, il posa une poële sur le grand feu de la cuisinière, mit un peu d'huile, puis dans un même élan jeta les frites dans la friteuse où l'huile avait atteint les 150° correspondant à la température idéale pour frire les pommes de terre. L'horloge de la cuisine indiquait 12 H 05 et il lui restait environ 10 minutes pour réaliser sa performance! pensait-il comme un maître chef! Pour ne pas perdre de temps, il sortit du buffet les couverts de Lord Builtman ainsi qu'un saucier qu'il posa sur un plateau prêt à partir quand tout sera cuit. Sentant à distance la chaleur de la poele, il y jeta son rumsteak pour le saisir comme il faut tout en sachant que Lord Builtman aimait la viande saignante, bien entendu! n'oubliait-il pas avec l'oeil sur le feu. Pendant ce temps là, il remplit le saucier avec la sauce au roquefort afin que son maître puisse s'en servir à bon escient, car il refusait d'inonder son steak qui n'aurait alors plus le goût de la viande, ce qui lui reprocherait, forcément. En un tour de main, tout fut exécuté selon ses plans en constatant devant lui un plateau plein de bonnes choses prêtes à partir pour combler l'appétit de son maître! Pour accompagner le repas de Lord Builtman, il fit le choix d'un Morgon qui était un vin rouge idéal, selon ses connaissan-ces gastronomiques. Satisfait par son choix, il retira son tablier qu'il posa négligemment sur le plan de travail, prit son plateau et partit en sifflotant heureux d'avoir accompli son travail d'homme à tout faire indispensable pour maintenir en vie le manoir de Crawley! Aussitôt, il prit le couloir qui longeait la bibli-othèque et le laboratoire, où il s'arrêta de siffloter par la crainte qu'il lui inspirait, puis entra dans le grand salon où il aperçut Lord Builtman, planté devant son poste de télévision, comme en état de choc! Prettant une oreille attentive aux informations, il compris qu'il y avait eu un attentat terroriste sur le London Bri-dge où un fou islamique avait écrasé dix personnes avec son véhicule! Témoin de cette scène, il ne savait pas exactement si Lord Builtman était choqué par la brutalité de ce crime ou bien pour les conséquences desastreuses pour son business où le quartier de la City allait être fermé pendant quelques jours pour les besoins de l'enquête? Debout à l'entrée du grand salon, il attendait les ordres de son maître pour savoir ce qu'il devait faire avec la crainte que l'émotion ait pu lui couper l'appétit. Eric, j'ai faim! Apportez-moi, mon steak frites! dit soudainement Lord Builtman en éteignant la télévision et en retrouvant sur son vis-age une bonne mine. Bien, Sir! dit Eric content de retrouver son maître comme à son ordinaire, c'est à di-re inaltérable et respectueux envers son majordome que son manoir avait adopté pour peut-être des siè-cles? s'imaginait-il avec audace. Car lorsque son neveu Harris venait lui rendre visite au manoir de Cra-wley, ce dernier avait l'étrange impression que le temps n'avait pas d'emprise sur son oncle, qui malgré ses 65 ans en paraissait 25!

Apparemment, les lieux étaient magiques pour je ne savais quelle raison, mais que je comptais un jour élucider en lui faisant des visites plus rapprochées! planifiait Harris qui débordait d'ambitions et pourqu-oi pas cotoyer Lord Builtman pour devenir riche et immortel? se demandait-il après avoir vécu des cho-ses paranormales au manoir. Eric par désir de paternité considérait son neveu, Harris, comme son propre fils qu'il comptait un jour présenter à Lord Builtman pensait-il en le voyant dévorer avec grand appètit son steak frites au roquefort. C'est délicieux, mon cher Eric, je vous félicite, et cette sauce au roquefort, un vrai régal! Je vous remercie beaucoup, sir, j'ai fait les choses comme vous le désiriez, c'est à dire avec art et bon sens! C'est très juste ce que vous dites, car il est inutile de faire des plats compliqués quand les bons produits son là, n'est-ce pas? C'est ce qu'on appelle faire de la bonne cuisine, sir, dit-il avec fierté. Si vous le souhaitez, sir, je peux me retirer afin que vous puissiez manger à votre aise, car j'ai encore beau-coup de travail au manoir! Aussitôt, Lord Builtman leva la tête de son assiette pour ne pas le laisser partir par le besoin d'avoir de la compagnie pendant qu'il mangeait. Ce que mon lecteur pourra comprendre ais-émement, car personnellement, je ne connaissais pas beaucoup de gens qui aimaient manger seuls à part les fous, Ah!Ah!Ah! Mais non, mais mon, mon cher Eric, vous ne me dérangez pas et vous le savez bien! dit Lord Builtman qui semblait ébranlé par l'attentat en plein centre de Londres avec le besoin de parler à quelqu'un en chair et en os pour évacuer son stress. Eric, qui sentait toute ces choses comme un chien att-entif au moindre regard de son maître, esquissa un sourire en se sentant indispensable pour le bonheur de la maison. En toute intelligence, il ne lui posa aucune question concernant ses fonctions de majordome, mais le laissa parler afin de lui offrir une oreille attentionnée comme celle d'un bon pote de pub, ce dont Lord Builtman désirait en ce moment. Pensant qu'il allait lui parler de l'attentat qui aurait forcément des répercutions économiques sur ses affaires à la City, il le prit de court en lui disant : Mon cher Eric, quel-qu'un m'a parlé de votre neveu qui parait-il venait en mon absence au Manoir! Oui c'est exact! dit-il sans lui cacher en étant en même temps impressionné par les dons de divinaion de son maître sachant qu'il ne lui en avait jamais parlé! Sachez, mon cher Eric, que je sais tout ce qui se passe au manoir pendant mon absence, Ah!Ah!Ah! ria-t-il comme un dieu perché au dessus de toute chose. Ce qui impressionna à nou-veau Eric qui savait qu'il n'y avait aucune caméra cachée dans le manoir, car il l'aurait découverte depuis fort longtemps en faisant le ménage au quotidien. Oui, je le sais bien! lâcha-t-il comme un aveux. Mais Sir, pensez bien que je comptais vous le présenter; car Harris, mon neveu est un garçon très intelligent et plein d'imagination! Alors là, quelle merveilleuse nouvelle que vous m'annoncez, mon cher Eric! lança Lord Builtman qui avait malheureusement une progéniture qui frisait la débilité mentale en étant tous des incapables, comme il aimait les nommer!

Bref, pendant qu'il s'entretenaient sans langue de bois dans le grand salon, là haut dans le grenier, il semb-lait règner une curieuse activité où le grand livre sur la commode avait été ouvert par une main invisible et notait tout ce Lord Builtman et Eric se racontaient! Ainsi voyait-on parcourir sur les pages blanches, une écriture fine et précise sans l'aide d'aucun stylo ni de plume, ce qui semblait issue de la pure magie pour la majorité d'entre nous! En bas des étagères étaient posés les douze portraits des ancêtres de Lord Builtman qui attendaient patiemment qu'on les remit à la lumière dans le manoir de Crawley, Ah!Ah!Ah! Et l'on se demandait parfois si le maître des lieux n'avait pas un len secret avec ce grand livre pour savoir tout ce qui s'y passait? Eric, qui avait visité le grenier la première fois pour le dépoussièrer( mais que Lord Builtman lui avait interdit pour des raisons mystérieuses) avait connaissance de ce grand livre en ignorant totalement son contenu puisqu'il était entièrement recouvert par la poussière qui lui interdisait de lire le titre et le nom de l'auteur. Et qu'une simple marque de ses doigts sur la couverture aurait pu le trahir et le faire licencier immédiatement par Lord Builtman! Ce qui était hors de question pour lui où la prochaine visite du grenier pour descendre les portraits de ses ancêtres ressemblait à un vrai cauchemar ou aux douze travaux d'Hercule! Et que fait-il en ce moment, votre neveu? demanda soudainement Lord Builtman à Eric qui n'attendait que cette question de son boss. Il est à Cambridge et il étudie les mythes et les légendes depuis l'antiquité jusqu'à nos jours ainsi que les phénomènes paranormaux. Tiens donc, voilà un garçon très intéressant! dit-il en se prenant le menton entre le pouce et l'index. Et vous a-t-il dit quelque chose de particulier concernant le manoir de Crawley? Car je suppose qu'il a dû étudier, en tant qu'elève studieux à Cambridge, le cadastre de la ville pour répertorier tous les anciens lieux de cultes pa-yens où des cérémonies magiques avaient eu lieu, hum? Non, il ne m'en a pas parlé, sinon d'avoir ressenti dans le manoir de puissantes vibrations provenant peut-être d'un de vos ancêtres qui selon lui était un sa-cré farceur! Ah oui, il vous a dit ça et pourquoi donc? demanda Lord Builtman qui semblait désappointé par l'analyse grotesque du neveu. Mais votre neveu est-il un médium pour affirmer cette chose ridicule? Oui, on peut le dire; car pendant au moins dix minutes, il avait été pris d'une crise de fou rire en ne sacha-nt pas bien pourquoi, sinon qu'elle provenait des lieux qui avaient abrité autrefois un sacré farceur, tels étaient ses mots, sir, dit Eric sans rien vouloir lui cacher en le voyant comme ébranlé par les confessions du neveu, Harris. Bien, bien, dit-il en se levant et en faisant les cents pas dans le grand salon. Et quoi d' autre? ajouta-t-il brusquement, comme si le neveu avait découvert le secret du manoir de Crawley. Rien d'autre, sir, sinon qu'il aimerait visiter les lieux afin d'entrer en contact avec un certain Joe le farceur qui était un de vos ancêtres!

En entendant ce nom, Lord Builtman faillit tomber à la renverse et se retint au fauteuil pour reprendre son équilibre avec dans les yeux comme les éclats d'une révélation! Pour ne pas laisser transparaître son émotion, il se rassit devant son assiette et découpa un morceau de steak qu'il mit dans sa bouche en le mastiquant longuement. Ce qui perturba Eric pendant un instant sachant que le steak qui lui avait préparé était des plus tendres! A l'évidence, son maître méditait à propos des révélations stupéfiantes que lui avait faites son neveu. Après qu'il ait longuement médité dans un silence religieux et avalé le morceau de via-nde, il se servit un grand verre de Morgon qu'il but d'un seul trait tel un géant, puis il se mit à siffloter pour exprimer sa bonne humeur retrouvée, ce qui rassura Eric qui était au bord du malaise. Ah, mon cher Eric, lâcha Lord Builtman, j'aurais eu le plaisir de recevoir votre neveu au manoir, mais les évènements actuels semblent le contre indiquer, n'est-ce pas? Ce que je peux comprendre entièrement, sir, et puis n' avons-nous pas tout le temps d'y repenser? ajouta-t-il avec l'envie de desservir la table pour clore cette discution pour le moins surnaturelle. Vous avez entièrement raison Eric dans ces matières et je vais reto-urner maintenant dans mon laboratoire pour terminer mon invention qui je pense facilitera beaucoup votre travail à l'avenir, dit-il en pensant à son extracteur de feuilles mortes destiné aux gouttières et aux cheneaux d'évacuation de son manoir. Mais Eric intelligemment ne voulut pas continuer sur ce sujet sa-chant qu'il n'y connaissait rien en mécanique ni l'envie de visiter son laboratoire où il n'aurait pas le courage d'affronter le regard métallique du robot humanoïde destiné à la remplacer! Driiiing! Driiiing! retentit soudainement le portable de Lord Builtman qui était posé sur la table en permettant à Eric de quitter le grand salon d'une manière naturelle pour aller dépoussièrer les rideaux des autres pièces qui n'avaient pas été faits depuis six mois. En consultant son écran, Lord Builtman s'aperçut que l'appel ven-ait de son ami Paul Macintoch qui était un de ses associés. Bien évidemment, avec l'attentat qui avait eu lieu au centre de Londres, il s'attendait à une nuée d'appels! pensa-t-il en décrochant. Salut Paul, oui, oui, j'ai appris la mauvaise nouvelle par les infos! Mais que veux-tu que j'y fasse? lui dit-il en devançant sa question. A l'autre bout du fil, Paul semblait désemparé en lui disant : Mais tu t'en rends compte, John, j'ai du évacuer le quartier de la City où des alertes à la bombe avaient été lancés suite à l'attentat islami-que sur le London-Bridge. Fuck! lâcha-t-il en ne mâchant pas ses mots et en ne sachant pas dans combien de temps, il pourrait retrouver son bureau où des contrats étaient en cours avec les Etats-Unis. Mais att-endons quelques jours! lui dit John avec un grand calme où savoir attendre dans les affaires était un stra-tégie comme une autre afin de susciter chez ses clients, le désir d'utiliser leurs produits d'une nouvelle génération.

Mais Paul, qui était seulement âgé de 28 ans et bourré d'ambitions, ne pouvait comprendre cette patience à laquelle le boss faisait allusion et pourtant essentielle au bon déroulement des affaires pour faire croire à ses clients qu'ils avaient pris la meilleur décision pour assurer leur avenir économique. Car Lord Built-man savait pertinement que le marché de la haute technologie était en plein essor et très loin d'être saturé même si Apple et les Gafam comptaient s'en emparer! En spéculant même à l'avenir des lois anti-trusts pour rétablir l'indispensable loi de la concurrence entre les pays démocratiques et capitalistes pour éviter leur éffrondement. Bref, agacé par les apitoiements de son jeune associé, John lui dit : Mais ne te fais un sang d'encre inutile, mon cher Paul, car les affaires vont reprendre leur train habituel et les attentats s'arr-êter d'eux mêmes parce que tout bonnement les oeuvres des losers destinées à s'autodétruire, Ah!Ah!Ah! ria-t-il pour lui communiquer sa confiance indéfectible en l'avenir et malgré le drame qui venait de se passer au centre de Londres. Mais Paul, qui n'avait connu pour l'instant que le succès dans ses affaires, ne connaissait pas ce cynisme ou cette ironie souvent employée par des personnes plus âgées qui avaient eu des revers de fortune, comme Lord Builtman qui connaissait la vie, n'est-ce pas? Merci, John, pour ta confiance! prononça-t-il très ému au téléphone en raccrochant l'air rassuré. Au même instant, retentit da-ns la tête de Lord Builtman, la célèbre devise de son manoir : I grow and I rejoice, c'est à dire Je prospère et Je me réjouis, Ah!Ah!Ah! Apparemment, sa fortune semblait être assurée par son manoir, comme s'il tenait entre ses mains les tenants et les aboutissants du prochain siècle! Dès qu'il entra dans son labora-toire, le robot humanoïde dans son coin s'agita et lui lança un clin d'oeil en lui disant : Décidément, ce Harris quel garçon formidable, n'est-ce pas, John? Mais comment a-t-il deviné que je m'appelais, Joe le farceur? lui demanda-t-il en secouant sa tête en fer. Mais qui ne sembla pas impressionner Lord Builtman qui se dirigea vers son établi où il eut la surprise de voir que son invention avait été terminée pendant son absence! Mais est-ce toi qui l'a terminée? lui demanda-t-il en ce retournant. Mais oui, bien sûr John, qui veux-tu que ce sois d'autre, Ah!Ah!Ah! ria le robot qui semblait avoir trouvé une âme dans on ne sait quel tiroir magique! Et l'on se demandait, non sans frayeur, si cette âme n'appartenait pas à ce Joe le far-ceur qui avait visiblement plus d'un tour dans son sac? Décidément, les ancêtres de Lord Builtman était de sacrés numéros à en croire les faits où Joe le farceur semblait être le treizième de la dynastie sans qu' on en soit pour l'instant vraiment certain, n'est-ce pas, mon cher lecteur? Car tout compte fait, vous étiez vous aussi embarqué dans cette histoire fantastique où il vous serait très difficile d'en sortir, croyez-moi, Ah!Ah!Ah! Bien évidemment, vous allez me dire que vous ne croyez pas au surnaturel parce que ça n' existait pas! Bien, bien, mais pouviez-vous m'en apporter la preuve, mon cher lecteur? En attendant, j' attendrai votre réponse avec impatience, Ah!Ah!Ah!

Mais que comptes-tu faire de lui? demanda soudainement Lord Builtman à Joe le farceur incarné par le robot humanoïde. Mais pourquoi ne pas l'inviter aux jeux de Crawley où j'aurai le plaisir de l'enfermer dans mon livre? lui dit le robot avec un air de vampire. Mais je ne pense pas qu'il acceptera, car n'oublie pas qu'il est un médium et qu'il sentira aussitôt le piège! dit Lord Builtman en regardant son drône extrac-teur de feuilles mortes comme une merveilleuse machine multiservices. Mais pourquoi ne pas mettre un joli trophée ou une forte récompense pour le vainqueur? ajouta Joe le farceur qui désirait la personne du jeune Harris dans son livre pour avoir une vie plus riche et plus foisonnante. A l'évidence, ce grand livre posé sur la commode dans le grenier semblait contenir la Vie qu'Eric avait encore du mal à percevoir! Et penses-tu qu'Eric serait prêt à me le livrer? demanda-t-il à Lord Builtman qui fut étonné par ce marchan-dage machiavélique. Je crois que tu te fais beaucoup d'illusions, Joe. Car d'après ce que j'ai pu ressentir en discutant avec lui, il y tenait beaucoup en le considérant comme son propre fils! Mais s'il veut garder sa place de majordome au manoir ne serait-il pas prêt à le sacrifier? insista le robot sans coeur, Mais que veux-tu dire par là? lui demanda John. Mais de savoir que son neveu Harris ferait partie désormais du manoir de Crawley! lança-t-il comme pour enfonçer le clou. Lord Builtman, étonné par cette étonnante proposition, tourna aussitôt la tête vers le plafond comme pour sonder l'imagination inépuisable de son ancêtre, puis réfléchissant un instant, il dit : Il est possible après tout qu'il l'accepte sachant qu'il l'aura auprès de lui pour le restant de ses jours! Mais vas-y molo avec lui, car il devra connaître la vérité en temps voulu afin qu'il puisse réfléchir sans se sentir coupable d'un quelconque crime! T'inquiète, John, fais moi confiance, car je compte lui faire une bonne surprise quand il ira chercher les portraits de nos an-cêtres dans le grenier, Ah!Ah!Ah! Ainsi, je lui apprendrai toute la vérité sur le manoir de Crawley où en tant que majordome, il ne pourra qu'être en accord avec moi en lui proposant de faire partie de notre grande famille, Ah!Ah!Ah! Je trouve que tu y vas un peu fort, Joe, mais après tout, c'est une excellente idée vu qu'il est un vieux célibataire qui n'a plus de famille à part son neveu Harris avec qui il pourra vivre éternellement dans le manoir de Crawley, Ah!Ah!Ah! ria Lord Builtman en se saisissant de son drô-ne pour l'essayer à l'extérieur. Quand il sortit du labo, le robot redevint aussitôt un objet inanimé où l'â-me de Joe le farceur s'était volatilisée comme par enchantement!

Pendant ce temps, non loin de Cambridge, dans une loge de bonne...

Harris, qui n'avait pas eu cours ce matin, était installé conforrtablement dans son fauteuil et lisait la sel-ection naturelle des espèces, un livre de Charles Darwin. Et comme il ne faisait pas très chaud pour la saison, afin d'économiser son chauffage, il avait tendu une couverture sur l'unique fenêtre de son logem-ent située au dernier étage d'une vieille batisse Victorienne. A ses pieds se trouvait une table basse où éta-ient posés un cendrier et un paquet de tabac et curieusement une pipe! Au point qu'on se demandait si Ha-rris n'avait pas l'esprit démodé pour fumer de nos jours la pipe qui, il est vrai, lui donnait de la prestance auprès de ses amis fortunés qui pour la plupart consommaient des acides pendant les soirées récréatives, Ah!Ah!Ah! A l'évidence, nous étions très loin, mon cher lecteur, du cercle des poètes disparus qui eut en son temps beaucoup du succès auprès de la jeunesse, mais qui paraissait aujourd'hui comme une vieille antiquité, Ah!Ah!Ah! Décidément, les époques se succédaient, mais ne se ressemblaient pas du tout, n'est-ce pas? Et malgré qu'il soit peu fortuné, il avait réussi à intégrer cette jeunesse dorée grâce à ses profess-eurs qui l'avaient déclaré comme un garçon d'une extrème intelligence, mais apparaissait comme une tâ-che dans ce milieu prévilégié en fumant la pipe tel un dragon, mais aussi en portant toujours des vestons à carreaux! Décidément, un garçon bien original! pensaient souvent ses camarades de Cambridge, mais sans lui en tenir grief car il était un pauvre intelligent, ce qui était assez rare à trouver, n'est-ce pas? Ah!Ah!Ah! Absorbé par la lecture de son livre sur Darwin dont la théorie sur la sélection naturelle des espèc-es était complètement obsolète, Harris semblait prendre du plaisir à le lire et afin de le redoubler se saisit de sa pipe, la bourra de tabac qu'il embrasa avec une allumette, puis tira dessus comme sur une chemin-ée. Aussitôt, il sentit une chaleur envahir sa gorge et ses poumons se remplir d'une fumée enivrante qui ressemblait étrangement à un rite prehistorique afin d'acceder au monde de l'au-delà! Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il tirait ses pouvoirs de médium de ce rituel, mais y contribuait beaucoup, mon cher lecteur. Mais sans aucune comparaison avec Sherlock Holmes qui consommait de la cocaïne pour oublier ses problèm-es personnels, en essayant de refouler son homosexualité, mais surtout pour résoudre ses enquêtes d'une manière chirurgicale par la science des détails, n'est-ce pas? On avait parfois le sentiment qu'Harris essa-yait de ressembler à Sherlock Holmes par ses vêtements rétros et par sa pipe qui lui donnait un air de dét-ective foisonnant d'idées pour trouver la vérité! Sans oublier de dire à notre cher lecteur que plusieurs fois Scotland Yard l'avait contacté afin de résoudre des cas de rapt d'enfants dans le quartier de White-chapel sachant qu'il avait un don de médium. Mais quand il se déplaça sur les lieux en question, il fut tro-ublé par une présence fantômatique d'un certain Jack l'éventreur qui essayait de brouiller les pistes en permettant au pédocriminel de se volatiliser dans la nature.

Décidément, un enquête très difficile à mener où des criminels dans l'au-delà s'entraidaient comme par esprit de confrèrie! avait-il pensé en essayant de l'expliquer aux inspecteurs qui restèrent bouches bées devant ses propos en voulant du concrêt et non des histoires de fantômes! Mais grâce à ses dons de médi-um exceptionnels, il avait pu résoudre le problème en intervenant quelques secondes avant l'apparition du fantôme de Jack l'eventreur, dit l'embrouilleur, et réussit à suivre la trace du pédocrimiel jusqu'à chez lui, rue Amazon street, où il avait aménagé une cache indecelable derrière une banale armoire au fond amo-vible! Harris plongé dans le livre de Darwin et dans la fumée de sa pipe aux volutes bleutées semblait mé-diter sur cette affaire qui avait permis de sauver des enfants qui n'avaient jusque là rien fait de mal à l'hu-manité pour meriter une telle cruauté de la part d'un pervers sexuel. Tout en admettant que Charles Dar-win avait posé en son temps de vraies questions sur les espèces animales dont l'homme faisait partie, ma-is sans y répondre véritablement. Car à notre connaissance, on ne connaissait aucune espèce animale sur la planète qui enlevait ses semblables pour les torturer afin d'en tirer du plaisir, sinon cette espèce qu'on appelle l'espèce humaine, n'est-ce pas? Et en suivant ses projections sur l'évolution des espèces, ce genre de comportements aurait dû disparaitre sachant que la nature d'après sa théorie avait le but de parfaire ses créatures, n'est-ce pas? Décidément que de contradictions chez cet auteur à la sexualité refoulée! pensait Harris en expulsant de ses poumons une fumée grise et malodorante! Ses exploits de médium avaient été bien évidemment tenus sous silence par Scotland Yard afin d'éviter toutes représailles de la part des futu-rs criminels! Ce à quoi il tenait beaucoup pour assurer à ses études une tranquillité d'esprit dont elle avait besoin, n'est-ce pas? Au point qu'il n'en avait jamais parlé à ses camarades de Cambridge qui l'estimaient très intelligent, mais non dotés de pouvoirs surnantuels! Bref, c'était un secret auquel il tenait beaucoup et en avait seulement parlé à son oncle Eric qu'il considérait comme un père philosophe digne de savoir garder un secret! Toujours sur les grands doutes qu'éveillaient en lui, le livre de Darwin, il ne croyait pas que l'homme descendît du singe! Car pour l'instant, on n'avait jamais vu de nos yeux, un singe se transf-ormer en homme, n'est-ce pas? Sous entendu que sa théorie sur l'évolution des espèces étant permanente aurait dû nous le prouver, n'est-ce pas, mon cher lecteur? En fait, Harris semblait lire le livre de Darwin comme une bande dessinée qui avait mal veilli, mais qui avait gardé tout le charme retro du 19 ème siècle, Ah!Ah!Ah! Remarquant que sa pipe s'était éteinte, il posa son livre sur la table, puis la ralluma avec une allumette qu'il sortit d'une grosse boite sur laquelle était imprimée un Orang-outan!

Tiens donc quelle coïncidence! s'écria-t-il en se recalant dans son fauteuil avec un air méditatif et interr-ogatif. Suis-je un primate ou un homme? se demanda-t-il curieusement en regardant le dos de ses mains longues et fines heureux de ne pas les voir velues, comme celles des singes. Ah!Ah!Ah! ria-t-il soudaine-ment afin d'evacuer cette peur que le livre de Darwin avait éveillé en lui! A ce propos, quand il lisait un livre bien écrit, il avait souvent l'impression de se métamorphoser en un être multiforme composé de tous les personnages du roman à cause de ses dons de médium. Au point qu'il les choisissait toujours à la librairie avec une grande prudence pour éviter de devenir un monstre, Ah!Ah!Ah! Tout en remarquant que les livres écrits par les femmes le rendaient particulièrement fou par la surabondance des détails psycho-logiques sans importance, Ah!Ah!Ah! Etonnamment, il lisait peu de romans policiers et de thrillers, car il était peu attiré par les crimes de sang, mais plutôt par les choses paranormales où ses études s'inscrivaient totalement par l'ouverture d'une nouvelle section à l'université de Cambridge où l'on traitait le paranor-mal comme une suite logique des contes et des légendes ancestrales! Décidément être médium n' était pas forcément un cadeau dans l'existence, mais une lourde responsabilité pour garder une bonne santé men-tale! assumait-il en reposant la boite d'allumettes sur la table afin de penser à des choses plus agréables. Comme à son anniversaire de ce soir que ses camarades comptaient lui fêter pour ses 25 ans de célibat, Ah!Ah!Ah! Ce qui lui mit aussitôt du baume sur le coeur avec une folle envie de se travestir pour l'occ-asion. Car depuis plusieurs jours, il avait confectionné un costume dont la forme conique ressemblait à un volcan d'où sortirait la fumée de sa pipe afin de montrer à ses camarades qu'il était pas loin d'entrer en irruption, ce qui n'était pas loin de la vérité, Ah!Ah!Ah! ria-t-il en pensant à l'effet que ça allait faire. Pen-dant qu'il savourait son plaisir, on pouvait apercevoir par dessus le fauteuil, où il était confortablement installé, des coupures de presse épingler sur le mur relatant l'affaire du kidnapeur de Whitechapel et celle des deux disparus du manoir de Crawley! Où sur la première son nom était mentionné nulle part bien que Scotland Yard ait pu résoudre l'enquête grâce à ses dons de médium. Quant à la deuxième affaire, toujo-urs non illucidée, la célèbre institution n'avait pas souhaité faire appel à ses services pour ne pas impor-tuner la vie universitaire du jeune homme! Visiblement, la police n'était pas prête à changer du jour au lendemain ses methodes d'investigations pour ne pas mettre au chômage une grande partie de ses fonctio-nnaires, Ah!Ah!Ah! On avait le sentiment qu'il avait découpé ces articles de presse pour s'en faire comme des trophées avec l'intention de résoudre la seconde affaire des disparus de Crawley sachant que son on-cle y travaillait comme majordome. Mais après sa visite de la semaine dernière, où il fut pris d'une crise de fous rires incontrôlés, il savait désormais qu'un certain Joe le farceur était le potentiel coupable, mais sans être parvenu à le localiser dans le manoir! Bref, les tenaient-ils toujours en otage dans une pièce se-crète et inaccessible ou bien les avaient-ils tués pour des raisons inavouables? Et pour quelles raisons exactement? se demandait Harris intrigué en se levant de son fauteuil pour se diriger vers la coupure de presse en question où une énigme semblait relever du paranormal, pensa-t-il en y posant les doigts dessus comme un sorcier des temps modernes!

Soudainement, il sentit aux bouts de ses doigts comme de petites décharges électriques qui, remontant à la surface de ses bras, enclenchèrent dans son cerveau des visions hypnotiques! Sans bien le savoir, Harris venait d'enclencher ses pouvoirs de médium où ses doigts, collés magnétiquement à la feuille de papier journal, ressemblaient à des antennes captant des ondes inconnues des scientifiques! L'important étant po-ur lui, bien évidemment, de se mettre en résonance avec ce signal qui ne semblait pas venir de l'espace, mais du tréfond de la Terre! Habillé en pyjama et pieds nus devant sa coupure de presse, Harris sentit so-udainement des ondes telluriques parcourir ses jambes, puis son corps pour rejoindre son cerveau où il fut projeté violemment dans le manoir de Crawley! Apres qu'il ait passé ce mur du son, non sans ressentir un fort ébranlement pour son psychisme, il aperçut avec surprise Lord Builtman qui était en train de pilo-ter un drône dans son jardin sans en connaître la raison exacte! Puis se déplaçant par l'esprit dans le man-oir, il aperçut son oncle en train de taper avec un grand bâton sur de lourds rideaux en vu de faire tomber la poussière qui s'y était déposée dessus semble-t-il depuis des siècles, Ah!Ah!Ah! Et pour éviter d'en rec-evoir plein les yeux, il s'était coiffé d'un grand chapeau dentelé le faisant ressembler à une vieille femme de l'empire Victorien, Ah!Ah!Ah! Parfois, pour tuer son ennui, il regardait à travers la vitre son maître s' amuser comme un enfant avec son drône avec cette angoisse qu'il lui demande prochainement de le pilo-ter pour enlever les feuilles mortes qui s'étaient accumulées dans les cheneaux du manoir? Mais aussitôt, il repoussa le rideau pour ne plus y penser et continua à battre les rideaux, comme on batterait le gôelier de ses angoisses existentielles! Epuisé par ce travail et visiblement en nage, Eric retira son chapeau pour pouvoir respirer un peu, puis le frappa contre son genoux pour évacuer la poussière qui s'y était déposé dessus, puis s'en servit tel un éventail pour se rafrâichir le visage. Ah comme ça fait du bien! lâcha-t-il du bout des lèvres en apercevant un nuage de poussière flotter au dessus de la pièce. Attendons un peu qu'il se dissipe, pensa-t-il en reprenant son souffle avec l'intention d'aller chercher dans sa loge un aspirateur. Pendant qu'Eric cherchait à faire au mieux son travail, l'esprit d'Harris avait dèjà envahi les lieux et ente-ndit soudainement un appel au secours, mais sans pour autant le localiser! Aussitôt, il emprunta le grand couloir qui menait à la bibliothèque et au laboratoire de Lord Builtman où il aperçut un homme étrange-ment habillé de couleurs barriolées se tourner dans sa direction et lui dire avec une voix de petite fille: Au secours, Harris! Au secours, Harris, délivrez-nous de ce méchant homme qui nous avait pris en otage, Ah!Ah!Ah! ria-t-il monstrueusement afin de lui montrer son mépris. Harris comprit soudainement qu'il était en présence de Joe le farceur qui semblait avoir toujours plus d'un tour dans sa poche pour ridiculi-ser les autres, n'es-ce pas? Mais sachant qu'il avait été détecté par le monstre barriolé, il décida de rompre la connexion médiumique pour se voir réapparaitre chez lui dans sa loge de bonne où il s'écrasa au sol comme épuisé par un long voyage. En revenant à la réalité, quelque peu désabusé par son expérience mé-diumique ou enquête criminelle, il se demandait comment la prochaine fois, il allait pouvoir déjouer les pouvoirs surnatuels de Joe le farceur?

Avant de prendre sa douche, Harris semblait préoccupé par quelque chose qu'il n'arrivait à identifier et se dirigea instinctivement vers son poste de télévision, non sans appréhension. Quand il l'alluma, il sentit dès les premières images comme une grande tension dans les commentaires des journalistes et saisit qu'il s'était passé quelque chose de grave au centre de Londres! Quelques instants plus tard en tendant attenti-vement l'oreille aux moindres mots, il comprit qu'un attentat islamique avait eu lieu sur le London-Bridge en faisant une dizaine de morts dont un grand nombre avait été projeté dans les eaux de la Tamise lors du choc avec le véhicule transformé en belier! Oh mon dieu, mais c'est le drame que j'avais préssenti! s'écria-t-il en constatant que la lecture de Darwin avait comme occulté l'évènement, mais sans pour aut-ant étouffer un malaise général. Ce qui signifiait pour lui qu'une lecture soutenue avait l'effet de l'éloign-er de la réalité ainsi que de ses dons de médium en l'estimant comme un moindre mal ou une soupape de sécurité, n'est-ce pas? Puis remontant le fil de sa pensée, il saisit que cette envie soudaine de prendre une douche, quelques minutes plus tôt, ne fut pas un hasard, mais en lien direct avec cet attentat où l'eau était présente, comme l'élément essentiel où le crime s'était passé! Quand il eteignit son poste de télévision, il avait une grande angoisse d'aller dans sa salle de bain prendre sa douche où le contact de l'eau sur sa peau risquait de provoquer en lui d'horribles visions de noyades! Mais pour ne pas fuir sa malédiction, Harris semblait prêt à assumer ses dons surnaturels où il n'était plus question pour lui de trouver le criminel (car la police l'avait semble-t-il abbatu), mais de vivre les derniers instants de ces personnes que le destin avait jeté cruellement dans les eaux glacées de la Tamise! Tout en espérant que ses dons de médium ne l' entraînent pas à se métamorphoser en poisson ou en créature gluante sous sa douche! Ah!Ah!Ah! ria-t-il afin de dissiper ses angoisses. Car parfois pour une raison inexpliquée ses expériences méduimiques tou-rnaient mal et se retrouvait chez lui sous la forme d'un hideux animal ou bien menotté à son radiateur sans savoir comment il allait pouvoir se libérer! Ca ressemblait étonnamment à un bug paradoxal où sa métamorphose en jeune étudiant sympa n'était pas entièrement terminée! pensait-il alors. Mais avec une patience hors du commun et des nerfs d'acier, il réussissait à réintégrer son corps de jeune homme où son psychisme avait subi un choc si puissant qui lui était vital de se coucher quelques heures pour retrouver ses forces ainsi que sa santé mentale! Et si par hasard quelqu'un frappait à sa porte pendant ces moments paradoxaux ou son retour vers la réalité, il était alors inaccessible aussi bien à ses amis qu'aux livreurs d'Amazon ou d'Uber Eats! Quand il entra nu comme un vers sous la douche et qu'il tourna le robinet, le contact de l'eau sur sa peau déclencha aussitôt sur son corps une série de tremblements qui l'expédièrent de l'autre côté des vivants en se voyant marcher sur le London-Bridge avec sa fiancé! La veille, ils avaient pris un vol de Paris pour passer un week-end à Londres! Le temps était merveilleusement beau pour la saison et il tenait chaudement la main de sa fiancé, Bianca, pour pas-ser ensemble le plus beau week-end de leur vie tout en voulant améliorer leur anglais approximatif!

Leur petit hôtel se trouvait à quelques rues de là où ils avaient pris un petit déjeuner à l'anglaise pour ne pas déroger à la tradition et s'imprègner de cette ambiance particulière d'outre-manche. Big Ben venait de sonner 10H et reveiller à 6 kilomètres à la ronde, l'esprit conservateur des Anglais ainsi que le coeur des touristes en mal de traditions qui duraient. Dans l'air s'entremêlait étrangement l'odeur du passé et de la modernité par la vivacité de ses habitants dans les rues ainsi que par l'activité frénétique de la City qui était le poumon économique de Londres, mais aussi de l'Angleterre! A l'hôtel, avant de sortir, Baptiste avait pris sur le comptoir des petits dépliants pour leur facilité la visite de Londres et de ses monuments avec un plan à l'intérieur pour s'orienter facilement sans être un géomètre. Et Bianca était alors heureuse que son fiancé ait pris les devants comme un chevalier servant! En empruntant le London-Bridge pour accéder au centre de Londres, le jeune couple semblait sur son petit nuage et Baptise avait pris la main de sa compagne où il sentit la bague de fiançailles qu'il lui avait offert tout récemment. Autour d'eux be-aucoup de bruits généré par la foule et par la circulation automobile, quand tout à coup, ils furent perc-utés violemment dans le dos par un banal taxi Londonien qui avait apparemment quitté la chaussée! Au-ssitôt, Harris sentit un choc brutal le projeter contre le mur de sa douche, puis l'élever dans les airs en vo-yant l'eau de la Tamise s'approcher dangereusement de lui comme une bouche d'ombre! Bianca, Bianca, retiens-moi! lança-t-il d'une façon désespérée avant de plonger dans les eaux glacées et sales de la Tam-ise. Mais Bianca resta muette, le corps allongée sur le bord de la chaussée où la voiture bélier lui avait brisé la mâchoire et les deux jambes en étant séparée cruellement de son amoureux. Où l'on voyait maint-enant s'écouler de ses yeux, fermés par la douloureux, des larmes se mêler tragiquement à son sang, com-me un drame qui semblait désormais irréversible. Soudainement, Harris fut pris de suffoquements quand il entra dans l'eau glacée qui paralysa tous ses membres en se voyant noyer sous ses yeux sans pouvoir agir par sa volonté! En position feotale dans sa douche où l'eau coulait sans interruption sur lui, Harris coulait et coulait au fond de la Tamise tel un corps sans vie que le fleuve allait charrier tel un débris pour nourrir les poissons! En un éclair de temps, il vit la vie de Baptise défiler devant ses yeux en marche arri-ère où les images s'effaçaient définitivement les unes après les autres, comme annonçant la fin d'un film, celui de sa vie!  Puis brutalement, son rêve médiumique s'arrêta quand un grand noir obstrua sa vision en attendant patiemment son retour vers la réalité. Quelques instants plus tard, il aperçut avec bonheur à tra-vers les rideaux de la douche, la petite lampe electrique de salle de bain et poussa comme un ouf de sou-lagement! Aussitôt, il se releva non sans difficulté et referma le robinet comme on refermait la porte de la maison des horreurs! Epuisé par cet effort surhumain, il se traîna jusqu'à son peignoir qu'il enfila comme une seconde peau, puis noua le cordon autour de sa taille et partit dans le salon se jeter dans son fauteuil tel un naufragé qui venait de subir une très grosse tempête émotionnelle et spaciotemporelle!

Se sentant désormais en sécurité dans son fauteuil, qu'il considérait comme un Havre de paix, Harris fer-ma les yeux en pensant à quelque chose de plus joyeux, comme à son anniversaire que ce soir ses amis lui fêteraient pour ses 25 ans de célibat, Ah!Ah!Ah! ria-t-il avant de s'endormir profondément.

Pendant ce temps là, au manoir de Crawley..

Eric était en train de passer l'aspirateur sur le grand tapis qui recouvrait la pièce qu'on appelait dans le manoir, la chambre mauve. Car pour des raisons étranges ou peut-être historiques qu'on ne connaissait pas, toutes les pièces vacantes ou non utilisées avaient un nom correspondant à la couleur de ses tentures, rideaux et tapis qui pourraient alors surprendre plus d'un visiteur occasionnel du manoir, je vous l'assure, mon cher lecteur! Comme la chambre jaune ou la chambre bleue qui parfois effrayait Eric quand il devait s'y rendre pour faire le ménage et plus précisément enlever la poussière qui s'était accumulée au fil des ans! Décidément, un travail quotidien et de longue haleine dont il ne voyait jamais le bout vu la vieillesse du manoir de Crawley où vivait apparemment que deux individus, lui et Lord Builtman, mais dont l'entr-etien semblait une entreprise de titan! Sans oublier, bien évidemment, le fantôme de Joe le farceur qui rô-dait dans les lieux afin de ne pas laisser tranquille ses habitants, Ah!Ah!Ah! Eric, inconsciemment en pa-ssant l'aspirateur, pensait à toutes ces choses pour lesquelles il avait été embauché comme majordome et homme à tout faire! reconnaissait-il en essayant de trouver du plaisir à son travail ingrat. Et régulièrem-ent, il passait devant la fenêtre, poussait le rideau pour regarder son maître s'amuser avec son drône com-me un enfant. Quand à son grand étonnement, il l'aperçut avec une grande maîtrse retirer un tas de feui-lles mortes des cheneaux d'evacuations grâce à une pince intégrée à son drône au point de vouloir l'app-laudir pour son exploit! Mais le bruit assourdissant de l'aspirateur le ramena aussitôt à la réalité en com-prenant que le sac devait être plein de poussière vu le rugissement du moteur. Merde alors! lâcha-t-il, comme découragé par son travail qui semblait sans fin en l'éteignant avec le bout du pied qu'il garda posé dessus afin de reprendre son souffle et de s'éponger le front avec son mouchoir blanc brodé aux lettres du manoir de Crawley! Où les deux lettres BC l'avaient toujours intrigué en se demandant si elles signifiaie-nt Builtman Compagnie ou bien Builtman Crawley ou peut-être autre chose? se demandait-il en essorant son mouchoir où sa sueur coulait comme son sacrifice consenti au destin du manoir de Crawley, Ah!Ah!Ah! Afin d'aérer la pièce, il partit ouvrir les fenêtres, puis retira les houses de protection des meubles po-ur les secouer à l'extérieur où Lord Builtman avait disparu à son grand étonnement! Mais entendait très bien le bruit de son drône au dessus de la toiture tel un gros frelon! A l'évidence, son maître ne s'ennuyait pas en sachant bien que le quartier de la City avait été fermé suite à des menaces à la bombe! pensait-il en refermant les fenêtres après qu'il ait secoué suffisamment les houses pour pouvoir les remettre à leurs pl-aces, malgré une monotonie axée uniquement sur la domesticité et le nettoyage permanent du manoir.

Avant de sortir, il jeta un dernier coup d'oeil à l'ensemble de la pièce, rendue comme un sou neuf par ses soins en esquissant un sourire de satisfaction, celui du travail bien fait, puis emporta avec lui son aspira-teur qui était étonnamment lourd, remarquait-il, comme si la poussière du passé avait accumulé un poids mystèrieux au fil des ans! Mais aujourd'hui, plus rien ne l'étonnait! remarquait-il en le traînant avec lui, comme un lourd fardeau à travers les escaliers du manoir. Où plusieurs fois, exténué par la fatigue, il s'a-rrêta pour s'éponger le front avec son mouchoir où il aperçut avec terreur quelques traces de sang, co-mme si le manoir voulait lui suçer le sang tel un vampire jusqu'à la dernière goutte? se demandait-il en voulant rejoindre au plus vite sa loge où il comptait vider son sac. Car mon cher lecteur, n'aviez-vous pas en ce moment, comme Eric, l'envie de vider votre sac afin de vous sentir plus léger dans l'existence? Ah!Ah!Ah! Pourtant un geste très banal à accomplir, puisque libérateur, mais qui semblait vous tétaniser, n' est-ce pas? Car même si la majorité d'entre nous connaissait très bien cette expression, peu à vrai dire était prêt à l'appliquer dans la vie au risque de perdre ses meilleurs amis, bien évidemment. Sous entendu que personne n'accepterait d'être le vide-sac ou la poubelle des autres en recevant en pleine figure les re-proches justifiés ou non de son meilleur ami sachant qu'il pouvait être en plein délire ou au bord de la maladie mentale, n'est-ce pas? A moins d'avoir les épaules assez larges et solides pour pouvoir le supp-orter tel un Atlas ou un saint, ce qui ne courait pas les rues, je vous l'assure, mon cher lecteur, Ah!Ah!Ah! Quand Eric arriva tout en nage dans sa loge, il s'éffondra sur la petite banquette qu'il avait aménagée dans un renfoncement du mur pour se reposer sans être vu par son boss durant son service. La tête renversée en arrière, il regardait du coin de l'oeil son aspirateur qu'il semblait détester au point de vouloir le détruire pour ne plus avoir à aspirer la poussière à longueur de journée dans le manoir! Pourtant, il n'était pas à plaindre, car Lord Builtman le payait très bien en tant que majordome et homme à tout faire, n'est-ce pas? Mais pour ne rien vous cacher, mon cher lecteur,  Eric se sentait vraiment seul dans la vie pour ne s'être jamais marié et semblait accuser le coup en sentant monter en lui des regrets que rien ne pouvait désorm-ais atténuer la douleur! En se sentant condamné à vivre sans amour et sans joie jusqu'à la fin de ses jours et, prenant conscience de cette chose irrévocable, il se mit soudainement à pleurer à chaudes larmes dans son coin comme un petit animal blessé mortellement! Quand soudainement, alors que ses mains recouv-raient son visage pour essayer d'arrêter ses larmes, il sentit une main sur son épaule et une voix lui dire : Eric ne pleure pas, je suis là aussi pour toi! En ouvrant subitement les yeux, Eric aperçut à sa gauche, l' incarnation de Joe le farceur qui avait semble-t-il entendu ses gémissements à travers le manoir. Etonna-mment, il ne prit point peur, mais le regardait avec fascination. Car Joe le farceur avait l'aspect d'un beau jeune homme qui se baissa à sa hauteur pour lui prendre les deux mains, comme celle d'un frère qu'il retrouvait après des siècles de séparation! Même si Eric savait que Joe le farceur n'était qu'un fantôme, il n'était pas pour le moins une présence reconfortante à ses côtés. Emus par leurs retrouvailles inespérées, ils souriaient tous les deux comme deux enfants dont la solitude incommesurable les rapprochait.

Où l'un avait choisi délibérement la domesticité pour l'occulter et l'autre, Joe le farceur, l'amusement per-manent pour occuper son éternel ennui d'être immortel, Ah!Ah!Ah! Alors, mon cher lecteur, pensiez-vous toujours que Joe le farceur puisse être un homme cruel comme le pensait Harris? Dans l'hypothèse que les deux disparus du manoir de Crawley pouvaient être toujours en vie, mais dans une autre dimension, comme dans le grand livre siègeant dans le grenier? Et pourriez-vous croire un seul instant que cela put constituer un crime d'absorber les âmes des vivants pour les intégrer sous une forme littéraire? Car pour-quoi ne pas alors accuser les écrivains d'être aussi des criminels? Oui, je sais, mon cher lecteur, beaucoup de questions mystérieuses à propos de cette histoire dont j'étais loin d'avoir résolu le mystère en tant qu' écrivain, puisque le manoir de Crawley semblait me cacher bien des choses! Et je me demandais, non sans frayeur, si pour élucider ce mystère, je devais me laisser absorber par son grand livre, avec le risque de ne plus en ressortir? Tel était semble-t-il le dilemme qui me pendait au nez en tant qu'écrivain où je ne serais plus le maître de mon récit, mais qu'un personnage parmi d'autres! Ce qui pour ne rien vous cacher me tétanisait, car j'étais un conteur et non un acteur ou un comédien! Qui ce dernier ne demandait en vérité qu'à se fondre dans la peau d'un personnage de fiction pour se sentir exister. Car dans la vie, il n'avait au-cune personnalité, ce qui n'était pas mon cas, bien évidemment. Mais il était hors de question pour moi de montrer un signe de faiblesse au manoir de Crawley et que ma seule perspective fut de laisser parler mes personnages afin de connaître la vérité! Mais ce livre dans le grenier à qui appartient-il? demanda soudai-nement Eric à Joe le farceur. Ce dernier, se sentant gêné par la brutale question, se releva et se frotta les mains comme l'air très embarrassé. Pendant un instant, il pensa que Joe allait s'évaporer dans le manoir pour ne pas lui répondre. Mais après un lourd silence, Joe le fixa des yeux et lui dit : Mon cher Eric, ce li-vre appartient au manoir depuis le règne d'Henry 8 jusqu'à nos jour où il consigne tous les faits qui s'y sont déroulés! Mais toi qui es tu? lui demanda-t-il un peu brutalement en sachant bien que Joe n'aimait pas passer au tribunal des vivants dont les réponses seraient forcément fantômatiques. Mais ne voulant pas lui cacher la vérité, car il était rare qu'on demandât son avis à un fantôme, il lui dit : Je suis une éma-nation du manoir qui veille sur sa destinée ainsi que sur la dynastie des Builtman pour qu'elle puisse acc-omplir de grandes choses dans le monde! Et notre premier ancêtre s'appelait Edmond Builtman dit Bart-abus qui était le bibliothécaire et le bouffon personnel du roi Henry 8! Eh ben, ça alors! s'écria Eric en comprenant soudainement la personnalité rigolote du manoir dont la devise était : Ici on se cultive et on se réjouit! Décidément tout semblait désormais s'emboiter à ses yeux! pensait-il après qu'il ait ravalé ses larmes grâce à l'intervention magique de Joe le farceur. Et cette femme avec son enfant dans le cadre pho-to qui étaient-ils? lui demanda-t-il afin de connaître l'histoire récente du manoir de Crawley. C'était la première épouse de Lord Builtman et son premier enfant qu'il a dû offrir au manoir comme l'exigeait la tradition instituée par Bartabus depuis plus de 400 ans! dit-il sans rien vouloir lui cacher.

Quelle bien cruelle tradition! lâcha-t-il en pensant au pire sachant que le maître de Bartabus avait été He-nry 8 dit le cruel! Mais sans oser lui demander si Lord Builtman les avait assassiné pour qu'ils puissent appartenir éternellement au manoir! Et à ce sujet, Joe le farceur qui pouvait aussi lire dans les pensées d' Eric ne comptait pas lui répondre afin d'entretenir le mystère ainsi que chez le lecteur, Ah!Ah!Ah! Car à l'évidence, nous avions ici à résoudre un mystère littéraire où il s'agissait de comprendre comment le ma-noir avait pu absorber dans son grand livre des êtres faits de chair et de sang, sinon en les éliminant physi-quement, n'est-ce pas? Cette énigme semblait troubler Eric au point de regarder Joe comme le complice d'une série de crimes, non élucidés, puisqu'on avait jamais retrouvé les corps! Et si ces crimes s'étalaient sur une période de 400 ans, il était désormais absurde de porter plainte auprès de la justice sachant que les familles et les inspecteurs étaient morts depuis fort longtemps! en déduisait-il avec quelques amertu-mes dans la bouche. Aussitôt dans sa tête, il entendit résonner comme un grand chaos où passé et présent s'affrontaient, comme deux titans chargés d'anachronismes spaciotemporels! Bref, pendant qu'il essayait de retrouver ses esprits, Joe souriait d'une façon diabolique en le regardant chercher des réponses qui lui étaient inaccessibles en ignorant qu'il était piégé dans un présent et dans un passé relativement court! Mis en face de cette abîme insondable dont il ne pouvait cerner les contours, Eric dans un sursaut d'imagi-nation, pensait qu'il devait avoir dans le manoir, une salle de téléportation où les corps des vivants étaient réduits en lettres et en mots afin qu'ils puissent entrer dans le grand livre. Ah!Ah!Ah! surgit soudainement le rire de Joe le farceur qui ajouta avec mépris, et pourquoi pas en encre de Chine? Ah!Ah!Ah! Mais avant de disparaître, il lui souffla à l'oreille : N'oublie pas de prendre soins de mes ancêtres quand demain tu les descendras du grenier, car ils ne supporterons pas de voir la moindre égratinure sur leurs portraits, Ah!Ah!Ah! Quelque peu agacé par les propos mesquins de Joe, il se redressa aussitôt sur ses jambes et aper-çut à ses pieds son aspirateur qui se mit à parler tout seul : Eric, il faut vider mon sac, car j'ai mal au ven-tre, Ah!Ah!Ah! Encore un coup de Joe! pensa-t-il d'une manière désabusée en l'ouvrant et en constatant à sa grande surprise que le sac avait été vidé. Avec le sentiment que Joe lui avait déballé son sac en voulant le rassurer sur ses intentions cachées. Après cette rencontre extraordinaire avec le fantôme du manoir de Crawley, il avait la conviction que le premier ancêtre de Lord Builtman, appelé Bartabus, avait dû décou-vrir le secret de la pierre philosophale et qu'il devait se cacher dans les lieux un laboratoire d'alchimiste pour opérer la mutations des corps en textes littéraires! Ce qui n'était pas d'une totale absurdité, pensa-t-il, en imaginant que nous puissions être à l'origine un texte écrit par la nature, puis transformé en chair et en os par on se savait quel miracle où était inscrit une fois pour toute notre personnalité et nos caractères physiques!

Ca ressemblait beaucoup à l'ADN, mais pas exactement puisque pour l'instant aucun scientifique n'avait reussi à recréer un homme à partir d'une souche ADN! Mais revenant à sa première intuition, il pensait toute fois qu'il était possible d'inverser le processus en transformant notre enveloppe charnelle en texte littéraire afin de l'intégrer dans un livre où la vie continuerait à évoluer! A l'évidence, Bartabus avait rés-olu ce tour de force inimaginable pour la plupart des hommes de science, alors qu'il n'était qu'un bou-ffon, celui du Roi Henry 8! Bien évidemment, tout cela pouvait prêter à rire! reconnaissait-il en saisiss-ant que la bouffonnerie ou le comique put avoir du génie, mais totalement méprisé pas nos hommes de science qui se croyaient les sauveurs de l'humanité, Ah!Ah!Ah! Car il devenait évident pour lui que le co-mique Bartabus pouvait aussi sauver l'humanité, non pas seulement par le rire, mais en l'intégrant dans un livre et pourquoi pas afin qu'elle survivve à la prochaine catastrophe nucléaire? se demandait-il en plein délire en rangeant son aspirateur, comme Data, le robot intelligent de star trek, Ah!Ah!Ah! Etrangement, il avait le sentment que le mot comique et cosmique avait une origine commune et qu'un jour, il verrait sous ses yeux le rire métamophoser un homme en lettres de feu! Dans sa tête, tout semblait chamboulé au point qu'il pensait avoir besoin d'une semaine de repos pour retrouver ses esprits, Ah!Ah!Ah! Tout en esp-érant que Joe le farceur ne le désintègre pas avec un pistolet laser pour l'intégrer dans le grand livre sous une forme romanesque! Soudainement, il se demanda si pour combler son immense solitude, il ne devrait pas adopter un chien? Mais Lord Builtman l'accepterait-il à moins de lui proposer de le laisser dans le pa-rc pour protéger la proprièté? rêvait Eric pour avoir enfin un fidèle compagnon dans la vie et non un fant-ôme. Le soir venu, quand il apporta le repas à Lord Builtman dans le grand salon, ce dernier lui demanda de dîner avec lui! Ce qu'il prit de bon coeur en s'asseyant en face de lui pour pouvoir se parler. Car il était prêt à le féliciter pour son exploit de l'après-midi où il avait rèussi à nettoyer les cheneaux d'évacuations grâce à son drône, mais aussi à lui parler de cette possibilité de prendre un chien pour protéger la propri-ièté des cambrioleurs en vu d'avoir un fidèle compagnon, mais sans lui avouer. Mais à sa grande surprise, Lord Builtman alluma la télévision et lui dit d'un air enjoué : Mon cher Eric, ce soir on va regarder Alien, Ah!Ah!Ah! Ce qui plomba aussitôt l'ambiance ainsi que toutes ses ésperances. Mais avec le sentiment que son maître savait tout sur sa rencontre avec Joe le farceur qui sans s'esquiver lui avait dit tout ce qu'il devait savoir sur le manoir de Crawley. Et qu'il était fort possible, vu les attentions de Lord Builtman à son égard, qu'il le considère comme un membre de sa famille! Pendant que le film commençait avec une musique térrifiante, Eric avec les nerfs à fleur de peau et se demandait s'il n'allait pas accoucher d'un mo-nstre comme Alien? Mais pour le rassurer, Lord Builtman lui souhaita un bon appétit avant de plonger dans cette térrifiante histoire se passant à bord d'un vaisseau spacial éloigné de toute civilisation où le manoir de Crawley avait quelques ressemblances, n'est-ce pas?

Mais après qu'il ait fini son repas, Eric épuisé de fatigue tomba de sommeil et s'écroula au bord de la tab-le. Sacre bleu! s'écria Lord Builtman en voyant son majordome dans une position qu'il n'avait pas l'habit-ude de le voir. Apparemment, cet après-midi il avait dû trop travailler! pensa-t-il avec compassion pour son homme à tout faire qui ne ménageait pas ses efforts pour entretenir le manoir en bon état. Sans nier que Joe le farceur n'y avait pas été mollo avec lui où le pauvre Eric avait dû encaisser une charge émotio-nnelle équivalente à la charge d'un taureau, Ah!Ah!Ah! Mais ne voulant pas le réprimander, puisqu'il fai-sait partie désormais de sa famille, Lord Builtman se leva et partit l'aider à se relever, puis le porta entre ses bras comme un enfant jusqu'à sa loge! Joe le farceur, qui était témoin de cette scène cocasse ou jam-ais vue dans l'histoire de la domesticité, fut soudainement transporté par l'émotion en voyant le maitre de la maison porter son majordome jusqu'à son lit! Ah!Ah!Ah! ria-t-il avec jubilation où visiblement le dés-ordre social lui donnait toutes les raisons de se réjouir, n'est-ce pas? Mais qui n'était pas du tout parado-xal pour un être immortel dont l'ennui était le pire enneni, je vous l'assure, mon cher lecteur. Lord Bui-ltman qui était fort et costaud comme un boeuf anglais n'eut aucune difficulté pour ramener Eric jusqu'à sa loge où il le déposa dans son lit comme une petite mère. Mais avant de le quitter et de poursuivre son film Alien à la télévision, il le couvrit affectueusement d'une couverture afin qu'il ne prit pas froid. Mer-ci, John! lâcha à mi-mots Eric qui semblait très touché par l'attention de son maître avant de sombrer dans un sommeil profond. Oh comme c'est attendrissant tout cela, Ah!Ah!Ah! ricanca Joe le farceur qui déci-dément n'avait jamais sommeil en pensant à la prochaine farce où Lord Builtman lui avait promis deux de ses enfants pour son grand livre car les plus incapables de la fratrie, Ah!Ah!Ah! Justement, à ce propos, mon cher lecteur, n'aviez-vous pas quelques haines cachées envers vos frères et soeurs qui avaient mieux réussi que vous dans la vie et du respect pour ceux qui avaient royalement échoué, comme vous? Ah!Ah!Ah! Décidément, la famille était le lieu d'un carnage permanent qui prendra fin quand tout le monde sera mort, n'est-ce pas? Ah!Ah!Ah! Ah vivement la fin du monde! semblait-elle espérer avec impatience afin de fuir sa propre famille ainsi que l'humanité qui l'oppressait par son incessante recherche de la gloriole, Ah!Ah!Ah! Je ne savais pas bien pourquoi, mais en tant qu'écrivain, j'avais le sentiment que l'esprit de Joe le farceur avait déteint sur le mien avec la hantise qu'il m'ait ensorcelé! Ce auquel, je devais faire très attention afin de ne pas disparaître en tant que conteur. Car mon histoire ris-quait de devenir une farce littéraire et non plus une histoire fantastique où la vérité devait surgir pour apporter à tous les hommes l'espoir d'une possible immortalité sous la forme littéraire! Sans pour autant mépriser son rire sarcastique qui en disait long sur sa personnalité et sur sa capacité à transcender le réel pour nous porter au-delà de la raison, n'est-ce pas?

Je ne dirais pas pour autant qu'il était un fou, mais plutôt un génial thérapeute qui savait comment soig-ner les hommes par le rire aux vertus encore insoupçonnées, pensais-je en reprenant le cours de mon hist-oire qui ne manquait pas de surprises inattendues pour moi. Mais je tenais absolument qu'il respecte mon indépendance d'écrivain afin que je puisse le peindre en toute honnêteté même si parfois, il me dégoûtait. Mais de ne pas l'entendre ricaner une nouvelle fois dans ma tête me semblait la preuve qu'il avait entendu mon message et qu'il était prêt à me laisser continuer mon histoire, n'est-ce pas, mon cher lecteur?

Le lendemain matin..

Lord Builtman, qui devait se rendre tôt ce matin à la City, n'osa pas réveiller Eric qui à première vue do-rmait comme une souche en allant le voir dans sa loge. Ce qui n'entacha aucunement sa bonne humeur en s'affairant dans la cuisine pour se préparer son petit déjeuner en essayant de faire le moins de bruit possi-ble pour ne pas réveiller son majordome visiblement épuisé par sa journée d'hier. Comme Eric était un garçon très organisé, Lord Builtman trouva dans le frigo tout ce qui lui fallait pour se préparer un copi-eux breakfast grâce à un ensemble de boites en plastique où se trouvait des haricots rouges, des pommes de terre, du poisson frit, du bacon, du riz, des oeufs brouillés prêts à l'emploi etc. Et à le voir manipuler avec gourmandise toutes ces boites, qu'il sortit du frigo pour les poser sur la table de la cuisine, il semb-lait avoir un grand appétit et très content de retourner à son bureau à la City pour reprendre ses affaires. Et de mettre les mains à la pâte, ce matin, comme tout à fait approprié pour commencer une bonne jour-née d'une manière pratique, n'est-ce pas, mon cher lecteur? Car qu'est-ce que faire des affaires, sinon faire la cuisine dans les règles de l'art, n'est-ce pas? Et l'important pour lui ce matin était de ne pas faire tout griller sur le feu, Ah!Ah!Ah! Ah mais que ferais-je sans mon homme à tout faire? se demandait-il avec ét-onnement en sortant une assiette du placard et des couverts qu'il posa sur la table. Dans le même élan, il posa une poële sur le feu où il versa un peu d'huile pour se faire des oeufs brouillés qu'il comptait acc-ompagner avec des haricots rouges aussitôt versés dans une petite casserole qu'il posa sur le second feu de la cuisinière. Hum, hum, comme ça sent bon! dit-il en tournant ses oeufs brouillées dans la poële, co-mme s'il s'agissait d'une question de vie ou de mort. Bref, pendant qu'il brouillait ses oeufs dans la poële, il pensait à milles choses afin de reprendre contact avec la réalité que la nuit avait plongée dans un chaos indescriptible où tout business fut impossible, Ah!Ah!Ah! ria-t-il en apercevant avec délivrance le jour poindre à travers la fenêtre. Décidément que de temps perdu à dormir! s'indignait-il en surveillant sur le feu son repas où ses oeufs brouillées étaient sur le point de se transformer en omelette et ses haricots ro-uges en pâte d'haricots. Mais d'un geste rapide, il ferma le gaz et retira la casserole du feu pour verser le contenu dans son assiette qu'il couronna de ses oeufs brouillées effectués dans les règles de l'art. Hum, hum, comme ça sent bon! dit-il en s'asseyant en face de son assiette avec un appetit de lion où business et nourriture étaient pour lui synonymes de combat pour la survie! Pour compléter son breakfast, il n'hesita pas à se servir un verre de Bordeaux dont la bouteille était restée sur la table par oubli, pensa-t-il, mais qui l'arrangeait bien! L'horloge de la cuisine pointait 7 heures 30 du matin et un grand silence régnait dans le manoir au point d'entendre le léger ronflement d'Eric venir de sa loge. Car d'habitude, son major-dome se levait à 6h du matin et il se demandait, non sans méfiance, si Joe le farceur ne l'avait pas drogué ou bien dérèglé l'alarme de son réveil? Sachant que pour s'amuser, il était prêt à tout pour tuer son ennui, pensait-il avec lucidité en dévorant son repas.

Pendant qu'il reprenait des forces pour se battre contre les hommes, Eric dans un profond sommeil rêvait qu'il avait convaincu son maître d'adopter un chien et se voyait dans le parc en train de s'amuser avec son nouveau compagnon en lui envoyant une baballe, puis se rouler ensemble dans l'herbe! Et pour ne pas pr-ovoquer d'incident diplomatique croyait-il avec Lord Builtman, il l'avait appelé Gandhy, mais s'était juré de le tenir en laisse à chaque fois qu'il le croiserait dans le manoir, Ah!Ah!Ah! En sachant bien que son m-aître voulait restaurer la grandeur de l'empire britannique par des moyens modernes et non pas en recolo-nisant l'Inde, bien entendu. Sur son visage, un grand bonheur semblait se dessiner à la vue d'une solitude enfin comblée grâce à un quadripède qui ne demandait qu'un faible entretien! pensa-t-il d'une manière ju-dicieuse. Mais ce qu'Eric ignorait totalement durant son sommeil, c'est que le fantôme de Joe le farceur veillait à ses côtés en le regardant dormir comme un petit enfant! Oh comme il est beau quand il rêve! re-marquait-il avec attendrissement en ne voulant pas le reveiller afin de contempler un si beau spectacle. Aussitôt, il s'empara du reveil sur la table de nuit et régla l'alarme sur midi pour son plaisir de farceur, Ah!Ah!Ah! D'autant plus qu'il savait que John s'absenterait de la journée pour reprendre ses affaires à la City. Parfois, l'on se demandait s'il n'avait pas pris possession de son âme pour en faire son joujou, Ah!Ah!Ah! Mais où se trouvaient exactement le rêve et la réalité, je me demandais en admirant ce beau table-au que Joe le farceur voulût bien me montrer pour m'attendrir où tout semblait se confondre, le jour co-mme la nuit ou bien l'encre et le papier d'un livre? Etions-nous vraiment réels ou seulement les fantômes de notre âme qui désiraient s'incarner pour ne pas devenir fous? Telles étaient les étranges questions que me posaient cette drôle d'histoire où je ne savais pas s'il fallait en rire ou en pleurer sachant que pleurer de joie ou de tristesse me semblât très proche, n'est-ce pas? Apparemment, Joe voulait jouer avec moi, non pas en utilisant un jeu de miroir, mais un grand kaléidoscope où son corps était divisé en une infinité d'éléments impossibles à remettre dans l'ordre! Mais une chose à laquelle, je ne comptais m'attaquer pour ne pas devenir dingue. C'était semble-t-il l'étrange marché qu'il avait fait avec moi pour que je puisse écr-ire et découvir à la fin de mon livre, son vrai visage! Serait-il alors monstrueux ou magnifique? je me de-mandais non sans quelques frayeurs. Mais pour l'instant, je n'en savais rien compte tenu de l'avancée de mon livre qui était à son tout début. Bref, j'avais l'impression de m'attaquer à un immense puzzle où il pouvait s'y cacher de mauvaises pièces afin de m'égarer tellement il était farceur, Joe! Ce qui me deman-derait alors un temps infini pour le reconstituer, n'est-ce pas, mon cher lecteur? Et comptait-il absorber mon histoire dans la sienne pour en faire une jolie farce à l'italienne ou bien la laisser s'épanouir pour qu' elle devienne une oeuvre d'art?

Telle était l'ironique question que je me posais pour découvrir la vérité, non pas en me confrontant à l' homme, mais en pratiquant l'écriture où les mots finiraient par fusionner et produire une immense energ-ie où vérité et réalité ne feraient qu'un. Sous entendu qu'il s'agissait pour nous d'entrer en contact avec l' univers qui nous avait formé à partir de poussières d'étoiles, n'est-ce pas? Et dans cet ordre cosmique, mon rôle était de découvrir la formule magique qui avait permis à Bartabus, l'ancêtre de Joe le farceur, de métamo-rphoser les êtres vivants en mots pour les intégrer à son livre monde! Insensiblement, il me sem-blait m'approcher de la vérité avec des moyens peu orthodoxes, qui n'étaient pas des idées, mais des mots magiques renfermant des pouvoirs insoupçonnés! Et bien évidemment, en tant qu'écrivain, j'avais hâte de les découvrir afin d'accomplir ma mission sur terre qu'on appelle mon Karma! A ce propos, on disait sou-vent que du chaos naissait l'ordre, ce qui était pour moi totalement vrai, ainsi que son contraire. Avec l' intime conviction que l'ordre n'était qu'un état temporaire du monde qui produisait son propre chaos ass-imilé à un desordre arrangé, Ah!Ah!Ah! A ce propos, n'aviez-vous pas comme moi, mon cher lecteur, le sentiment d'être en guerre permanente avec vos semblables et la socièté? Apparemment, entre l'ordre et le désordre, il n'y'avait qu'une infime différence au niveau cosmique, n'est-ce pas? Et si le désordre était à l'origine de la vie pourriez-vous le concevoir? Et si guerre et paix n'était qu'une illusion à nos petits yeux d'humains, supporteriez-vous ce changement de paradigme sans flancher? Dans la cuisine, Lord Builtman semblait manifester de l'impatience à reprendre ses affaires, mais aussi de l'insatisfaction pour ne s'être pas assez rassasié. Aussitôt, il se leva et partit regarder dans le frigo où à sa grande surprise, il aperçut un fondant au chocolat lui faire de l'oeil. Tiens donc, toi tu tombes à pic! dit-il en le saisissant, puis en le glissant dans le micro-onde pour le réchauffer un peu. Il faut dire que le fondant au chocolat était son péché mignon qu'Eric connaissait parfaitement en en fabriquant régulièrement pour son maître sachant qu'il se conservait très bien pendant des semaines au frigo. Car ce que Lord Builtman adorait, quand il en-tamait son fondant au chocolat avec sa petite cuillère, c'était de voir s'écouler dans son assiette une petite marée noire ressemblant à un puit de pétrole, Ah!Ah!Ah! Décidément, le capitalisme qu'il y avait en lui ne pouvait pas se passer de ce petit plaisir ainsi que de manger des financiers, Ah!Ah!Ah! Sans vous cacher que son plaisir secret était de dévorer ses concurrents ou de les écraser comme des fourmis durant les Crawley's games dans le manoir. Mais qui pour l'instant avaient été mis en stand by suite à la disparition des deux jeunes étudiants que Scotland Yard avait classée, comme une disparition mystérieuse. Ah!Ah!Ah! ricana soudainement Lord Builtman en dévorant son fondant au chocolat et en pensant à ses deux adversaires qui avaient osé le défier dans sa propre demeure! Où il faut dire que dans les Crawley's games tous les coups étaient permis, Ah!Ah!Ah! Visiblement, Lord Builtman qui s'était rassasié sufisamment avait retrouvé son esprit de carnassier et de compétiteur, n'est-ce pas? Et que son démon de minuit fut plutôt un lève tôt afin d'affronter à la City des combats de tigre!

Avant de sortir, il entassa toute la vaisselle dans l'évier pour faciliter le travail de son majordome, puis il prit un bloc note où il écrivit dessus : Mon cher Eric, je n'ai pas osé vous réveiller ce matin, car vous dor-miez comme une souche. Mais je vous assure que j'ai trouvé tout ce qu'il fallait dans le frigo pour bien me restaurer. Mes compliments pour votre esprit d'organisation! Je serai absent pendant toute la journée et ne m'attendez pas pour le midi. Et puis avec tout le travail qu'il y a dans le manoir, je ne pense pas que vous vous ennuierez, n'est-ce pas? A ce soir!" Puis Lord Builtman détacha le post it et le colla sur la po-rte du frigo afin qu'il soit bien visible par son majordome.

Reour chez Harris..

Etendu dans son lit, entre rêve et réalité, il pensait à cette fabuleuse soirée qu'il venait de passer avec ses camarades de Cambridge où les surprises avaient été à la hauteur pour marquer ses 25 ans de célibat, Ah!Ah!Ah! ria-t-il avec désinvolture. Car il s'agissait d'une soirée costumée où tout le monde y avait été avec son petit grain de folie. Comme Bobby, un de ses amis, dont les tendances homosexuelles étaient connues de tous, qui avait revêtu une robe de mariée pour lui demander sa main en prenant à témoin tous ses cam-arades, Ah!Ah!Ah! ne put-il alors s'empêcher de rire en acceptant le mariage, mais à condition qu'il puisse demander le divorce avant la fin de la soirée, Ah!Ah!Ah! Ce qui déclencha aussitôt une cascade de rires parmi les étudiants où l'un d'eux accepta de jouer le rôle de l'avocat en étant habillé d'une robe de magist-rat, Ah!Ah!Ah! Décidément, dans cette soirée costumée, toute la socièté anglaise semblait représenter, remarquait-il, en apercevant le prince Harry et Meghan fumer un joint sur un canapé recouvert d'une hou-se aux couleurs de la couronne britannique et la reine Elysabeth mordre son frein devant ce spectacle pit-oyabe, Ah!Ah!Ah! Puis Gandhy faire la morale à Winston Churchill qui exédé lui écrasa son gros cigard sur son pagne, Ah!Ah!Ah! Sans oublier, un nazi chaussé de bottes rutillantes, aller de groupe en groupe pour s'introduire dans les conversations d'une manière très démocratique! Quelle bien étrange soirée! se disait-il en se retournant dans son lit afin de trouver la meilleur position pour éviter l'enkilosement. Pen-dant que le jour commençait à envahir sa chambre à travers la fenêtre, il avait le sentiment de renaître à la vie en sortant d'un mauvais cauchemar où la lumière du jour se répandait sur son plafond, comme une promesse d'amour! Et s'il concevait que le simulacre de son mariage avec Bobby fut une bonne plaisante-rie peut-être que ce dernier ne le voyait pas de cette façon, n'est-ce pas? se demandait-il avec lucidité, co-mme si tous ses sens avaient été dérèglés par ses loufoques camarades dont certains avaient consommé des acides et autres stupéfiants afin de vaincre leur timidité naturelle. Mais étions-nous vraiment les per-sonnes qu'on affichait aux regards des autres? s'interrogeait-il avec gravité en se retournant une nouvelle fois dans son lit pour s'appuyer sur son coude, comme sur un bon ami. Mais ayant une nature de médium, il avait toujours vécu par son imagination et rarement à travers ses semblables pour éprouver de grandes émotions! Telle était son étrange malédiction que Bobby, même s'il fut amoureux de lui, ne put jamais conjurer le sort. Soudainement, il se sentit très seul au milieu de son grand lit où il attendit un miracle in-térieur pour anéantir toutes ses douleurs humaines, bien trop humaines! pensa-t-il en tombant subitement dans un sommeil profond. Comme si cette fuite hors de la réalité, causée par un mécanisme inconscient, lui permettait d'abolir le temps et donc ses souffrances intérieures!

De nouveau libéré des contingences humaines et des qu'en dira-t-on, il pensait à son oncle Eric qu'il con-sidérait comme son père adoptif et se demandait ce qu'il pouvait bien faire en ce moment, sinon faire le ménage dans le manoir de Lord Builtman? Afin de le savoir exactement, Harris par ses dons de médium entra aussitôt dans une sorte de transe afin d'établir une communication avec le manoir où à sa grande su-rpise, il l'aperçut en train de dormir profondément! Et pour le moins surprenant, Joe le farceur était éten-du à ses côtés et veillait sur lui, comme une petite mère. Tiens donc, mais qu'est-ce qu'il fait là, le mon-stre? se demandait-il en étant destabilisé dans ses certitudes. Mais qu'est-ce qu'il migotait celui-là en étant prêt à tout pour tuer son ennui? réitéra-t-il aves méfiance. Quand soudainement, Joe le farceur sentit sa présence dans la chambre et se leva de mauvais humeur en cherchant dans l'obscurité l'ombre masquée d' Harris. Où visiblement, le jeune étudiant de Cambridge l'avait dérangé en le sortant de son rêve où il s'ét-ait emparé de l'âme de son oncle! En voyant dans cette ingérence, comme une concurrence déloyale où lui seul avait tout pouvoir sur Eric qui faisait partie désormais de la famille des Builtman. Mais qu'Harris ignorait totalement ou ne pouvait concevoir. Il avait le sentiment que Joe le farceur voulait lui voler son oncle pour des raisons qu'il ignorait à moins qu'elles fussent machiavéliques! Décidément, il était bien le kidnapeur qu'il avait identifié la première fois en lui attribuant la disparition des deux jeunes étudiants lors des Crawley's games! pensa-t-il avec la ferme intention de ne pas le laisser faire avec son oncle! Et la première idée qui lui vint à l'esprit était de le réveiller afin de faire fuir le fantôme de Joe le farceur. Mais en avait-il le pouvoir? se demandait-il en doutant de ses dons de médium. Car s'il pouvait visiter des lie-ux grâce à son esprit, il n'avait jamais essayé de déplacer des objets dans ces mêmes lieux en y voyant pas l'utilité pour découvrir la vérité avec le risque de modifier la scène du crime pour ainsi dire! Mais n' était-ce pas ici l'occasion rêvée pour sauver son oncle de l'emprise de Joe le farceur? se demanda-t-il en cherc-hant la solution dans ses pouvoirs de médium dont il ne connaissait pas encore l'étendu. Mais en se dépla-çant dans la chambre de son oncle le plus discrêtement possible, Joe le farceur semblait l'observer afin de connaître ses intentions. Car ce qu'Harris cherchait inconsciemment, c'était un point d'appui sur lequel poser son esprit et s'en servir comme un levier pour déplacer un objet et réveiller son oncle qui semblait avoir été drogué par Joe le farceur. Car lorsqu'il se rapprocha du visage de son oncle, il l'aperçut tout en sueur en train de gémir des mots incompréhensibles! Ce qui l'inquièta beaucoup, alors que Joe était d'un calme olympien. Quand pour le moins inattendu, il le vit remonter la couverture sur Eric afin qu'il ne prit pas froid!

Ce qui le plongea aussitôt dans une totale incompréhension en ne sachant pas s'il s'agissait d'un coup de bluff de Joe pour l'attendrir et l'éloigner ou bien quelque chose de totalement sincère de sa part? Juste ciel, mais comptait-il lui voler l'amour de son oncle sous ses yeux sans qu'il puisse réagir? se demanda-t-il pris d'une rage folle en cherchant le moyen d'intervenir le plus vite! Poussé par les évènements, il lui sembla nécessaire d'aller au-delà de deplacer un objet pour réveiller son oncle, mais de s'incarner à dist-ance! Mais une chose à laquelle il n'avait jamais pensé en ne connaissant pas l'étendu de ses dons de médi-um par la crainte d'un retour impossible en un seul morceau! Puis scrutant les murs de la loge, il aperçut une lithographie de Krishna qui semblait l'interpeler par sa lueur bleutée et lui indiquer la voie pour inca-rner son esprit dans la pièce et régler ses comptes à Joe le farceur. En fixant intensément, cette ancienne lithographie, il sentit soudainement une immense energie envahir son esprit qui se transforma sous ses yeux en chair et en os où Joe le farceur ne put qu'admirer ses pouvoirs surnaturels! Je savais bien que tu y arriverais! Ah!Ah!Ah! ria-t-il en se trouvant en face de lui où un combat semblait se profiler pour gagner l'amour d'Eric, cet eternel célibataire que les dieux semblaient se disputer la fidélité pour n'être jamais trahi par un des leurs! On avait le sentiment qu' Eric se trouvait au centre d'un conflit de pouvoirs qui ne datait pas d'hier, mais depuis toujours où servir les maitres de la demeure ou les dieux fut un enjeux stra-tégique pour garantir leur tranquillité d'esprit afin d'entreprendre des guerres de tout ordre! Plongé dans un profond sommeil, Eric semblait ignorer complètement l'enjeux pour lequel on le disputait jusque dans sa chambre à coucher sachant qu'il n'était qu'un domestique ou un homme à tout faire. Mais il est vrai indispensable pour faire tourner une maison et assurer la tranquillité des lieux, n'est-ce pas? Bref, pend-ant qu'il reprenait des forces pour assurer son labeur quotidien, comme la terre accomplissant sa rotation autour du soleil, Joe et Harris se faisaient face à face comme deux guerriers pour savoir qui gagnerait son amour exclusif. Dans la pénombre de la chambre, on apercevait deux jeunes hommes qui se ressemblaient étrangement par la jeunesse de leurs traits, alors que Joe avait au moins 400 ans et Harris 25 ans! C'était sans aucun doute, un combat entre le passé et le présent qui s'opposait ici où Joe était habillé élégamment comme un dandy de l'époque victorienne et Harris d'un polo et d'un jean! Mais apparemment, aucun des deux n'avaient peur de l'autre où Joe contrairement à ce qu'on allait penser n'allait pas se jeter sur le jeune étudiant pour le mettre en morceau, mais lui dit : Je suis désolé, Harris, mais Eric est désormais la propr-ièté du manoir où Lord Builtman l'a admis dans sa famille, comme un des siens! Comment un des siens? Fulmina Harris qui n'était pas du tout d'accord sur cette décision arbitraire. Désolé, mais il est désormais un Builtman et tu ne pourras rien y changer, Ah!Ah!Ah! ria Joe en jetant à la figure d'Harris une poussière magique qui interromput brutalement sa connection médiumique en le reexpédiant chez lui.

Quand il se redressa dans son lit, il sentit aussitôt sur son visage une étrange couche de poussière le reco-uvrir. Humilié d'avoir été reexpédié brutalement par Joe le farceur comme un boulet de canon, il se jeta hors du lit et partit dans la salle de bain. Après qu'il ait allumé la lumière, il aperçut soudainement son vi-sage se refleter dans le miroir qui était recouvert d'un masque bleu tel un masque tribal! Bizarrement, il ne prit point peur, mais le fixa avec étonnement, comme si son incarnation à distance avait laissé ces tra-ces de brûlures qu'il esperait temporaires. Mais quand il essaya de les nettoyer avec un gant de toilette, il s'aperçut que la couleur bleue persistait! Accablé par cette mésaventure peu commune, il faut le dire, il n' insista pas pour éviter de s'arracher la peau et partit s'asseoir dans son fauteuil en attendant que ce masque bleu disparaisse de lui-même à moins d'être la risée de tous les passants et de tous ses camarades de Cam-bridge, Ah!Ah!Ah! ria-t-il en pensant à ce mauvais scénario. Nul doute que Joe le farceur lui avait joué un mauvais tour pour le ridiculiser auprès du public en imaginant sa photo dans les journaux où il serait nommé l'homme qui venait de la planète bleue ou qui ressemblait à Fantomas, Ah!Ah!Ah! Méditant sur ce qu'il venait de se passer, il comprit qu'il avait perdu son combat contre Joe le farceur qui avait plus d' un tour dans son sac pour abattre ses adversaires, n'est-ce pas? Avec cette crainte qu'il ait perdu pour toujours l'amour de son oncle si Joe lui avait lavé le cerveau pour sortir son neveu de sa vie, comme on extirpe une tumeur maligne. Force était de constater que Joe avait tous les pouvoirs dans le manoir des Builtman et en abusait comme un tyran! reconnaissait-il en se malaxant le visage en vue de faire dispar-aître ce masque bleu qui l'handicapait énormément pour reprendre une vie normale en devant se terrer chez lui pour un temps indéterminé. Puis apercevant soudainement le livre de Darwin posé sur la table, il eut comme une révélation de faire partie désormais d'une nouvelle espèce d'homme à la face bleue qu'on pourrait nommer un extraterrestre! Ce qui le fit pas du tout rire en voulant continuer ses études et retrou-ver une vie sociale normale qu'on appelait terrestre, Ah!Ah!Ah! Visiblement, il avait voulu jouer avec le feu avec ses pouvoirs de médium se reprochait-il amèrement en attendant la fin de ce cauchemar bleu! Pour se changer les idées, il alluma la télévision et zappa sur la télécommande pour essayer de trouver une émission qu'il lui permit d'oublier sa nouvelle condition d'homme tel un bon dessin animé! Quand soudainement, il tomba sur un documentaire sur l'Inde et plus précisément sur les dieux indouistes où le visage de Krishna le frappa par sa ressemblance avec le sien. Sacre bleu! s'écria-t-il en se redressant sur son fauteuil. Visiblement, la lithographie de Krishna qu'il avait vue dans la loge de son oncle et employée comme un véhicule pour opérer son incarnation à distance semblait en lien direct avec son état actuel! pensa-t-il en suivant attentivement l'emission. Ainsi apprit-il par la suite que Krishna était un avatar ou l'incarnation du dieu Vishnou qui faisait partie de la trinité des dieux Indouistes avec Brahma et Shiva.

Où Brahma était le créateur de l'univers, Vishnou, le protecteur et Shiva le destructeur, ce qui lui sembla d'une parfaite harmonie pour gerer la marche du monde ainsi que la socièté des hommes qui ne manquait pas de complexité vu que l'homme était né d'un accident divin! pensa-t-il en se considérant lui-même co-mme victime d'une coloration bleue suite à son incarnation à ditsance. Dautant plus que Krishna signifi-ait en sanskrit, le dieu au visage bleu-noir ou barbouillé de suie suite à sa tranformation en avatar par Vishnou à partir d'un de ces cheveux! Harris avait comme les cheveux dressés sur la tête d'apprendre tou-tes ses révélations et se demandait si Joe le farceur n'avait pas un lien avec la magie de Krishna en étant lui-même un avatar du manoir de Crawley? Décidément que de coincïdences avec le passé du manoir qui avait vécu l'empire britannique, la colonisation de l'Inde et l'importation de ses dieux aux pouvoirs magi-ques! Il avait le sentiment d'avoir atteint une forme de divinité grâce à son voyage spaciotemporel hors du commun et replia instinctivement ses genoux sur le fauteuil pour prendre la position du lotus! Rempli d'une paix intérieure inattendue, son visage semblait refleter l'immensité bleue du ciel et de l' océan et ses yeux s'illuminer de pétales de fleurs. Youhhaa! lâcha-t-il avec la spontanéité d'un enfant choisi par les di-eux pour voir l'insondable comme les prophètes. Etait-ce une illusion ou bien la réalité? se demanda-t-il en sondant tous ses sens avec l'impression qu'ils étaient connectés au cosmos comme de colossales anten-nes téléscopiques! Mi-homme-mi-insecte, ainsi se voyait-il assis dans un fauteuil cosmique qui le propu-lsa à une vitesse vertigineuse entre ciel et mer! Quand quelques fractions de secondes plus tard, sa course s'arrêta brutalement où, ouvrant les yeux, il s'aperçut qu'il était arrivé aux confins du monde où brillait devant lui, un soleil colossal crépitant tel un feu ardent! Et si Icare s'y était brûlé les ailes à cause d'une ambition demesurée, il sentit qu'il y était parvenu d'une manière inattendue en explorant ses dons de mé-dium décuplés par la magie de Krishna. Et si près de cet astre de feu, qui donnait la vie à toutes les créat-ures vivantes, qu'il entendit soudainement dans sa tête : Je suis comme le soleil, je ne demande rien à per-sonne, car je possède en moi ma propre source de joie! Stupéfait par cette révélation solaire, il fut aussi-tôt projeté chez lui dans son fauteuil tel un boulet de canon. Décidément que de chocs brutaux depuis son incarnation à distance pour essayer de sauver son oncle! lâcha-t-il en dépliant péniblement ses jambes qui s'étaient enkilosées par un immobilisme d'ordre divin. La télé à ses côtés était toujours allumée et crépi-tait des sons étranges à travers les haut-parleurs et l'image était brouillée par des interférences inconnues! Ainsi comprit-il qu'il venait de se passer quelque chose d'extraordinaire dans sa vie en explorant les lim-ites de ses dons de médium! Car si Vishnou était le protecteur de l'univers, son avatar nommé Krishna l'était lui aussi par conséquent! en déduisit-il en ayant quelques doutes sur les intentions machiavéliques de Joe le farceur qui était aussi un protecteur, celui du manoir de Crawley, n' est-ce pas? Et qu'il devrait peut-être revoir sa copie en ne le voyant pas comme le fantôme qui voulait lui voler l'amour de son on-cle, mais comme son protecteur? s'interrogeait-il avec lucidité en reprenant le cours du documentaire qui relatait la jeunesse de Krishna dont la ressemblance avec Joe le farceur était étonnante.

Comme dans cette anecdote amusante où Krishna s'emparait des vêtements d'un groupe de jeunes filles qui se baignait dan un bassin pour les voir nues. En les posant au pied d'un arbre sur lequel il était monté en leur disant qu'elles n'avaient qu'a venir les chercher, Ah!Ah!Ah! Décidément, Krishna avait tout l'aspe-ct d'un sacré farceur, comme Joe, pensa-t-il en suivant l'émission avec attention où l'on présentait Krish-na une fois en joueur de flute, puis en vacher, en enfant, en guerrier, en protecteur des faibles etc. Bref, un dieu aux multiples facettes pouvant semer le trouble chez les hommes, mais qu'ils idolâtraient puisque né pour servir Vishnou, le protecteur de l'univers! Décidément, une figure humaine de la divinité accéssi-ble à tous les hommes insatisfaits et instables, n'est-ce pas? Bien évidemment, on était très loin de l'image du Christ qui n'était pas un type bien rigolo, n'est-ce pas? Ah!Ah!Ah! Car même si tous les chrétiens le considéraient comme une incarnation de dieu sur Terre, il n'avait pas subi de coloration suite à sa télépor-tation sur Terre! remarquait Harris en ayant quelques doutes sur son origine divine, mais plutôt terrestre venant d'un fou illuminé. Pat le fait que tout voyage spaciotemporel entraînait forcément des marques de brûlures sur son visage ou sur son corps, alors que celles du Christ étaient des blessures causées par les hommes et non par les dieux! A travers son voyage extraordinaire via Krishna, il semblait accéder aux se-crets des dieux où Jesus-Christ lui paraissait comme un mystère ou comme un homme qui se prit pour dieu? s'interrogeait-il en se malaxant le visage pour assouplir sa peau et atténuer les douleurs causées par le feu des dieux. Quand l'émission s'arrêta, il partit aussitôt dans la salle de bain pour voir si son emprein-te bleue avait disparu. Mais une fois de plus en allumant la lumière, il aperçut un visage d'extraterrestre apparaître sur le miroir! Merde, merde, merde, lâcha-t-il en colère contre lui-même et contre ses dons sur-naturels qui semblaient l'éloigner de la vie normale à laquelle il aspirait pour ne pas devenir fou. Pourt-ant, il venait de toucher des doigts la divinité et ne semblait pas entièrement satisfait par ce voyage extra-ordinaire que venait de lui offrir Krishna et Joe le farceur! Mais que cherchait-il exactement dans la vie? se demandait-il en se regardant bizarrement dans le miroir tel un inconnu qui se voyait pour la première fois. Instinctivement, il se rapprocha du miroir pour essayer de découvrir cette vérité dans les traits de son visage qui contrairement à sa pensée exprimaient plutôt une grande plénitude. Mais pourquoi essayait-il à tout prix de redevenir le jeune homme qu'il avait été autrefois? lui demanda subitement une voix intérie-ure. Mais pourquoi aurais-tu peur d'atteindre la perfection en accédant à l'éveil spirituel que tous les ho-mmes pourraient t'envier? insista la voix en résonnant dans sa tête tel un échos divin.

Visiblement troublé par ces révélations inédites pour lui, il esquissa un sourire devant le miroir et com-prit qu'il pouvait être heureux en assumant entièrement ses nouveaux pouvoirs et éclata de rire comme Krishna ou Joe le farceur auraient pu le faire en tant qu'incarnation de la divinité. Ah!Ah!Ah! Ah!Ah!Ah! ria-t-il éperdument en se tenant les côtes en sachant désormais qu'il possédait en lui, comme le soleil, sa propre source de joie! Et si tous les hommes étaient d'éternels insatisfaits, c'est parce qu'ils n'avaient pas encore trouvé en eux cette source de jouvence où coulait la jeunesse éternelle! entendait-il à travers ses yeux où sur son visage bleuté se réfletait l'immensité du ciel et de l'univers! Mais pour garder les pieds sur terre, afin de ne pas éffrayer ses semblables et ses camarades de Cambridge, il envisageait pour sa pro-chaine sortie de prendre une cagoule! Aussitôt, il partit vers le placard et fouilla à l'intérieur pour trouver assez rapidement une cagoule qu'il utilisait durant les rudes mois d'hiver, mais aussi à sa grande surprise, un masque d'anonymous et un masque de Donald apparemment utilisés dans les soirées festives avec ses copains! Ce qui le consterna pendant un instant vu que ces potiches n'étaient pas du tout pratiques pour passer inaperçu auprès de ses camarades, n'est-ce pas? Mais ne voulant pas lâcher l'affaire, il les emporta avec lui pour les essayer devant le miroir d'une manière objective. Mais quand il enfila la cagoule autour de sa tête, non sans quelques agacements, il aperçut soudainement dans le miroir apparaître une tête de braqueur voir d'un terroriste islamique qui le tétanisa sur place! Mais pour ne pas se laisser abattre, il la retira et essaya aussitôt le masque d'anonymous qui lui sembla très interessant pour le mystère qu'il pou-vait représenter aux yeux du public, mais totalement inopportun pour retrouver une vie normale! reconn-aissait-il lucidement en le retirant pour essayer le masque de Donald comme pour se remonter le moral. Mais une fois de plus, bien que son visage lui parut des plus sympathiques, il ne se voyait pas aller à la rencontre de ses camarades de Cambridge avec un masque de Disney, sinon se rendre ridicule à ses yeux, Ah!Ah!Ah! ria-t-il derrière son masque où se cachait une âme blessée de ne pouvoir retrouver la camara-derie d'une bande d'étudiants. Puis méditant sur sa situation hors du commun, il pouvait aussi justifier l'utilisation d'une cagoule dans la vie en disant à tous qu'il s'était brûlé le visage avec de l'huile de friture en faisant des frites! Ce qui était tout à fait crédible pour réintégrer l'université avec le sentiment d'avoir trouvé la meilleur solution pour sortir de ce sale pétrin où les dieux l'avaient mis, malgré lui, pensa-t-il en réenfilant la cagoule qui lui donnait toujours l'aspect d'un méchant homme pour lequel on était pas prêt à lui confier ses économies ni sa petite copine, Ah!Ah!Ah! ria-t-il par desespoir de cause en envisag-eant en dernier recourt de dissimuler la couleur de sa peau derrière un maquillage blanc, comme dans le théâtre japonais! Où tout compte fait, l'histoire racontait l'éternel combat entre les dieux et les hommes en y trouvant comme un parallèle saisissant avec le sien. Puisqu'il avait touché à la divinité se maquiller lui sembla comme la meilleur solution pour atteindre la beauté où la jeunesse n'était au bout du compte qu'un maquillage de la nature pour nous désirer les uns les autres, n'est-ce pas? Finit-il par accepter en re-tirant cette affreuse cagoule pour aller dans la salle de bain chercher sa trousse de maquillage qu'il utili-sait exclusivement pour ses soirées costumées avec ses copains et copines.

Décidément, il n'y avait pas de hasard! s'exclama-t-il en sachant que dans la vie, on apprenait vite ce que à quoi on était destiné, bref, soit à la bêtise des hommes soit à l'intelligence des dieux! Ce qui ne voulait pas dire que les hommes étaient des idiots par nature, mais que c'était souvent le mauvais etat de leur fin-ance qui les rendait idiots aux regards des autres d'où le désir des hommes supérieurs à vouloir se retirer de l'humanité pour échapper à ce calvaire, Ah!Ah!Ah! Mais un retrait qu' Harris n'envisageait pas pour l' instant à cause de son jeune âge afin de pouvoir rire encore de longues années avec ses camarades de Ca-mbridge, Ah!Ah!Ah! Mais où prolonger la vie estudiantine pour gôuter à la jeunesse éternelle d'un adole-scent lui sembla comme une aberration philosophique! pensa-t-il dans un éclair de lucidité. Car dotée d' une intelligence supérieure, il ne comptait pas tomber dans le piège du jeunisme dans ses vieux jours, co-mme ces adolescents attardés sur les réseaux sociaux qui frôlaient la débilité mentale, Ah!Ah!Ah! En con-fondant malheureusement la jeunesse éternelle avec l'idiotie d'un enfant, Ah!Ah!Ah! Bref, un jeu dans lequel ils nous arrivaient parfois de tomber en faisant l'enfant, n'est-ce pas? Et l'on disait, parait-il, dans la rumeur publique Athénienne, il y a fort longtemps, que Socrate jouait à faire l'enfant quand il n'arrivait pas à convaincre son interlocuteur, Ah!Ah!Ah! Décidément, les philosophes étaient eux aussi de sacrés farceurs! en concluait Harris qui par ses dons de médium pouvait accéder au savoir de l'humanité en une fraction de seconde au contraire des historiens qui devaient plancher toute leur vie au fond des livres pour apprendre quelques vérités sur le passé des hommes. Sans vous cacher, mon cher lecteur, qu'il m'ar-rivait parfois de me prendre pour mon grand-père pour ne pas écouter les sottises de la jeunesse où la surdité m'était d'un grand secours, Ah!Ah!Ah! Mais quel âge avait-on réellement : l'âge de ses artères ou bien l'âge de l'humanité? se demandait-il étrangement en se dirigeant vers la salle de bain pour aller se maquiller le visage, comme une actrice de cinéma dont l'écran serait le réel.

Retour au manoir de Crawley...

Au même instant retentit le reveil dans la chambre d'Eric qui le réveilla brutalement dans son lit! Quoi, midi pile! s'écria-t-il en voyant l'heure et en y croyant pas ses yeux d'avoir manqué le service du matin po-ur servir le petit déjeuner de Lord Builtman. Tout en remarquant avec consternation qu'il s'était endormi tout habillé! Oh la la, Oh la la, mais qu'est-ce qui a bien pu se passer la veille pour me retrouver dans un tel état? s'interrogeait-il avec sévérité en se levant brusquement pour saisir le reveil où il s'aperçut à son grand étonnement que l'alarme était réglée sur midi! Mais c'est quoi, cette histoire de fou? s'emportait-il à nouveau contre lui-même en le réglant sur 6 heures du matin, comme il devait être réglé. Abasourdi par la situation, il ne comprenait pas pourquoi son maître ne l'avait pas réveillé sachant qu'il était à son servi-ce jour et nuit. Mais ne voulant pas s'interroger plus ce que ça, sur les raisons personnelles de son maître, il partit en direction des cuisines où dans le couloir il sentit une odeur de nourriture! Ce que le surprit beaucoup, car tous les soirs, il nettoyait à fond la cuisine comme une bonne ménagère pour éviter que tout le manoir sente l'odeur de la bouffe. Tiens donc, comme c'est étrange! dit-il avec quelques promoni-tions sur son maître qui se voulait un homme pratique dans la vie. Quand il entra dans la cuisine, la prem-ière chose qu'il aperçut était la vaisselle entassée au fond de l'evier. Maintenant je comprends tout, dit-il avec un grand soulagement où visiblement lord Builtman s'était préparé tout seul son breakfast, comme un grand. Puis avançant dans ces lieux, qu'il connaissait par coeur, il aperçut un post it collé sur la porte du frigo et le détacha afin de le lire sans se tordre le cou: " Mon cher Eric, je n'ai pas osé vous réveiller ce matin, car vous dormiez comme une souche. Mais je vous assure que j'ai trouvé tout ce qu'il fallait dans le frigo pour bien me restaurer. Mes compliments pour votre esprit d'organisation! Je serai absent pendant toute la journée et ne m'attendez pas pour le midi. Et puis avec tout le travail qu'il y a dans le manoir, je ne pense pas que vous vous ennuierez, n'est-ce pas? A ce soir!" Aussitôt, Eric lâcha comme un ouf de so-ulagement de savoir que son maître ne lui en voulait pas. Sans plus attendre, il se dirigea vers l'évier pour s'attaquer à la vaisselle où elle était entassée. Mais avant cela, il prit un tablier pour ne pas salir son cos-tume de majordome auquel il tenait beaucoup et malgré qu'il soit froissé pour des raisons inadmissibles! se reprochait-il tout en essayant de deviner ce que Lord Builtman s'était préparé ce matin pour son break-fast. Des harricots rouges, des oeufs brouillés, un fondant au chocolat et un verre de Bordeaux reconnut-il aussitôt en passant l'éponge dans les assiettes et le reste. Ce qui lui fit énormément plaisir de savoir que Lord Builtman avait apprécié ses mets préparés à l'avance dans des boites pour ne pas être pris au dépou-rvu! s'autofélicitait en esquissant un grand sourire en faisant la vaisselle.

Ce qui était rarement le cas chez la plupart des femmes au foyer qui considéraient la vaisselle comme une corvée, n'est-ce pas, ma chère lectrice? Et parait-il, d'après les sondages, la raison d'un tiers des divorces chez les jeunes couples en ménage, Ah!Ah!Ah! ria Eric entre ses dents où les tâches ménagères étaient po-ur lui une occupation existentielle pour oublier son célibat qui parfois lui pesait. Mais n'aurait jamais voulu changer sa situation contre celle d'un petit mari mené à la baguette par une femme qui, dit-on, se comportait en dominatrice dans le foyer, Ah!Ah!Ah! ria-t-il à nouveau avec le sentiment d'avoir échappé au pire en évitant le mariage avec un monstre qu'on appelle une femme, Ah!Ah!Ah! De toute façon, on ne pouvait pas avoir le beurre et l'argent du beurre! reconnaissait-il avec honnêteté en s'adressant à lui-même comme à un vieux pote. Mais il est vrai, un principe que la plupart des femmes ne respectaient jamais afin de se repliquer sur la Terre sans aucune limité. Car parait-il, on leur avait dit tout enfant, ce que femme veut, Dieu le veut, Ah!Ah!Ah! En tout cas, un très mauvais enseignement des mères pour les filles qui prenait à témoin Dieu et l'Eglise pour répandre le chaos sur la terre, n'est-ce pas, mon cher lecteur? Avec les encouragements de la bible où les mots d'ordres étaient jouissez et multipliez-vous, ô belles créatures de dieu! Mais des principes qui en vérité l'effrayaient par leurs demesures. Car Dieu n'a jamais dit qu'il fallait se multiplier quand on était dans la misère, n'est-ce pas? Mais visiblement, les hommes et les fem-mes n'avaient rien compris aux lois de Dieu en se multipliant sur la Terre, comme des lapins, Ah!Ah!Ah! Sans penser un seul instant qu'un jour, il n'y aurait plus assez d'herbe pour tous les lapins ni de carottes, n' est-ce pas? En fait, Eric était convaincu que les hommes et les femmes détournaient les dix commandem-ents de Dieu pour assouvir leur désir inconscient de destruction! Et que toutes les lois de Dieu et de la nature ne pourraient suffire à les réformer à cause de leur nature changeante et peu fiable, n'est-ce pas? Au point de se demander si l'homme n'était pas un grand imbécile? Ah!Ah!Ah! A propos de folie, il m'est arrivé un jour de rencontrer un joueur pathologique qui trouvait toujours de l'argent pour jouer, mais jamais pour manger au point de mourir de faim, Ah!Ah!Ah! Vous faudrait-il d'autres exemples, mon cher lecteur, pour décrire ce fou qu'on appelle un homme? Ah!Ah!Ah! Et ce qu'on retrouvait de remarquable chez les hommes, c'est qu'ils se ressemblaient tous sur la terre et quelque soit leur religion ou leur cult-ure par cette folie de vouloir tous la même chose, c'est à dire la fortune et le bonheur! C'est à dire le beu-rre et l'argent du beurre, Ah!Ah!Ah! Tout en voulant ignorer qu'il y aurait un embouteillage monstrueux au portillon, Ah!Ah!Ah! Bref, beaucoup d'appelés et peu d'élus, n'est-ce pas, mon cher lecteur? Et lui qui avait choisi son célibat, comme un sacerdoce, il se sentait particulièrement épargné par cette course guig-nolesque de ses semblables pour le succès, Ah!Ah!Ah! ria-t-il en finissant la vaisselle avec une note de joie.

Il avait le sentiment de toucher à l'éternité par cette légerté que lui conférait son célibat entièrement assu-mé par lui-même. Où le manoir de Crawley ressemblait à une capsule spaciotemporelle où à l'extérieur l'agitation des hommes semblait une vaine tentative d'exister puisque tout sera détruit par les dieux imm-ortels. Et qu'en ne faisant pas partie de ce monde en dissolution permanente et de ses contingences, cela représentait pour lui une grande délivrance pour goûter au bonheur supréme des dieux qu'on appelait la plénitude. Tout compte fait, il n'était pas seulement le serviteur de Lord Builtman et de Joe le farceur, mais aussi de l'intemporel où tout était profondément approfondi et considérablement élargi pour saisir la vérité du monde. Collé contre l'évier de la cuisine, comme Posséidon à son trident, Eric semblait en extase devant les découvertes qu'il venait de faire en faisant la chose la plus banale au monde qu'on appe-lait faire la vaisselle, Ah!Ah!Ah! Où parfois l'éternité se dévoilait à vous parce que vous pensiez juste et que vous n'étiez pas entrainé dans le tourbillon des hommes dont l'empressement général était le grand ridicule. Comme dans cet empressement frénétique à trouver un emploi, un logement, à fonder une fami-lle, à faire des enfants, à les nourrir, à s'occuper de leur éducation, à préserver sa vie de couple, à mainte-nir la paix avec sa belle famille, à organiser les prochaines vacances avec ou sans le sou, etc. Bref, organi-ser l'enfer sur Terre, Ah!Ah!Ah! En s'encombrant d'un nombre incroyable de choses inutiles en pensant trouver au bout le bonheur, Ah!Ah!Ah! Ce à quoi Eric, le célibataire lucide, n'a jamais cru en pensant au contraire qu'un bagage leger eut suffit pour trouver le bonheur sans le besoin d'expérimenter l'enfer chez les hommes, Ah!Ah!Ah! En rinçant les assiettes sous l'eau du robinet, il avait le sentiment de laver son âme avec un geste des plus banals au monde ou l'éternité et l'éphèmère étaient écrits pour celui qui avait atteint l'éveil spirituel. Apparemment, le seviteur du manoir de Crawley avait atteint cet état supérieur de la conscience qu'on pourrait aussi nommer une hyperconscience de la réalité. Ce qui mettait bien évidem-ment Freud aux oubliettes avec son concept ridicule sur l'inconscience, Ah!Ah!Ah! ria-t-il en rangeant la vaisselle dans l'égoutoir, comme on rangeait le savoir dans le bon emplacement. Car pour un être éveillé, l'inconscience n'existait pas, mais plutôt l'hyperconscience du réel. A l'évidence, la psychanalyse était une tentative ratée pour trouver la paix intérieure, car le patient était écouté par un homme qui se prenait pour Dieu, Ah!Ah!Ah! Et bien qu'il soit agréable d'être écouté avec bienveillance par un de ses semblables, celui-ci n'oubliait jamais de vous démander à la fin de la seance, la somme de 150 euros pour couvrir ses frais d'honoraires, Ah!Ah!Ah! Décidément, la psychanalyse quelle imposture métaphysique pour soigner les hommes par un bavardage inutile et sans fin, n'est-ce pas, mon cher lecteur? C'est ce que pensait vrai-ment Eric qui se confiait peu aux autres à cause d'une grande pudeur où apparemment il était son seul confident.

Car seul le dialogue avec soi-même et d'une parfaite sincèrité permettait d'atteindre cette paix intérieure sanctionnée par une abolition de la pensée ou si vous voulez par la fin du grand mensonge humain. C' était comme atteindre le sommet de l'Himalaya pour découvrir de l'autre côté, une vaste plaine formée de grands lacs où le regard des dieux admirait leur beauté grandiose sur d'immenses miroirs. Calme et volupté semblaient être l'apannage des dieux, comme celui des hommes qui avaient atteint l'éveil spirituel en franchissant cette l'Himalaya de la pensée! Bref, où tout commentaire et bavardage furent dérisoires voir blasphématoires pour décrire un moment inouïe entre l'homme et Dieu! A l'évidence, pour lui, l'h-umanité s'était perdue dans un bavardage permanent avec elle-même faute de pouvoir s'élever au dessus de ses désirs matériels! Bref, c'était cogito tous les jours avec elle, Ah!Ah!Ah! où si vous voulez la prise de tête permanente avec ses frustrations, Ah!Ah!Ah! ria Eric qui semblait au sommet de son art pour av-oir peu de désirs à satisfaire par sa nature peu revendicative et hors du temps. Quand il termina la vaisse-lle, il donna un coup de serpillère en bas de l'évier où de l'eau avait coulé, puis l'essora avec énergie. Animé d'une volonté d'être parfait dans ses tâches ménagères, il débarrassa la bouteille de Bordeaux de la table pour la mettre dans le frigo. Comme ça, on ne gâchera rien! dit-il du bout des lèvres sachant qu'elle était entamée et qu'il la finirait dans les jours prochains. Puis donna un coup d'eponge sur la table où il y aperçut des tâches plus ou moins anciennes et finit par donner un coup de balai dans les recoins de la cui-sine où la saleté avait tendance à s'accumuler. Bon, déjà une bonne chose de faite! s'autofélicitait-il en ne sachant pas s'il allait manger vu l'heure qu'il était( midi trente à l'horloge de la cuisine) ou bien seulement prendre un bol de café au lait avec des tartines. Mais sentant son estomac particulièrement barbouillé par la nuit qu'il venait de passer, il décida de prendre un petit déjeuner à la française, c'est à dire un bol de ca-fé au lait avec des tartines beurrées et pourquoi pas avec de la confiture aux myrtilles? s'enthousiasmait-il d'avance comme lui rappelant son enfance dans la région du Bordelais. Il savait qu'il y avait mille choses à faire dans le manoir, mais sachant que Lord Builtman serait absent de la journée, il décida de se mettre à l'aise et sortit aussitôt du placard son bol fétiche sur lequel était peint Felix le chat! Bref, un chat qu'il ai-mait bien parce que toujours près de son maître pour lui demander en fait peu de choses, sinon sa nourri-ture quotidienne et parfois quelques caresses bien méritées, Ah!Ah!Ah! ria-t-il en le saisissant avec amo-ur en le considérant comme un animal fetiche dans la civilisation Egyptienne auprès des rois. Décidém-ent, un animal d'escence royale qui lui convenait parfaitement en tant que serviteur des grands. Mais que la populace ne pouvait saisir malheureusement la valeur en servant des imposteurs dans nos démocraties actuelles, n'est-ce pas, mon cher lecteur?

Ce qui était bien évidemment dommage pour les masses qui ne s'élevront jamais au dessus de leurs insti-ncts grégaires faute de vrais bergers, mais d'une multiplication exponentielle de démagogues dans nos dé-mocraties actuelles. A l'évidence, Eric était pour la monarchie aristocratique qui elle seule pouvait élever le peuple au dessus de la boue, malheureusement maintenu par les démagogues, en l'encourageant à se dépasser afin de redécouvir Dieu et la beauté! Ce qui ne sera pas une mince affaire! pensait-il en regardant son pays, la France, tomber en déliquescence à travers les acualités télévisées étrangères. Mais sans plus atten-dre, il mit du lait à bouillir sur le feu, puis sortit du frigo une plaquette de beurre, puis un paquet de tranches de pain de campagne du placard, faute d'une bonne baguette à la française, un sachet de café lyophilisé et un pot de confiture de myrtilles qu'il posa sur la table comme un trésor des dieux n'attendant qu'à être dévoré. Où des légendes ancestrales racontaient que la myrtille redonnait la vue aux aveugles et que les aigles royaux faisaient des festins dans les champs de myrtilles pour se doter d'une vue exception-nelle afin d'apercevoir depuis le ciel, des animaux de la taille d'une fourmi! Par gourmandise, Eric plon-gea sa petite cuillère dans le pot pour engloutir dans sa bouche ce nectar de fruits rouges avec extase, co-mme on avale une potion magique produit par les dieux. A l'évidence, il tenait beaucoup à sa vue, car à quoi servirait alors un majordome qui serait aveugle, sinon à devenir un futur chômeur, n'est-ce pas? pensait-il souvent en tenant à sa place dans le manoir de Crawley où il comptait y finir sa vie comme un vieux meuble ou comme un animal empaillé, Ah!Ah!Ah! Il parait que dans la royale air force britannique, pendant la deuxième guerre mondiale, on donnait à tous les pilotes un sachet de myrtilles afin qu'ils ne manquent jamais leurs cibles contre les nazis! Décidément, un produit vertueux où la couleur bleue de ses baies n'était pas étrangère à son origine divine, comme Krishna, pensait-il où sa vue était la garante de la propreté dans le manoir de Crawley. Bref, où Dieu voyait tout et entendait tout, n'est-ce pas? Quand il aperçut le lait monter dans la casserole, il ferma aussitôt le gaz et l'emporta vers la table pour le verser dans son bol fétiche où des odeurs de café et de lait chaud lui rappelaient des souvenirs d'enfance auxqu-els il tenait beaucoup. Dont les odeurs matinales symbolisaient pour lui, la France de toujours avec son art de vivre qui malheureusement n'avait pas survécu à la modernité qui s'appelait la bêtise humaine. De toute façon, la catastrophe devait arriver un jour parce que les hommes n'appréciaient jamais leur bon-heur et préféraient plutôt prendre des risques politiques quitte à tout perdre! Tel était le mauvais pari qu' avait fait la France en 1789 en perdant toutes ses traditions séculaires et les bonnes choses qui allaient avec, bien évidemment, pensait-il vraiment avec le sentiment que son pays se dirigeait tout droit vers la guerre civile avec l'islamogauchisme!

Bref, par cette alliance démoniaque entre le terrorisme islamique et le gauchisme revanchard. Mais pour ne pas gâcher son petit-déjeuner par de mauvaises pensées, il s'asseya devant son bol, puis remua son café au lait avec sa petite cuillère pour le rendre plus homogène et crémeux. Décidément, des gestes de son enfance qui lui revenaient à chaque fois qu'il se préparait un bon café au lait tel un rituel matinal et bien français. Puis revenant à la réalité, il prit une tranche de pain dans le sachet qu'il tartina avec du beurre qui avait eu le temps de ramolir pour pouvoir l'étaler agréablement, puis la nappa d'une couche de confi-ture de myrtilles par gourmandise. Et comme tout Français qui se respectait, il la trempa dans son café au lait pour aussitôt mordre dedant et éviter d'en mettre plein sur la nappe, Ah!Ah!Ah! ria-t-il sur sa façon toute française de boire son café au lait qui aurait horrifié nos chères ladies anglaises où tremper son bui-scuit dans son thé fut considéré comme un geste obscène, Ah!Ah!Ah! ria-t-il à nouveau tout en évitant de s'étouffer. Décidément entre la France et l'Angleterre, il semblait s'élever un continent qui s'appelait tout simplement la manche, n'est-ce pas? Ah!Ah!Ah! Et parait-il, d'après la dérive des continents, l'Angleterre montait vers le nord, alors que la France descendait vers le sud! Fallait-il y voir comme un destin différe-nt pour nos deux peuples, mon cher lecteur, ou bien une façon de se dire qu'on ne s'aimait pas trop? Ah!Ah!Ah! Eric avait parfois le sentiment d'avoir le cul entre deux chaises bien qu'il eut de réelles attaches pour l'Angleterre par ses origines Bodelaises qui avaient tissé des liens agricoles et viticoles avec cet enn-emi historique de la France. Sans oublier un mélange culturel Franco-Anglais que lui avait légué sa fam-ille où l'humour noir faisait partie intégrante et l'ecole de la république qui lui avait enseigné l'anglais pour des raisons économiques et non pas culturelles. Sous entendu que l'ecole de la république haïssait les Anglais pour avoir brûlé vive Jeanne d'Arc le 30 mai 1431 à Rouen, Ah!Ah!Ah! Décidément, des hai-nes historiques que le temps n'effacerait jamais, alors que tous les acteurs de ces tueries étaient morts de-puis fort longtemps, n'est-ce pas? Mais apparemment, on aimait bien taquiner ses ennemis d'antant, com-me l'Amérique actuelle aimait humilier les Russes dans ses superproductions Hollywoodiennes pour av-oir remporté la guerre froide, Ah!Ah!Ah! Et bien que sans l'URSS, l'Amérique n'aurait jamais pu gagner la guerre contre les nazis. En fait, je crois que l'homme avait le besoin vital de s'inventer des ennemis qu' ils soient de l'intérieur ou de l'extérieur pour se donner de l'importance aux yeux de ses compatriotes qui-tte à imaginer des complots pour occuper sa misérable vie de fonctionnaire, Ah!Ah!Ah! Ce qui n'était ap-paremment pas le cas pour tout le monde où l'union européenne et la mondialisation avaient fait éclater les nations où les gauchistes et l'extrème droite en y voyait comme un eldorado electoral, Ah!Ah!Ah!

Esperons que le Brexit arrive au plus vite afin d'éviter la troisième guerre mondiale! priait-il avec ardeur en se tartinant une deuxième tartine. Sous entendu que l'Angleterre était une ile et qu'elle serait prête à fa-ire exploser le tunnel sous la manche pour regagner son autonomie insulaire, Ah!Ah!Ah! Visiblement, Eric était de bonne humeur ce matin pour des raisons bien mystérieuses, car il avait passé une très mauv-aise nuit, n'est-ce pas, mon cher lecteur, qui sans le savoir était plongé lui aussi dans cette étrange histoire où le temps semblait s'être arrêté? Bref, dans le manoir de Crawley où la dynastie des Builtman y demeu-rait depuis plus de 4 siècles où le dernier des majordomes s'appelait Eric Sollers. Par ce nom de famille si particulier, il s'était souvent demandé s'il n'avait pas des origines anglaises lointaines sachant que Borde-aux fut une ancienne possession anglaise. Par la possible escale d'un marin anglais qui s'était émarouché d'une française qu'il avait engrossé afin d'avoir une femme dans chaque port, Ah!Ah!Ah! Sans exclure l' installation d'un commerçant anglais à Bordeaux pour faire fructifier ses affaires avec son pays en prena-nt femme pour adoucir son exil ou un possible prêtre anglican qui avait fuit son pays pour d'inavouables raisons, Ah!Ah!Ah! A ce sujet, Eric semblait très déubitatif, car il savait bien que l'établissement d'un etat civil de la population n'existait pas à l'époque sauf pour la noblesse qui avait un nom illustre à garder dans l'Histoire, n'est-ce pas? Alors que les gens de basses conditions n'avaient parait-il pas de patronym-es au point qu'ils s'en inventaient un pour pouvoir se démarquer des autres tel que Legrand pour un ho-mme qui était grand de taille ou Lepetit pour un homme qui était de petite taille etc. Décidément, l'imagi-nation des hommes ne manquait jamais pour exister en socièté où la noblesse était la référence puisque riche et puissante, n'est-ce pas, mon cher lecteur? Ce patronyme de Sollers avait sans aucun doute quel-que chose d'anglais ou d'écossais, mais n'en avait aucune preuve; car sa grand-mère, Joceline dit Josie lui en avait jamais parlé pendant son enfance. Et prenant en compte son arbre généalogique, qu'il avait cons-ulté un jour à la mairie de Bordeaux, celui-ci commençait par un grand vide où le nom de Sollers sem-blait sortir du néant! Décidément, on en saura rien! dit-il à mi-mots les coudes appuyés sur la table. Pour lui, ce nom avait quelque chose de solaire, ce qui le conforta dans son for intérieur en étant d'un blond lé-ger comme la couleur des cheveux fins des jeunes filles. Plongé dans ses souvenirs d'enfance, il ne pouv-ait s'empêcher de penser à la mort accidentelle de ses parents, ouvriers viticoles, lors d'un crash d'hélicop-tère piloté par leur patron qui avait eu la mauvais idée de leur faire visiter sa proprièté par voie aérienne! Malheureusement, en fin de soirée, le brouillard s'était levé et avait égaré l'hélicoptère qui s'était scraché sur le versant d'un coteau! Eric avait alors 18 ans et avec sa soeur, pour supporter ce choc brutal dans la vie d'une famille, ils s'étaient rapprochés de leur grand-mère, Joceline, qui vivait sur la proprièté viticole depuis des lustes.

Mais pour ne plus penser au drame qui s'était passé, on replanta vite des ceps de vignes à l'endroit où leurs parents avaient versé leur sang ainsi que leur patron viticulteur. Et chaque année, lors des vendang-es, il ne manquait jamais d'y faire un hommage émouvant en allant croquer le raisin de cette parcelle qui avait été nourrie par le sang de ses parents! Pour lui, c'était devenu un pelerinage indispensable, comme visiter un lieu saint, où le sang de la terre et des hommes s'unissaient pour produire le meilleur vin qui soit pour étancher la soif des dieux et consoler le coeur des hommes! Plongé dans son passé, Eric sembl-ait très abattu par ce grand malheur qui avait fait de lui un orphelin ainsi que sa soeur Evelyne qui avait deux ans de plus que lui. Ce que toute personne de sensible pouvait comprendre même s'il avait toujours la chance d'avoir ses parents, n'est-ce pas? Malgré ce drame, tout n'était pas si négatif qu'on aurait pu le penser; car ils avaient pris la suite de leurs parents sur la proprièté viticole en devenant des experts dans la vynification et des oenologues forts appréciés dans la région de Bordeaux. A force de travail et de tenaci-té sur le domaine du chateau d'Issan, sa soeur Evelyne était devenue directrice du chai qui produisait un cru de première qualité. Quant à lui, il avait suivi une autre voie pour prendre ses distances avec cette terre où les cendres de ses parents, lors du crash, s'étaient mélés tragiquement et qu'il arpentait chaque jour comme un fantôme. Au point de ressentir en lui monter une profonde tristesse qu'il n'arrivait plus à endiguer, sinon fuir ce lieu de malheur. En faisant le choix tout naturel de se diriger vers l'hôtellerie de luxe vu ses compétences sur le vin et sur la gastronomie que lui avait enseignée sa grand-mère, Josie. C' est à 26 ans qu'il prit cette grande decision dans sa vie qui n'irrita point sa soeur qui comprenait tout à fait les envies de son frère de changer d'air et de travailler dans les plus grands hôtels de la planète avec un savoir faire à la française que personne ne pouvait contester, n'est-ce pas? Paris, New York, Rio, Monte-Carlo, Dubaï, Las Vegas, Londres etc, telles étaient les grands capitales du monde entier où il avait exercé sa profession de maître d'Hôtel apprise à Vatel, la grande école hôtelière de Bordeaux. En revenant à la réalité, il mesurait le chemin parcouru depuis ses 26 ans où il avait pu visiter le monde entier à travers ses plus grands hôtels. Sans aucun doute par le plus clinquant des côtés, mais non par le plus facile! reco-naissait-il avec honnêteté pour être continuellement au service du client qui en voulait toujours plus sans vouloir payer d'avantage, telle était la grande tendance actuelle, bien malheureusement. Bref, par sa profe-ssion bien particulière d'être au service des gens les plus capricieux de la socièté, il avait accumulé dans sa mémoire des milliers d'anecdotes qui parfois le faisait rire quand il y repensait. Comme cette femme hystérique au Grand Hôtel du Palais Royal à Paris qui prenait le personnel pour ses larbins parce qu'elle avait gagné au loto, Ah!Ah!Ah! Décidément, les bonnes manières n'étaient pas une question d'argent, mais d'éducation, n'est-ce pas, mon cher lecteur? Bref, par des arrivistes et des escrocs à la bonne mine qui gâ-chaient la vie du personnel hôtelier en lui faisant vivre un véritable enfer dans un monde de luxe, Ah!Ah!Ah!

Et comme disait très justement Victor Hugo: le paradis des riches, c'était l'enfer pour les pauvres, Ah!Ah!Ah! Et s'il pouvait le dire, c'est parce qu'il avait connu le luxe en étant un homme très riche à son époque, n'est-ce pas? Mais ne nous attardons pas trop sur le passé affligeant de cet homme qui avait écrit "Les mi-sérables" pour avoir du succès auprès du peuple, Ah!Ah!Ah! Bref, un livre que tous les aristocrates et les dandys de l'époque Victorienne et du second empire avaient detesté pour des raisons évidentes, n'est-ce pas? Mais mentionné nulle part dans les manuels d'Histoires de l'Education Nationale afin de cacher la vérité aux petits Français. Et si Eric avait quitté la France, ce n'était pas seulement à cause de la mort tra-gique de ses parents, mais aussi parce qu'il avait une sensibilité monarchiste. Avec le sentiment doulou-reux que son pays s'enfonçait jour après jour dans un profond délitement moral et économique causé par la république des tricheurs! Bref, par des imposteurs qui croyaient avoir la carrure des chefs d'Etats ou des grands hommes, alors qu'ils ne sortaient pas de la cuisse de Jupiter, Ah!Ah!Ah! Bref, où tout le mon-de dans une démocratie s'imaginait pouvoir gouverner ses compatriotes après qu'il soit passé à la télé à 20H30, Ah!Ah!Ah! ria Eric en terminant son café au lait pour se remettre au travail dans le manoir de Crawley où il devait descendre du grenier les portraits des ancêtres de Lord Builtman pour les accrocher dans le grand couloir d'entrée. Avant de mettre son bol dans l'évier, il se souvenait d'une anecdote croust-illante à l'hotel Bellagio à Las Vegas où des clients avaient transformé une suite de luxe en salle de shoot, Ah!Ah!Ah! C'était bien évidemment, l'agitation anomale autour de cette suite qui m'avait mis la puce à l' oreille lors de ma ronde habituelle dans les couloirs de l'hôtel pour voir si tout était parfait. Mais où les usages d'un maître d'hôtel lui interdisaient de déranger ses clients pour des broutilles, mais en y allant to-ujours avec la prudence du monde pour ne pas écourter leur séjour qu'ils avaient payé fort cher, mais où tous les caprices n'étaient pas bien évidemment permis par le réglement intérieur. Bref, voulant en savoir plus ce qui se tramait d'étrange derrière cette porte de la suite 555, je décidai de me planquer dans la cha-mbre en face qui était inoccupée en utilisant mon pass. Environ vingt minutes plus tard, l'oreille collée contre la porte, j'entendis un homme toquer quatre fois au 555 et une voix lui demander qui c'est? C'est le valet de coeur! répondit sans hésiter l'homme comme s'il avait prononcé la formule magique pour entr-er au paradis, Ah!Ah!Ah! Aussitôt la porte s'ouvrit et le fit entrer à l'intérieur avec quelques mots de bien-venue qui ne me renseignèrent guère sur l'étrange activité qui s'y déroulait. Pendant un instant, je pensais qu'il pouvait s'agir d'un groupe de terroristes islamiques qui comptait organiser un attentat à Las Vegas pour punir l'Amérique mécréante ou peut-être d'une bande de cambrioleurs de haute volée qui prévoyait d'or-ganiser un hold-up au casino Royal?

Mais revenant à la réalité en trouvant mes idées complètement farfelues, je prévoyais le lendemain de me présenter à la porte 555 avec mon précieux sésame composé de quatre coups à la porte et de la formule magique : C'est le valet de coeur! Ah!Ah!Ah!

Le lendemain, à la même heure, je me changeais pour ressembler à monsieur tout le monde en m'habillant d'un jean et d'une chemisette hawaïenne pour me présenter au 555 où je toquais quatre fois sur la porte avec le coeur qui battait à cent à l'heure. Qui c'est? me demanda aussitôt une voix qui semblait sortir d'un tombeau ou d'un temple secret. C'est le valet de coeur! prononçai-je sans hésiter afin de découvrir le pot aux roses, Ah!Ah!Ah! Quand la porte s'ouvrit, je vis apparaître devant moi, un hyppie qui semblait sortir d'un film des années soixantes dix. Viens entre, mon frère, me dit-il comme si j'allais faire partie d'une se-cte mystérieuse, puis referma la porte après qu'il ait jeté un coup d'oeil dans le couloir qui était desert et silencieux. Aussitôt, il posa sa main sur mon épaule pour m'entraîner vers le grand salon où je vis une di-zaine d'individus affalés sur les canapés et sur la moquette moelleuse en état de transe ou d'hypnose. En fait, je n'en savais rien, car le monde de la drogue m'était complètement inconnu ainsi que ses effets sur le corps et le cerveau des individus. Mais pour passer pour un client comme un autre, je ne lui montrais au-cune stupéfaction et le suivis tel un toutou devant une grande table où se trouvait son trésor. Ah!Ah!Ah! ria-t-il en me tapotant sur l'épaule comme un vieil ami. Demande-moi tout ce que tu veux et tu l'auras à la minute! me dit-il en me montrant un bloc de cocaïne pesant au moins plusieurs kilos ainsi qu'un autre d'heroïne du même poids où un dragon était imprimé sur le paquet provenant apparemment de Chine po-ur certifier sa grande pureté, puis des pains de cannabis et divers sacs entrouverts contenant des cristaux de crack, des pillules d'ecstasie, des pochettes d'acide pour le festif, des buvards de LSD, de la marijuana etc. Bref, sans appartenir au monde de la drogue, j'avais pu identifier tous les stupéfiants qui se trouvai-ent devant moi grâce aux reportages que j'avais vu à la télé où les grosses prises faites par la police et la gendarmerie étaient montrées comme des trophées pour décourager les cartels de la drogue. Mais sans y parvenir réellement, il faut le dire. Ici, on paye cash ou en jeton de casino! me lança-t-il en croyant s'adre-sser à un toxicomane, alors que j'étais maître d'hôtel au Bellagio qui faisait son enquête sur l'étrange acti-vité qui règnait au 555. A un moment donné, j'ai eu peur qu'il me reconnaisse ainsi que tous ses acolytes affalés sur les canapés et bien que je me sois changé en monsieur tout le monde et décoiffé pour ressem-bler à un type bizarre apprècié des drogués, Ah!Ah!Ah! Mais apparemment, mon apparence ne sembla ch-oquer personne dans la pièce et même attirer quelques sympathies en me voyant alors comme un compa-gnon pour la défonce, Ah!Ah!Ah! Ce que je ne comptais pas devenir afin de sortir vivant de la pièce en éveillant aucun soupçon sur ma personne. Que veux-tu consommer, mon ami? me demanda mon grand hyppie avec son bandana autour de la tête.

Au pied du mur, je dus bien évidemment faire mon choix et le moins dangereux pour moi en lui disant: Heu..je vais prendre de l'ecstasie afin de passer mes prochaines nuits au casino sans dormir, Ah!Ah!Ah! lui expédiai-je comme un jeune idiot qui ne savait pas quoi faire de sa vie. Et combien en veux-tu? me demanda-t-il en me voyant hésiter. C'est 40 dollars l'unité et je t'assure que ce n'est pas de la contrefaçon, mon ami. Ok, pour 40 dollars, j'acceptais de lui payer en sortant les billets de ma poche et pressé de sortir au plus vite de la suite 555 où mon enquête s'était déroulée sans accroc. Mais sans l'intention d'appeler pour l'instant la police, car je ne me sentais pas la mentalité d'un indic, avec l'idée de les prévenir d'une façon anonyme de partir de l'Hôtel avant qu'elle en soit informée. Tel me parut le travail prudent d'un ma-ître d'hôtel qui devait ménager ses clients qui avaient payé fort cher leurs chambres et éviter qu'une des-cente de police éclabousse l'image de l'hôtel au risque d'une fermeture admnistrative! C'était pour cette raison que j'avais prévenu aucun de mes supérieurs. Car selon la thèse bien connue de tous, plus de gens connaissaient un fait, plus il se répandait facilement dans la rumeur publique, n'est-ce pas, mon cher lec-teur? Ce dont je ne voulais absolument pas et sans vous cacher que cela mettait un peu de piquant dans ma vie en faisant ma propre enquête où le metier d'un maître d'hôtel consistait à travailler dans une prison dorée, Ah!Ah!Ah! En remarquant avec étonnement que le service hôtelier et le service penitentiaire avai-ent beaucoup de ressemblance en devant servir des clients très difficiles à satisfaire, Ah!Ah!Ah! Bref, le soir venu dans ma loge, j'écrivais ceci sur un bout de papier : "Messieurs, je suis un ami qui vous veut du bien et je vous ordonne de quitter l'hôtel dès demain pour ne pas prévenir la police sur votre activité ill-égale dans la suite 555! Signé, le carré d'as." Avec ces mots utilisés avec tact et diplomatie, j'étais sûr qu' ils feraient leur effet en me permettant de déloger ce genre d'individu qui entâchait l'image du Bellagio qui devait rester, selon la charte de l'hotellerie de luxe, un établissement honnête et respectable, bien évi-demment. La nuit, vers les deux heures du matin pour ne pas être aperçu dans les couloirs, je sortis de ma loge pour monter à l'étage et glisser le mot sous la porte du 555. En revenant dans ma loge où je me glis-sais à nouveau sous mes draps, j'avais le sentiment d'avoir accompli une grande chose durant la journée, Ah!Ah!Ah! Le lendemain matin, comme je reprenais mon service à 15H30, je fis la grasse matinée, puis partis déjeuner au restaurant de l'hôtel où nous avions des tarifs réservés aux personnels. Et par mes habi-tudes d'aller toujours dire bonjour au personnel de l'accueil, j'aperçus à ma grande surprise sur le tableau que les clés de la suite 555 avaient été remises! Décidément, mon initiative personnelle avait payé et pa-rtis déjeuner avec un grand appetit, Ah!Ah!Ah! Sur les lèvres d'Eric se dessinait un beau sourire en se re-memorant de tels souvenirs qui avaient marqué sa jeunesse et sa vie professionnelle dans les plus beaux hôtels de la planète. Revenu à la réalité dans le manoir de Crawley, il se leva pour aller rinçer son bol et sa petite cuillère dans l'evier pour éviter que le café s'incruste dedans, comme tout les bonnes ménagères savaient.

Remarquant l'heure qui avançait vite sur l'horloge de la cuisine, il s'empressa de débarrasser la table et de ranger chaque chose à sa place initiale, puis partit dans sa loge prendre une douche sachant qu'il avait en-core beaucoup de travail à faire dans le manoir. Après qu'il ait pris sa douche qui le remit en pleine forme physique, il enfila un jogging et des baskettes en sachant bien que lord Builtman ne serait pas là de la jou-rnée et qu'il devait descendre du grenier les douze portraits de ses ancêtres s'apparentant aux douze trava-ux d'Hercule, Ah!Ah!Ah!