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                                                  LA CRISE DE LA FIEVRE BLEUE

                     

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                                                                   Quelques jours plus tard

                                                           

Le 1er Avril 2084                                                                                                          Aéroport du Bourget

                                                                             

                                                                              

Un jet privé, couleur bleu horizon, après qu'il eut éffectué un long vol de reconnaissance au dessus de l'a-érodrôme, amorça sa descente vers la piste sans même attendre l'autorisation de la tour de contrôle pour attérrir vu que le tarmac était complètement désert et que la tour semblait fonctionner en mode automati-que depuis que l'épidémie de fièvre bleue avait ravagé la moitié de la population parisienne ainsi que le personnel. Quand l'appareil se posa, on entendit dans le cockpit, venir avec un temps de retard, l'autorisat-ion de la tour de contrôle : Vol 666, en provenance du Canada, vous êtes autorisé à atterrir. Nous vous souhaitons un bon séjour à Paris! Ce qui fit sourire le commandant de bord et ses copilotes ainsi que les passagers à l'arrière qui éclatèrent de rire en entendant le message. Après un atterrissage tout en douceur, l'appareil alla jusqu'en bout de piste pour s'immobiliser devant le hall de l'aéroport, ce qui normalement était interdit, mais il semblait ici que les passagers étaient fort pressés d'arriver à leur destination pour ac-complir leur mission de remettre de l'ordre dans la cité après la grande épidémie, bref, de réorganiser le pouvoir selon leur nouvelle doctrine. Quand la porte de l'appareil s'ouvrit, on vit apparaître en haut de la passerelle et marquer un temps d'arrêt pour respirer un air délicieux, le professeur Banbilock habillé en b-louse blanche et tenant par une menotte un attaché caisse. L'homme exceptionnnel qu'il était, bizarrement n'était pas très grand, mais plutôt d'une taille en dessous de la moyenne et ne manquait pas de carrisme par ses larges épaules et par son regard d'un bleu intense qui jetait au loin les étincelles de son génie. En descendant l'escalier, se tenait juste derrière lui, Jean Lamore, son fils adoptif qui était habillé en treillis militaire et s'aidait d'une canne pour marcher. En le regardant d'un peu plus prés, il semblait comme à son ordinaire de mauvaise humeur, mais déploya un large sourire quand il vit que le tarmac était entièrement nettoyé de tous ses êtres vivants et en particulier des Hommes!

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Derrière lui se tenait un homme grand et de fière allure qui semblait pressé d'embrasser le sol de sa chère patrie, c'était le général Parisis. Un grand homme qui avait été exilé de sa terre natale, il y avait des lustres pour des raisons politiques, mais toujours considérées par lui même comme inadmissibles, lui l'aristocra-te qui jusqu'au tréfonds de son âme n'arrivait toujours pas à digérer la défaite de 1789 où les républicains les avaient battu, puis banni de l'Histoire. Cette vengeance, il est vrai, datait de plusieurs siècles. Mais elle était véritablement ancrée au plus profond de sa mémoire tel un graal entretenu par des générations d'aris-tocrates qui s'étaient toujours sentis floués par l'Histoire et, tout particulièrement, par des hommes qui leur étaient bien inférieurs, bref, une revanche qu'il semblait enfin tenir entre ses mains grâce au génie du profeseur Banbilock. En descendant les marches, la mine réjouie, il marqua un temps d'arrêt pour respirer à plein poumon, cet air pur qui avait enivré l'enfance de ses aieuils, rois et princes qui avaient gouverné ce grand royaume de France durant 3 milles ans. Pour l'occasion, il avait revêtu un bel uniforme couleur bleu horizon, décoré de fleurs de lis sur les boutons dorés ainsi que sur la poitrine où un grand modèle était représenté à l'emplacement du coeur, mais dépourvu de toutes décorations pour l'instant! pensa-t-il en posant un genoux au sol pour embrasser saintement son pays, la France. Après cet instant d'une rare in-tensité, il releva fièrement la tête et lança héroïqueme nt à son mentor: Professeur, Paris est à vous! Celui ci, ému par le compliment de son général, ne put s'empêcher alors d'esquisser un sourire et lui dire : Mon général, mais relevez-vous, mais relevez-vous! Je pense que vous allez un peu vite en besogne, non? Oui, excellentissime, vous avez entièrement raison! lui répondit-il d'un air soumis, mais conscient de sa lourde tâche d'organiser la future armée pour réinstaller une nouvelle aristocrate proposée par le professeur Ban-bilock

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Voici les heros de notre roman fantastique!

 

-Mais où est mademoiselle Djemila? demanda soudainement le professeur en se retournant.

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Quelques instants plus tard, apparut sur la passerelle une jeune femme portant le voile islamique ainsi qu' à bout de bras un épais et large porte-documents contenant des dossiers qu'on ne pouvait que deviner ult- ra-confidentiels. En la voyant ainsi, on ne pouvait pas dire son âge exactement malgré les vaines tentativ-es du professeur pour le connaître vu que celle-ci se débusquait à chaque fois derrière un soi-disant trava-il colossal à terminer. Bref, il avait fini par abdiquer devant cette femme à l'intelligence exceptionnelle qu'il avait recrutée uniquement pour ces raisons. Hautement diplômée de l'université de Harvard, elle éta- it docteur en chimie, physique et en informatique et parlait 8 langues: le français, l'anglais, l'arabe, le sue- dois, l'araméen, le congolais etc, bref, des compétences qu'il ne pouvait pas se passer pour mener à bien son projet de créer une nouvelle civilisation en Occident. Il ne savait pas de quelle origine elle était exact- ement et hésitait entre une Algèrienne et une Saoudienne, mais s'en moquait un peu à vrai dire, car le my-stère qui régnait autour de cette jeune femme l'avait subjugué, enthousiasmé, au point de lui croire des ambitions cachèes aussi folles que les siennes, ce qui ne pouvait signifier pour lui qu'une totale adhesion à ses projets les plus dingues à réaliser dans son laboratoire. Et le professeur en était très satisfait pour l'i- nstant, puisqu'elle venait de mettre au point le premier pistolet au monde, qui ne trouait pas la peau, mais tuait d'une manière instantanée par le virus de la fièvre bleue contenu dans une cartouche. Cette arme, qu' elle avait appelé le pistolet à cartouche virale ou PCV avait pour l'instant une portée de 45 mètres, mais prévoyait d'améliorer ses performances dans les semaines suivantes. L'idée de génie du professeur était d' imaginer pour les sociétés futures, une nouvelle façon pour les hommes de faire la révolution, bref sans devoir verser la moindre goutte de sang! C'est pour cela qu'il avait mis au point le célèbre virus de la fiè-vre bleue pour prouver son génie ainsi que sa thèse révolutionnaire concernant les sociètés de demain!

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Un slogan lui était venu à l'esprit à l'époque qu'il avait traduit en anglais approximatif par : No blood for the new génération! soit en traduction française: plus de sang versé pour les générations futures! Djemila, en concevant cette arme révolutionnaire et redoutable, avait respecté en tout point son cahier des charges et en était très satisfaite. En ce moment, elle travaillait sur un nouveau projet, instigué par le professeur, qui était de concevoir un nouveau virus "type informatique" qu'ils avaient appelé tous les deux "le blue sky". Ce dernier lui avait donné carte blanche quant à sa réalisation et quel en serait le coût, lui avait-il dit en lui fournissant le cahier des charges alors très exigent et pointu où le blue sky devait avoir comme pre-mier objectif de "planter" tous les ordinateurs du Pentagone, puis ceux de la planète. Et cette haute préro-gativité n'était pas liée au hasard pour le professeur, mais parfaitement réfèchi. Car en étudiant l'Histoire, il avait remarqué que l'Amérique, en se mêlant des affaires qui ne la concernait pas, s'était toujours révé-lée gagnante des événements, comme si elle voulait avoir le dernier mot sur l'Histoire de l'humanité, ce qui signifiait pour lui en termes clairs, la fin de l'Histoire pour tous les autres peuples de la Terre! Bref, une conception du monde complètement figée qu'il ne pouvait admettre comme vraie en étant le champi-on des mutations biologiques où tout était en constant mouvement pour parfaire les êtres et les choses, bref, les sociétés et quelque soit leur nature. L'Amérique, sans le savoir, alourdissait considérablement le monde et les peuples d'un péril concernant leur propre survie, ce que Dieu lui même n'aurait jamais per-mis pour les hommes qu'il aimait et malgré leur inconstance. Mais nous avions affaire ici à un monstre échappant même à Dieu : Dieu que le professeur vénérait pour lui avoir donné du génie ainsi que le don de prophétie.

Était-il un prophète ou un imposteur? il se demandait parfois, mais aussitôt une voix ancestrale résonnait au fond de son câne et lui disait : Professeur, vous êtes le libérateur des peuples opprimés et je compte sur vous pour rétablir la justice divine sur la terre et quels en soient les moyens! Pris par l'émotion, il pa- rtait aussitôt dans son labo pour réaliser ses plans d'ordre divin. Comme vous l'avez deviné, il voulait to- ut d'abord par le "blue sky" isoler l'Amérique du reste du monde pour mener à bien sa révolution puis is- oler les autres pays pour les empêcher de faire une coalition contre ses armées qu' il avait recrutées, il fa-ut le dire, dans le monde entier.

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-Professeur, j'arrive! lança soudainement Djemila en haut de la passerelle.

-Allez, dépêchez vous, j'ai besoin de vos lumières! s'impatientait-il.

-Oui, j'arrive!

Quand Djemila dépassa Jean lamore et le général sur le tarmac, ces derniers eurent un sentiment de jalou- sie à son égard et se disaient : Tiens, voilà la chouchoute du professeur! Jean Lamore, à la mine de zomb-ie, avait serré les dents et le général, bondé le torse. Faut dire aussi que le professeur avait toutes les rais-ons de la considérer comme stratégique dans tous ses plans diaboliques et que cette visite mémorable de la capitale après la "catastrophe" ne pouvait pas se faire sans elle à ses cotés.

-Alors Djemila où en est le blue sky? lui demanda-t-il tout en marchant.

-Professeur, nous y sommes presque! Il ne nous manque plus à attendre le jour J pour insérer le virus dans le système du Pentagone.

-Et quel jour avez vous choisi?

-Je ne vous cacherai pas, professeur, que nous avons choisi le meilleur jour qui s'offrait à nous pour met- tre à genoux l'Empire du mal, soit, le jour de l'indépendance américaine!

-Quoi, pendant l'indépendance day? Mais votre idée elle est géniale! lança-t-il en faisant une pirouette sur lui même.

-Mais le complice où l'avez vous trouvé? lui demanda-t-il en étant admiratif devant son élève qui avait un sens inné de la symbolique.

-Figurez-vous que nous l'avons déniché chez ces personnes qu'on appelle les "lanceurs d'alertes" qui sont prêtes à trahir leur pays, pas pour de l'argent, mais par principe.

-Par principe?

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-Oui, car ils sont tellement bêtes qu'une terre d'asile après leur méfait leur suffit ainsi qu'un site Internet où ils pourront exprimer leur mégalomanie.

-Ah!Ah!Ah! ria le professeur en prenant conscience qu'il y avait sur cette terre des fous de toute nature et que sans ces fous, le monde ne pourrait avancer là où l'on voulait. C'était sans conteste son génie qui lui avait appris cette chose, hors de la portée de la plupart des mortels, où les plus fous se serviraient des m-oins fous pour réaliser leurs oeuvres. Bref, une lucidité qui n'avait pas échappé à Djemila dès sa premère rencontre avec lui et qu'elle comparait désormais à un nouveau prophète, après Mahomet, bien évidemm-ent.

Etrangement, elle ne riait pas d'une façon gargantuesque comme son mentor, mais semblait dissimuler son sourire derrière son voile en pensant à ce possible état islamique qu'elle pourrait réaliser dans ce nouvel empire proposé par le professeur Banbilock.

Quand au général, celui-ci pensait à sa nouvelle armée que le professeur allait dans les prochains jours lui fournir pour se battre contre les armées républicaines qui naturellement s'opposeraient au rétablissement de la royauté en France et dans le reste de l'Europe. Mais il semblait confiant en regardant son sauveur par dessus l'épaule de Jean Lamore. 100 000 hommes! lui avait-il promis sachant que l'arme dissuasive serait le virus de la fièvre bleue qui en gros ferait le travail, Ah!Ah!Ah! ricana-t-il avec délice. Tout en concevant avec lucidité que les forces militaires, engagées par le professeur pour sauver l'humanité de cette déprava-tion engendrée par la république, étaient très hétéroclites vu que cet ensemble était composé de forces isl-amiques, aristocratiques, mais aussi d'extrêmes droites qui étaient plus ou moins représentées par Jean La-more. En fait, ce qui ne le dérangeait aucunement, puisque la majorité était d'ordre théocratique, bref, le retour du divin dans la société des hommes, ce qui ne pouvait que l'enchanter de voir enfin disparaître de la terre entière toutes ces loques républicaines qui avaient par le passé exterminé ses ancêtres, les royalist-es. Devant lui avançait péniblement Jean Lamore qui s'appuyait sur sa canne. Et à chaque pas qu'il faisait, une horrible grimace apparaissait sur son visage et exprimait comme de la haine pour l'humanité! L'hom-me au coeur d'acier qu'il était (que son père adoptif avait sauvé de la mort en lui greffant un coeur en fer, parce que le sien avait été arraché par les hommes pour les besoins de la science) lâcha quelques larmes de rouille sur le tarmac, puis se ressaisit en pensant à l'armée qu'il allait devoir organiser dans les prochains jours pour exterminer les poches de resistances qui avaient pu échapper à l'épidémie de fièvre bleue.

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Aussitôt, un sourire illumina son visage qui reprit comme de la couleur. Et osa même, pendant un instant, jouer avec sa canne comme Gene Kelly dans Chantons sous la pluie, alors qu'il faisait un temps admirab-le sur le tarmac en ce premier avril 2084. Le général Parisis, qui était juste derrière lui, crut voir alors un monstre se métamorphoser en un charmant danseur de claquettes et n'hésita pas à étouffer un rire derrière sa main gantée. Tous les deux pensaient, bien évidemment, à leur armée respective où Jean Lamore( le fu- tur colonel de Lamore) aurait celle de la défense intérieure l'ADIB (armée de défense intérieure bleue) et le général Parisis l'ADEB( armée de défense extérieure bleue) qui se chargerait de défendre les frontières de la France contre les armées républicaines européennes qui voudraient forcément rétablir la République Le général pensait, avec 100 000 hommes et des bombes à charge virale (contenant le virus de la fièvre bleue) que l'affaire serait vite réglée. "Je pense qu'un mois nous suffirait pour anéantir toutes les forces étrangères pour ensuite conquérir l'Europe toute entière!" estimait-il en état de jubilation et en accélérant le pas pour dépasser méprisemment Jean Lamore. En arrivant les premiers dans la grande salle de l'aérop-ort, le professeur et sa fervente collaboratrice, Djemila, virent qu'il était pratiquement désert et n'aperçur-ent que quelques individus qui semblaient faire partie du personnel d'entretien qui astiquaient le sol au point de le rendre brillant comme un miroir. Ces derniers, et malgré le hall complètement vide, continuai-ent à travailler tels de petits automates, comme si la société capitaliste les avaient programmé pour ne pl-us réfléchir par eux-même et ne se rendaient pas bien compte de leur nouveau statut d'exception d'avoir pu échapper à l'épidémie de la fièvre bleue! Étrangement, c'étaient des blacos et des Arabes! constatait le professeur sans aucun mépris. Puis s'approchant de Djemila, il lui chuchota à l'oreille : Pensez-vous qu' ils ont pu surivre au virus grâce à leur patrimoine immunitaire?

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Oh oui, il y de fortes chances, professeur! lança-t-elle d'une manière radicale. Alors, j'aimerais bien dans les prochains jours faire quelques essais cliniques avec ces gens là, voyez-vous. Car leur cas me parait fa-scinant et d'un intérêt que nous devons pas négliger. Bien, mais que voulez-vous que je fasse? Eh bien que vous leur donniez ma carte de visite ainsi que ce numéro, car je compte la semaine prochaine m'insta-ller à l'Institut Pasteur et prendre mes nouvelles fonctions. Et dites leur aussi, s'ils cherchent un travail pl-us honorable, que je suis prêt à leur en fournir un. Il pensait ni plus ni moins à les engager dans l'armée de son fils adoptif, vu que ces derniers avaient été toute leur vie humiliés par les blancs capitalistes et ne po-uvaient alors que devenir d'impitoyables défenseurs de son nouvel empire. Bien, professeur, dit-elle en se dirigeant vers le personnel d'entretien qui, la voyant vêtue du voile islamique, ne prirent point peur, mais crurent voir le messie arriver. Après avoir discuté avec eux pendant quelques minutes et remis la carte de visite du professeur émérite, elle revint vers lui la mine satisfaite. Voyant cela, il ne lui demanda aucun compte rendu vu qu'elle avait semble-t-il séduit par son carrisme de nouveaux adeptes, ce qui ne pouvait que l'enchanter. Djemila, lui dit-il, j'ai une entière confiance en vos dons et qualités. Et il me semble bien que vous venez de me le prouvez une fois de plus. Car qu'est ce qu'une carte de visite, sinon qu'un vulga-ire bout de papier rectangulaire? Oh oui, professeur, vous avez entièremement raison et je pense sincère-ment qu'on ne peut pas mener une véritable revolution sans y mettre son âme toute entière. Que voulez vous dire par là? lui demanda-t-il un peu secoué par les profondes réflexions de sa collaboratrice. Oui, je voulais dire que se battre uniquement pour un bout de papier, comme le font les républicains et les dém-ocrates pour les billets de banques qu'ils vénèrent comme une idole, ne peut en aucune façon les mener à la victoire, car l' argent n'a jamais permis de bâtir une civilisation, sinon de papier!

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Que voulez-vous dire par là? lui demanda-t-il une fois de plus secoué par les réflexions de Djemila. Prof- esseur, je voulais dire que sur ce terrain nous ne pouvons que remporter la victoire, vu que ces derniers se battront seulement pour un salaire, bref, pour faire leur job alors que nous pour une future élévation spir-ituelle des hommes! Youhaa! lâcha-t-il en prenant conscience du génie ignoré par sa collaboratrice. Un génie, elle aussi! pensa-t-il en comprenant qu'un genie masculin ne pouvait se passer du génie féminin pour arriver a ses fins de conquêtes, comme tous ces anciens empereurs romains qui, sans leurs femmes, auraient été de piètres hommes politiques. Par pudeur, il ne la serra pas contre lui, mais lui serra amical-ement la main pour lui faire sentir qu'il tenait beaucoup à elle. Djemila très émue essaya de le cacher der-rière son voile, mais que ses yeux ne purent trahir au professeur, désormais amoureux fou de son intelli-gence supèrieure. Derrière eux se tenaient tétanisés le général Parisis et Jean Lamore qui, contemplant cet étrange couple, crurent voir dans ce tableau, le génie Arabe réconcilié avec les sciences! Bref, où Foi et Science ressemblait à un fabuleux cocktail pour renverser le monde! pensaient-il en attendant que leur mentor veuille bien poursuivre sa marche vers Matignon et le pouvoir. La petite troupe en file indienne passa sans encombre le service des douanes, puisqu'il n' y en avait plus!

15 jours avant la "catastrophe".

QG du professeur Banbilock, sous les chutes du Niagara et en liaison visiophonique avec le nouvel hom- me fort de Bagdad, le calife Salem lakkdar al-Baghdadi. Djémila assurait la traduction en direct devant l' écran géant où se tenaient stoïquement, le professeur, Jean Lamore et le général Parisis. On sentait l'ambi- ance très tendue, mais pleine d'espérance pour les deux parties. Le calife portait une longue barbe et tenait entre ses mains un Coran et était assez jeune.

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-Oh professeur, comme je suis content de vous voir! lança-t-il à travers l'écran.

-Moi de même, cher calife, descendant direct de Mahomet, m'a t-on dit! lui dit-il ému de parler à une lég-ende qui avait botté les fesses aux américains et aux occidentaux en les expulsant d'Irak et de Syrie.

-Oui cela est vrai et pour être précis de la sixième génération du prophète.

-Ce qui est déjà pas mal! souligna-t-il en voulant jouer au "grand seigneur".

-Oui et je ne vais pas m'en plaindre. Mais revenons a des choses plus concrètes, mon ami, et il est très he- ureux que nous puissions enfin nous parler pour alliez nos forces et vaincre l'empire du mal que représe-nte l'Amèrique et la France. Mes généraux m'ont parlé de votre future attaque sur Paris. Oui, oui, une ex-cellente idée!

-Je vous remercie beaucoup pour vos compliments, cher calife Salem lakkdar al-Baghdadi, lui dit-il en rougissant presque de son audace.

-Et votre idée d'anéantir la moitié de la population par le virus de la fièvre bleue, mon dieu, mais quelle idée géniale! Ici, on parle de vous comme d'un homme providentiel dont le génie arrive à point nommé pour changer le monde et lui ouvrir de nouvelles perspectives d'avenirs, n'est-ce pas, professeur?

-Oui, bien effectivement, vous avez entièrement raison. Et si j'ai mis au point le célèbre virus de la fièvre bleue, c'est uniquement pour atteindre ce but, qui n'est pas d'exterminer totalement la population mondia- le, mais seulement la moitié, car que serait alors une ville comme Paris dépouillée de tous ses habitants?

-Un champ de ruine! lança le calife qui semblait saisir la subtilité du professeur.

-Ceci ne fait aucun doute pour moi et je pense qu'il serait bien maladroit pour nous de vouloir instaurer une nouvelle civilisation dans un monde où il n'y aurait plus personne, n'est-ce pas?

-Tout à fait d'accord avec vous et je pense que l'homme doit rester au centre des interrogations de Dieu afin d'édifier son royaume sur terre.

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-Tout à fait d'accord avec vous, lança le professeur convaincu par une nouvelle aristocratie d'ordre divin.

C'est pour cette raison que j'ai émis, il y a une dizaine d'années, une théorie sur le renversement du monde par un simple calcul arithmétique auquel les plus grands savants de la planète n'avaient pas pensé telleme-nt ils étaient occupés à travailler sur les gadgets de la Silicon Valley, Ah!Ah!Ah! Cette théorie, je l'ai app-elée le fifty-fifty qui est le point de basculement de notre société ou civilisation vers une autre se situant exactement sur le point médian de la courbe de la surpopulation mondiale!

-Houhaaa! lâcha le calife saisi par le génie du professeur.

-Oui, je sais que tout cela semble ahurissant! Mais comprenez bien qu'en décimant, par exemple, la moitié de la population d'une grande ville, nous pouvions forcer ce point de basculement vers un autre monde. Il est vrai aussi qu'une catastrophe climatique aurait pu jouer le même rôle, mais mes calculs m'ont montré que la chose était aléatoire et sans résultat probant. J'ai alors eu l'idée d'inventer un détonateur d'une nou-velle génération pour amorcer ce processus qui serait l'accident bactériologique provoqué par le virus de la fièvre bleue et complèté par un antidote pour les nouveaux conquérants.

Sur l'écran géant, on voyait le visage du calife grossir d'un contentement monstrueux que même ses victo- ires sur les américains n'avaient pu égaler. Ici, on avait affaire à du dure ou a du très gros! pensa-t-il en serrant fortement son Coran entre ses mains. Puis reprenant son sourire, il dit au professeur : Mon cher ami, il est inutile de m'en dire plus, mais que voulez-vous de moi exactement? Derrière lui se tenaient pr- esque au garde à vous, le général Parisis et Jean Lamore qui attendaient avec impatience la réponse du ca-life.

-Voilà, il me faudrait 50 000 hommes!

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Étrangement, le calife, en entendant la proposition extravagante du professeur, ne fit pas la grimace, mais lâcha un large sourire à travers l'écran que les autres prirent pour du mépris voir un refus; mais pour une raison inconnue, il baissa les yeux et caressa longuement du regard le Coran qu'il tenait entre ses mains, comme si cette proposition d'engager ses propres forces auprès du professeur allait lui permettre de réta- blir la civilisation islamique dans ce nouveau monde. Puis triturant un instant la pointe de sa barbe avec ses doigts, il lui dit : Mais professeur, il n' y a aucun problème!

-Je vous remercie beaucoup pour votre participation, O calife Salem lakkdar al-Baghdadi, descendant de la sixième génération du prophète Mahomet! lança le professeur enthousiasmé que ses plans plaisent à ses nouveaux collaborateurs.

Quand le général Parisis entendit que son effectif serait réduit de moitié (car il s'attendait à 100 000 hom- mes!), il trépigna des pieds, mais n'osa rien dire à son mentor pour ne pas gâcher un tel évènement avec le calife de Bagdad, qui avait réussi à botter les fesses aux américains. Quant à Jean Lamore, le visage grim- açant devant l'écran, il ne semblait pas bien apprécier ce calife qui n'était pour lui qu'un Arabe dont les m-oeurs venaient du moyen-âge. En étant convaincu que les Arabes s'étaient retrouvés du jour au lendemain les esclaves et les souffre-douleurs des occidentaux à cause de leur infâme religion qui les avaient endor-mis au milieu des coussins et des danseuses du ventre, Ah!Ah!Ah! Et malgré tous ses efforts pour être op-timiste, on sentait encore chez lui ce racisme profondément ancré dans son coeur comme chez tous les gens d'extrêmes droites. Mais en le regardant à travers l'écran répondre sans hésitation à son père adoptif, cet homme lui parut d'une autre trempe et sans pitié pour ses prochains adversaires, ce qui ne pouvait que le conforter pour la composition de ses futures milices d'exterminations!

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-Et pour quand vous les faudrait-il, professeur? lui demanda-t-il posément.

-Heu..je pense dans 15 jours exactement. Juste après l'épandage du virus sur la capitale pour m'aider à m' emparer des lieux stratégiques.

-Bien, professeur, mais que me donnez-vous en échange? lui demanda-t-il soudainement en serrant forte-ment son Coran.

-En échange, je vous donnerai du virus et de l'antidote en grosse quantité! dit-il avec plein de sérénité.

-D'accord, marché conclu! dit le calife l'air satisfait. Vous savez, professeur, j'ai moi aussi de grandes am- bitions. Et si vous pouviez m'accorder dans les prochains jours une grosse quantité de virus, je voudrais anéantir la ville du diable de Las Vegas! prononça-t-il avec des yeux injectés de sang.

-Excellente idée! lança-t-il enthousiasmé par les désirs fous de son nouveau collaborateur de vouloir dét-ruire le rêve américain, Ah!Ah!Ah!

-Mais pourquoi pas New York avant? rectifia-t-il comme pour le taquiner.

-Oui, c'est vrai que la destruction de New York pourrait être un super symbole pour redonner du courage à tous les peuples opprimés par l'empire du mal qu'est l'Amérique. Mais oui, pourquoi pas New York ap-rès tout? Ah!Ah!Ah! ria le calife au point de faire trembler l'image sur l'écran.

Ah!Ah!Ah! riait-on de concert du côté canadien où tout l'équipe du professeur était enthousiasmée par les folles ambitions du calife de vouloir détruire l'Amérique par le virus de la fièvre bleue au point de décro-cher pour la première fois la mâchoire d'acier de Jean Lamore.

-J'aurais bien aimé satisfaire vos désirs, mon cher calife. Mais comprenez que les quantités que j'ai pour anéantir la ville de Paris sont justes suffisantes.

-Oh oui, je peux bien le comprendre, Paris doit passer avant, n'est-ce pas?

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-Oui, afin de montrer aux autres capitales du monde entier, ce qui pourrait leur arriver si elles ne voulaie-nt coopérer avec nous.

-Sinon, un coup de virus dans le nez, n'est-ce pas, professeur? lança le calife en étouffant ses rires dans sa barbe, Ah!Ah!Ah!

-Oui, parfaitement. Car voyez-vous, je ne souhaite aucunement les prendre par surprise, mais leur jeter des tracts d'avertissements par des drones avant l'ultimatum pour les forcer à nous céder le pouvoir! exp-édia le professeur en toute humilité.

-Au risque de voir leur population divisée par deux, n'est ce pas?

-Oui, exactement, lâcha-t-il comme agité de passions destructrices.

Pendant ce temps, le calife sur l'écran semblait plongé dans une profonde méditation par les propos d'une grande intelligence qu'il venait d'entendre et se disait : Mon dieu, mais cet homme est un génie! Mais d'où pouvait-il bien provenir sachant que l'Occident n'en avait pas produit de tel depuis des millénaires? Était- il l'homme providentiel qu'attendait l'Humanité depuis des lustres pour pouvoir entrer dans une nouvelle ère et sortir de ce funeste rêve américain : le fric et l'arrogance? s'interrogeait-il en farfouillant dans sa barbe comme pour y trouver la réponse.

-Mais je veux vous rassurez, mon cher collaborateur, que je compte en fabriquer d'énormes quantités da-ns les futurs laboratoires pharmaceutiques que j'aurai saisi après ma victoire à Paris! dit le professeur tel un démiurge.

-S'il faut attendre, professeur, je n'en vois pas l'inconvénient. Et j'attendrais avec un immense plaisir vos exploits historiques à Paris que je compte, bien évidemment, suivre à la télévision avec un vif intérêt, dit le calife d'un air pénétré en ouvrant son Coran pour y lire quelques versets sataniques. Mais au juste, j'ai-merais vous poser quelques questions sur le procéder que vous allez utiliser pour répandre le virus sur la ville de Paris, cher professeur.

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-Mais vous pouvez maintenant me poser toutes les questions qui vous intèressent, mon cher collaborateur dit-il en ajustant le col de sa blouse blanche.

-Car voyez-vous, j'ai moi même utilisé du gaz moutarde sur les américains et les résultats se sont révélés plutôt décevants à cause du vent qui pouvait tourner à tout moment et nous revenir dans le pif. Avez-vo-us réussi, professeur, à dominer le vent ou peut-être inventé un procéder tout nouveau pour réussir ce to-ur de force avec la météo? lui demanda-t-il fort curieux de connaître son procéder pour ensuite l'employ-er pour la reconquête de tout le moyen-orient.

-Votre question est très pertinente, al-Baghadi, et je m'y attendais afin de reconquérir la Mecque, n'est-ce pas?

-Oui, très juste, professeur. Car voyez-vous, nous les musulmans, il nous faut absolument reconquerir les lieux saints que des hérétiques ont transformé en un immense parc d'attraction Disney land! expédia le ca-life avec une haine très visible sur l'écran au point d'avoir touché émotionnellement Djémila qui, depuis le début de cet entretien, assurait la traduction en direct.

-Comme je vous comprends, mon cher calife! dit le professeur ému par la sainte ambition de son collabo- rateur de vouloir expulser de l'Arabie heureuse( la terre de prédilection du prophète Mahomet), une fami-lle de monarques qui avait fait de ces lieux saints un temple de la consommation dont les américains étai-ent devenus les gardiens et les agents commerciaux. Oui, pour en revenir à vos interrogations sur mon pr-océder pour répandre le virus sur la ville de Paris, avec un taux de dissémination correct sur la populati-on. Sachez, mon cher calife, que je suis né à Paris dans le quartier des Buttes-Chaumont et je connais cet-te ville comme ma poche.

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-Quoi, professeur, vous êtes Français? lança-t-il à travers l'écran.

-Oui, jusqu'à l'os on pourrait dire! ajouta-t-il comme pour enfoncer le clou.

-C'est vrai qu'en vous écoutant, j'avais perçu chez vous un léger accent français, dit le calife ému de savo-ir qu'il parlait à un Français dont le génie était maintenant parfaitement identifiable sachant que la France avait toujours méprisé ses genies à cause de sa classe politique infâme. On sentait encore chez lui de la haine, non pas contre cette terre de France qui l'avait vu naître, mais conre son système politique des plus détestables au monde qui l'avait forcé à démissionner du CNRS pour ses recherches sortant du cadre sci-entifique légal. Pourtant, c'était au cours de ces dernières qui l'avait découvert le célèbre virus de la fièv-re bleue pouvant redonner à la France toute son ancienne grandeur de mener à nouveau le monde par le bout du nez. Auquel le corps scientifique s'était opposé en méprisant tout le fruit de ses recherches se re-mémorait-il avec une haine vindycative.

-Oui, pour répondre à votre question, et sachez que je suis un scientifique où le hasard ne doit jamais en-trer en ligne de compte, n'est-ce pas?

-Tout à fait d'accord avec vous, professeur, dit le calife en l'écoutant studieusement.

-Eh ben, il m'a suffit tout simplement d'étudier les vents sur le bassin parisien pour comprendre que ces derniers soufflaient toujours dans la même direction tel mois de l'année et qu'en combinant force, directi-on et pression atmosphérique, il m'a été facile de calculer le taux de dissémination dans l'air afin de rédu-ire de moitié la population d'une grande ville telle que Paris. Et vous avez devant vous, mon cher calife, mademoiselle Djémila qui a conçu le logiciel qui nous permetttra de suivre à la minute près la dissémin-ation du nuage viral sur la capitale.

-Bravo, mademoiselle! lança-t-il en lui faisant un signe de la tête. Il me semble bien que votre génie soit à la hauteur de votre bienfaiteur, n'est-ce pas, mademoiselle? finit-il par lui demander.

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-Oui, c'est exact, dit-elle, mais une conversation qu'elle ne voulait pas étendre avec lui.

-Mais professeur, comment allez-vous au juste répandre le virus sur Paris? lui demanda-t-il subitement curieux de toute forme de destruction massive.

-Au début, j'avais pensé à un gros porteur qui s'écraserait au centre de Paris sur la place de l'étoile. Mais après avoir bien réfléchi, j'ai opté pour des drones qu'on utilise pour répandre les insecticides sur les cha- mps.

-Oui, excellente idée! lança le calife éberlué par la simplicité mise en oeuvre.

-Car voyez-vous, ces derniers ont une coque en polyester et sont pratiquement indétectables par les radars de l'armée de l'air française et leur laisseront tout le temps de quadriller la zone grâce à leur GPS intégré.

-Mais professeur, vous êtes un génie! lui envoya-t-il à travers l'écran sachant que cet homme illustre avait été bafoué par ses pairs à cause de son génie et, bien évidemment, pour des raisons de jalousie.

-Mais si vous voulez, cher calife Salem Lakkdar al-Baghadi, nous avons réalisé une petite animation pour vous montrer en détail toutes les opérations que nous allons mener pour anéantir la moitié de la populati-on parisienne.

-Oh, mais c'est un plaisir que vous me faites, professeur, moi qui aime tant les dessins animés! dit le cali- fe en se calant confortablement dans ses coussins. Autour de lui, tous ses lieutenants et généraux comme- ncèrent a s'agiter comme "pour en prendre de la graine" en se calant eux aussi dans leurs coussins.

-Djémila, vous-pouvez? lui demanda le professeur.

Aussitôt, elle s'empara de la télécommande et lança le film d'animation que lui même avait concocté pour ses futurs associés afin de leur expliquer la demarche à suivre pour détruire leurs ennemis héréditaires. Il était évident dans cette affaire qu'il garderait le monopole sur la fabrication du virus et de l'antidote par but stratégique, bien évidemment.

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Après une intro musicale des plus oppressantes, on vit apparaître sur l'écran le professeur Banbilock en petit personnage de bande dessinée expliquer à ses auditeurs émérites, avec un petit air diabolique, sa sci-ence infuse, ce qui le fit rire un instant alors que Djémila, Jean Lamore et le général Parisis restèrent de glace. De l'autre côté, à Bagdad, on ne riait pas, mais on écoutait avec une grande attention ce que le gén-ie avait a leur dire même si ce fut de la plus drôle façon. Aussitôt des officiers sortirent des calepins pour prendre des notes afin de ne rien oublier. Sur l'écran, on le voyait maintenant habillé de son éternelle blo-use blanche nous décrire sur une carte de France, les vents dominants qui soufflaient sur le bassin parisi-en et indiquer avec son stylo laser le parcourt du nuage chargé en virus mortel. Comme vous le voyez, mes amis, le bassin parisien a un climat océanique de type altéré où il souffle régulièrement un vent du Sud-Ouest et un vent du Nord-Est qui nous ont permis de calculer pour le nuage mortel, sa direction, sa vitesse et son taux de dissèmination sur la population parisienne. Youhha! s'enthousiasmait-on à Bagdad après le visionnage de ces images où leur mentor en quelques explications avait séduit tous ces chefs de guerre qui voulaient changer la face du monde. Ainsi nous avons pu calculer et d'une façon fort simple, grâce a un modèle mathématique que j'ai moi même élaboré, la quantité de virus nécessaire pour élimin-er environ 6 millions d individus( soit la moitié de la population parisienne) et l'endroit stratégique d'où partirait le nuage mortel, son altitude, sa superficie et le temps qui lui faudrait pour atteindre sa destinati-on. A Bagdad, on était émerveillé par la simplicité de ces explications et on ne savait pas s'il fallait en rire ou les prendre au sérieux vu qu'on les regardait sous la forme d'un dessin animé. Puis le professeur dit, en regardant en face les téléspectateurs, le point de lancement du nuage toxique se situera à 36 kilomètres au Sud-Ouest de Paris et à une altitude de 3000 mètres et mettra environ 36 heures pour atteindre son objec-tif, voilà! dit-il en lâchant un rire gargantuesque, Ah!Ah!Ah!  

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Un rire que les autres reprirent bruyamment, Ah!Ah!Ah! Ah!Ah!Ah! où même Djémila laissa éclater sa joie pour la première fois en soulevant son voile pour pouvoir respirer. Maintenant, on voyait le profess-eur prendre une petite voiture électrique et nous faire visiter ses hangars où il entreposait ses stocks de virus ainsi qu'une vingtaine de drones en coque de polyester; il s'agissait apparemment d'un petit aérodr-ôme situé en banlieue parisienne. Puis après leur remplissage en virus mortel, il les faisait décoller afin qu'ils forment dans le ciel un énorme nuage toxique de couleur bleue et d'une surface de 10 kilomètres carré. Le génie, vêtu de sa blouse blanche immaculée, devant ses manettes ressemblait étrangement à un ange qui semblait obéir à des ordres divins afin de purifier cette humanité décadente. A coté de lui, Djém-ila, en voile islamique, suivait sur des écrans informatiques le parcourt du nuage sur la région parisienne ainsi que la météo sur les images satelittaires de météosat. Quand au général Parisis et au colonel de La-more, habillés dans leur plus bel uniforme militaire, ils semblaient hypnotisés par ces images où ils voy-aient leurs futures victoires se rapprocher d'heure en heure ou du moins les premiers boulevards pour leurs armées respectives. A Bagdad, on commença a servir du thé où tous les convives, enthousiasmés par toutes ces images, y voyaient comme un message prophétique même si les personnages semblaient grotesques à les voir agir comme des enfants aux passions égoïstes quoique naturelles. Où il leur sembla que le destin des hommes se jouait sur des choses apparemment anodines, comme sur le bon déroulement de son propre scénario dans la société des hommes où par exemple confisquer l'avenir des autres assurait le sien pour longtemps, telle que la société occidentale et bourgeoise était arrivée à faire en peu de temps.

Au dessus de l'écran, on voyait le compte à rebours avancer à mesure que le nuage toxique survolait la ba- nlieue parisienne. Le dessin animé montrait d'une façon fort burlesque, un gros nuage bleu avec des yeux très méchants qui, apercevant au loin le sommet de la tour Effel, lançait aux téléspectateurs : A nous Par-is! ce qui déclencha aussitôt une cascade de rires parmi les adeptes du professeur. Après le décomptage des 36 heures très justement calculées par le génie, le compte à rebours s'arrêta et déclencha une alarme infernale à la Bugs Bunny où l'on vit le gros nuage toxique titiller le sommet de la tour Effel, puis s'abatt-re sur les habitations en contre bas grâce au vent du Nord-Est que le professeur avait préssenti. Ca y'est, j'ai gagné! lança-t-il en jetant les bras en l'air comme Jules Cesar devant la bataille d'Alésia. Aussitôt des acclamations retentirent à Bagdad ainsi que dans son QG où tout le monde était désormais pressé que ce dessin animé devienne réalité. Le calife embrassa amoureusement son Coran, comme jamais il ne l'avait fait auparavant et ses lieutenants brandirent leurs kalachnikov en lançant des cris de guerre! Djémila cont-inuait à applaudir et le colonel de Lamore décrispa son visage pour afficher un air de victoire. Le général Parisis, quant à lui, réajusta son uniforme et tapa sur ses épaules comme sur ses futures épaulettes, pensa-t-il avec euphorie. Quand le dessin animé se termina, le mot : A suivre...s'afficha sur l'écran afin d'indiqu-er à tous qu'il ne s'agissait là que d'un début pour cette grande aventure en vu de s'emparer du monde.

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Puis l'image revenue, le calife lança à travers l'écran : Je suis conquis, oh oui, véritablement conquis, pr- ofesseur!

-Je vous remercie beaucoup, cher calife Salem Lakkdar al-Baghdadi! dit-il d'un air modeste. Et comme vous l'avez compris, je n'ai pas voulu dans ce film d'animation me projeter trop loin sachant qu'il y a des choses qu'on peut calculer et d'autres non.

-C'est une évidence, maître, dit le calife pour la première fois.

-Et la suite ne dépendra que de nous et de vos hommes qui, j'espère, seront à la hauteur de l'évènement n' est-ce pas?

-N'ayez aucune crainte pour mes hommes, professeur, je vous enverrai les meilleurs où il y en aura beau- coup de votre nationalité, si mon général est d'accord? demanda-t-il à un homme couvert de médailes as-sis à côté de lui. 

-Oui, nous en avons des milliers ainsi que de toutes les nationalités, dit-il avec autorité.

-Ah oui, mais d'ou viennent-ils? lui demanda le professeur curieux de tout.

-La majorité d'entre eux viennent de la création de Daech en 2014 où ces derniers se sont battus avec cou-rage pour la création du premier Etat islamique au monde. Et nous leur devons beaucoup pour nous avoir laissé des enfants à la double culture orientale et occidentale, ce qui nous a aidé énormément pour comb- attre les occidentaux avec leurs propres armes militaires et idéologiques. Car savoir comment pensent ses ennemis est une chose primordiale pour pouvoir les vaincre! lâcha le calife qui avait réussi avec sa seule armée à botter les fesses aux américains.

-Vous avez entièrement raison, mon ami, et c'est une chance que nous pouvions enfin nous comprendre sachant que nous aurons besoin d'eux pour servir d'interprètes.

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-Cela facilitera énormément votre victoire à Paris, professeur. Et quant à votre expansion sur l'Europe to- ute entière, les autres nationalités y suppléeront à merveille!

-Oui et c'est un fait non lié au hasard si tout semble s'emboiter comme par magie. Car c'est le destin qui veut que le monde change de propriétaire, bref, c'est Mektoub pour le monde de demain! lança le profess- eur avec un bel accent Arabe.

-Oui, c'est Mektoub pour les occidentaux! répéta à sa façon le calife en caressant le cuir de son Coran.

Ce dernier pensait, si on en était tous arrivé à vouloir la catastrophe, c'est parce qu'on avait bafoué la nat-ure des hommes et leur génie dont les victoires avaient été confisquées par de petits fonctionnaires sans grande envergure, comme par des personnages de bureau dont la France et la Russie étaient les champion-nes du monde. En regardant son nouveau maitre à penser à travers l'écran, le calife semblait ému de le voir enfin réussir son plan de remettre Dieu et la nature au centre des choses. Comme Mahomet dont les debuts furent très difficiles en tant que prophète au point qu'il fut traité de charlatan quand il essaya de convertir son entourage à l'islamisme, sans oublier, les multiples tentatives d'assassinats qu'il dut déjouer pour devenir le plus grand prophète de son vivant! Pour lui, le professeur Banbilock faisait partie de ces grands hommes qui devaient forcément revenir un jour pour clarifier les choses entre le génie et la médi-ocrité. Avant de se séparer, le génie lui donna le conseil de faire passer ses 50 000 hommes par le réseau des réfugiés où les ONG se feront un plaisir de les conduire et de les nourrir jusqu' à bonne destination, Ah!Ah!Ah! ricana-t-il avec un grand cynisme. Après cet entretien très fructueux avec le calife de Bagdad, il en engagea d'autres, toujours en visioconférence, avec un chef Taliban et un étrange colonel Pakistana-is. En tout, il réussit à obtenir 200 000 hommes suplémentaires, ce qui pour le Pakistan était une chose facile à fournir vu sa population d'un milliard d'individus vivant dans une totale misère. Visiblement, le de-stin du monde voulût se montrer plutôt généreux envers ses nouveaux élus. Étant un pacifiste convai-ncu (car il voulait faire couler aucune goutte de sang pour la prochaine révolution du millénaire), il leur avait dit de ne prendre aucune arme à feu avec eux sachant que des armes modernes leurs seraient founies sur place, tels que les pistolets à cartouche virale ainsi que des grenades "virobleues" à haute dispersion.

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15 jours plus tard, le 27 Mars 2084, il lança son attaque sur Paris qui se passa comme il l'avait prévu où la capitale se trouva soudainement allégée de 6 millions d'habitants! Aussitôt les journaux du monde en-tier, comme il fallait s'y attendre, s'emparèrent de l'évènement en annonçant à grand fracas la terrible cata-strophe qui venait de frapper Paris. Dans tous les pays Anglo-Saxons, c'était Chocking! à la Une de tous les journaux et le jour de l'Apocalypse! dans tous les pays latins. Après qu'ils aient envoyé sur place leurs meilleurs reporters pour suivre de près les événements, les grandes chaines de télévision eurent la malheu-reuse surprise de les voir tous mourir en direct pour des raisons inexpliquées. La dernière information qu' ils avaient pu envoyer, avant de mourir le micro à la main, c'était l'étrange couleur bleue de l'air de Paris qui sentait la mort. En regardant cette panique générale, provoquée par lui même dans les médias du mon-de entier, le professeur et ses complices ricanèrent grossièrement en constatant que la plupart ignorait la raison de cette épidémie (était-elle naturelle ou issue d'une catastrophe nucléaire ou autre?). Il était évide-nt pour lui, que ce temps d'incertitude ou de flou total dans les médias et dans le monde scientifique et politique, allait lui permettre d'envahir Paris sans la moindre contrainte vu l'air pourri qui infestait ses rues où aucune armée n'envisageait d'y mettre le nez. Il savait que les seules forces qui pouvaient contre-carrer ses plans se trouveraient sur place, mais il en connaissait ni l'étendue ni la capacité de réaction. Un voyage dans la capitale s'imposait à lui! pensa-t-il en regardant son général jubiler devant son écran où il voyait Paris asphyxié, mais libéré! Il attendit quelques jours afin que les services sanitaires de la ville déb-layent une partie des corps encombrant les grandes avenues pour lui permettre d'agir plus facilement et de s'emparer des lieux stratégiques, comme l'Institut Pasteur et le palais de l'Elysée. Avant de partir, lui et ses complices s'administrèrent l'antidode de la fièvre bleue. Et le 1 er Avril 2084, son jet privé atterrissait à l' aéroport du Bourget où il faisait un temps merveilleux.

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En sortant de l'aéroport, une voiture les attendait où se tenait à proximité Jean-Paul Camus et Robert Cr-assepoite qui avaient été contactés par Jean Lamore de leur arrivée.

Ces derniers, après qu'ils aient visité les anciens lieux du pouvoir et constaté la mort de leur soi-disant gr-ands hommes, étaient restés à Paris pour pouvoir profiter de leur nouveau statut de survivants et s'étaient offerts les meilleurs hôtels de la capitale ainsi que ses meilleurs restaurants. Sans se cacher qu'on s'y bou-sculait guère vu la réduction sévère de la population par le virus de la fièvre bleue. A l'horizon, on voyait s'élever de grandes colonnes de fumée où apparemment les services sanitaires de la ville ( faute de place dans les cimetières, mais aussi pour éviter la contamination de la nappe phréatique) avaient dressé de gra-nds bûchers pour y brûler les corps victimes de la grande épidémie. Cette odeur de la mort infestait tout Paris jusqu'aux champs Elysées! Quant aux rues, elles étaient encombrées de véhicules où l'on apercevait à travers les parebrises, les occupants morts au volant toujours attachés à leur ceinture de sécurité où l'on prévoyait pour les services de la voirie, victimes d'un manque d'éffectifs, une mission herculéenne pour faire leur travail. Ajoutons à cette atmosphère des plus lugubres, un bruit de fond sans discontinuité dans toute la ville dû aux moteurs des véhicules qui tournaient toujours parce que les occupants n'avaient pas eu le temps de les couper quand le nuage toxique s'était abattu sur eux. Ca ressemblait étrangement à la mélodie d'une fin de civilisation et à la fin de l'ère automobile qui jusque-là nous avait empesté les narin-es et assommé les oreilles durant des siècles, Ah!Ah!Ah! On sentait comme un renouveau dans l'air malg-ré que celui-ci fut des plus irrespirable. Et comme il n'y avait assez de personnel pour couper les moteurs des centaines de milliers de véhicules, qui encombraient toute l'agglomération parisienne, les autorités avaient décidé de les laisser tourner jusqu'à épuisement de leur carburant.

Quant au centre de Paris, près des champs Elysées, on mettait tout en oeuvre pour dégager les véhicules pollueurs et encombrants en les conduisant grâce à des bénévoles survivants dans des parkings situés à l' extérieur de la ville. Jusque-là aucune autorité n'avait pensé qu'une telle catastrophe puisse arriver à Paris et on la sentait agir dans une totale improvisation. Camus et Crassepoite, qui avaient traversé Paris à vélo pour faire un peu de sport, furent témoins de toutes ces choses hallucinantes. Puis arrivés à l'aéroport, ils se saisirent sans grande difficulté d'un véhicule genre Renault espace aux vitres teintées de couleur noire pour assurer le transport de leur illustre cargaison. Quand Camus les aperçut franchir les portes de l'aéro-port, il crut voir un miracle s'avancer vers lui en découvrant que les personnages de son roman, le virus de la fièvre bleue, étaient devenus réalité et s'étaient transformés en chair et en os! La seule chose qui se-mbla le choquer fut de voir cette jeune femme habillée en voile islamique qu'il n'avait pas prévu l'existen-ce. Mais en réfléchissant un instant sur le métier de romancier de génie qu'il était, il se disait que la vie dépassait souvent la fiction et que des personnage imprévus pouvaient à tout moment intervenir dans son histoire afin de lui donner plus de piquant, bref, d'aventures. Quant à Crassepoite, celui-ci parut choqué par le génie de son collègue qu'il regardait avec des yeux d'illuminés.

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-Oh professeur, comme je suis heureux de vous voir! lança Camus en lui serrant la main pour la première fois.

-Moi de même,  monsieur Camus dont le génie littéraire n'est plus à prouver puisqu'il a su deviner ses ill-ustres conquérants, n'est-ce pas?

-Oui, c'est parfaitement exact! dit-il tout en gardant ses mains dans les siennes.

La seconde chose qui l'embarrassa un peu fut la taille du professeur qu'il avait imaginé plus grande dans son roman pour faire plus crédible auprès des lecteurs. Mais ici, apparemment, la vie en avait décidé autr-ement en mettant du génie dans un corps plutôt de petite taille, comme dans celui de Napoleon et de Stal-line. Mais n'allons pas chipoter sur les caprices de la nature, mon cher lecteur, qui, ne nous le cachons pas, expérimentait toute sorte de prototype d'être vivant pour parfaire sa création dont certaines furent d'éclata-tes réussites, alors que d'autres de lamentables échecs! Mais avons nous personnellement assez de génie pour pouvoir la juger sans nous rendre ridicule à nos propres yeux? Mais qui peut juger, sinon les génies qui sont en si peu grand nombre parmi nous, n'est-ce pas? Quand il serra la main de Jean Lamore, il fut impressionné par son état général et malgré un coeur en fer qui rouillait périodiquement. Mais il semblait que le professeur lui avait établi un régime à base d'huile alimentaire anticorrosion et à haute teneur calor-ique.

-Jean comment allez-vous? lui demanda-t-il comme s'il s'adressait à un vieil ami.

-Je me porte à merveille! dit-il en lui glissant une main glacée qu'il retira aussitôt. Camus, qui le connais-sait très bien pour sa haine contre l'humanité, ne pouvait pas lui en vouloir véritablement. Car il l'avait imaginé ainsi et qu'il ne pouvait plus désormais jouer un autre rôle. Quand vint le tour du général Parisis, il sembla très ému de revoir ce haut personnage historique qui, sortant d'outre-tombe, voulait absolument redonner à la France sa grandeur d'antan que les républicains en 1789 avaient précipité dans le néant. Le général lui présenta une main gantée de blanc, qu'il ne prit point pour de l'indélicatesse, mais comme un signe de franchise et d'honnêteté de vouloir nettoyer la France de toutes ses impuretés républicaines!

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Ils s'échangèrent à vrai dire peu de mots sachant que le général devait établir ses futurs QG dans chaque arrondissements de Paris afin d'y regrouper ses hommes frais et vaccinés qui, sans encombre, avaient pu rejoindre la capitale. Quant à monsieur Crassepoite, qui semblait un peu seul, personne ne le connaissait vraiment, sinon qu'on pouvait lui faire une entière confiance d'après les propos de monsieur Camus. Et malgré qu'il ne fut qu'un petit fonctionnaire sans aucun génie(comme la plupart), il cachait au plus profo-nd de lui même des rêves de grandeurs que le système républicain, malheureusement, ne lui avait pas per-mis d'atteindre ni d'entrapercevoir. Alors qu'en s'associant avec l'illustre Camus et le professeur Banbilo-ck, son rêve politique mégalomaniaque avait une chance de voir le jour! pensa-t-il en serrant avec ferveur la main de tous ses complices.

Professeur, où voulez-vous que je vous emmène maintenant? lui demanda Camus en lui tenant la portière.

-Je voudrais aller à l'Institut Pasteur au plus vite afin de régler quelques affaires de hautes importances av-ec le passé, dit-il en grimpant dans le véhicule suivi de toute son équipe.

-C'est comme si c'était fait! lança-t-il heureux de conduire son idole à cet un Institut mondialement con-nu grâce à Pasteur qui élabora le premier vaccin contre la rage: rage que le professeur semblait étrangem-ent atteint par son extrême impatience à vouloir visiter ses laboratoires où tant de personnalités scientifi-ques y avaient faites quelques découvertes sans grandes importances, puisqu'il les avaient tous surpassé par la découverte du virus de la fièvre bleue, le virus qui allait changer la face du monde!

Crassepoite parut soulagé quand Camus prit le volant, car il détestait conduire et bien qu'il y eut en ce 1er Avril 2084 peu de circulation sur les routes. En quelques jours, les autorités grâce aux survivants, avaient pu dégager une grande partie du centre historique de Paris et on pouvait enfin circuler en toute quiètude autour de la place de l'Etoile où en temps normal, on s'y faisait emboutir et insulter par d'indignes chauff-ards. Quant à la banlieue, elle était pratiquement laissée à l'abandon au point que les anciens trafiquants de drogue, d'armes et de voitures de luxe, ayant perdu la moitié de leurs clients suite à l'épidémie, s'étaient lancés dans le pillage à tout azimut de banques, de bijouteries, d'armureries et de grandes surfaces. Au dé-but, croyant au miracle, ils se contentèrent seulement de les vandaliser. Mais quand ils s'aperçurent à leur grande surprise que les forces de l'ordre brillaient par leur absence et malgré les systèmes d'alarmes fort bruyants, ils commencèrent à prendre leur aise en faisant quotidiennement leurs courses au supermarché du coin en totale gratuité, bien entendu. Ainsi, les grands magasins d'alimentation ne furent plus pris d'as-saut, mais gérés comme des stocks de provisions par ces bandes armées qui avaient survécu on ne savait comment à l'épidémie. Dans la tête de tous ces chefs de gangs, des idées mégalomaniaques de prise de po-uvoir à Paris germaient comme de gros champignons où désormais tout devenait possible! pensaient-ils en sachant très bien que la concurrence serait rude entre les bandes rivales. Mais des combats à l'intérieur des rues de Paris et à l'arme lourde leur semblaient follement romantiques et pleines d'aventures malgré qu'ils n'aient jamais rien lu sur Victor Hugo ou sur la révolution française. Mais apparemment, pour eux aussi, l'Histoire semblait en marche!

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-L'Institut Pasteur est-il toujours rue du docteur Roux dans le 15 ème arrondissement, monsieur Camus? demanda soudainement le professeur.

-Mais oui, c'est exact! et son adresse n'a pas changé depuis 1885 qui est la date de sa fondation, lui dit-il surpris d'apprendre que son mentor connaissait Paris comme sa poche. Mais professeur êtes-vous venu ré-cemment à Paris? lui demanda-t-il avec un peu d'indiscretion et d'audace.

-Mais mon cher Camus,  j'y suis né! lui expédia-t-il fièrement et aux Buttes-Chaumont pour le lui rappel-er comme s'il l'avait oublié. A l'arrière, on semblait touché par la confession du grand homme, mais surt-out très heureux de le revoir dans cette grande ville où il y avait vu le jour pour enfin la mettre à genoux! Dans le véhicule, on s'échangeait des regards chargés de tendresses et d'admirations pour le grand vision-naire qu'il était où se tenait à ses côtés, monsieur Camus, le grand écrivain du troisième millénaire où l'un et l'autre semblaient désormais indissociables pour mener à bien cette nouvelle révolution "propre" afin de redonner de nouvelles perspectives d'avenir à cette humanité que la république avait mené à la ruine et au désespoir. Le professeur n'avait aucune haine contre les républicains, mais le grand champion des mu-tations biologiques qu'il était avait horreur de l'immobilisme moléculaire, bref, de l'immobilisme politiq-ue et social tels que les républicains le concevait. Avec un ardent désir de réécrire les droits de l'Homme, non pour les bafouer, mais seulement pour les élargir et ouvrir aux survivants de nouvelles percepectives de liberté. En lui sommeillait un petit capitaine Némo( le héros de Jules Verne), mais avec un côté révol-utionnaire que l'autre n'avait pas qui, déçu par l'humanité, s'était retiré dans les fonds sous-marins à bord de son Nautilus, comme pour noyer son chagrin et d'exprimer son impuissance à pouvoir changer le mon-de et les Hommes. Alors que le professeur Banbilock revendiquait son appartenance à cette humanité afin de la changer en profondeur. La grande différence qu'il existait entre ces 2 personnages, c'est que le capit-aine Nemo était un personnage de fiction imaginé par Jules Verne sans aucune existence réelle, bref, un personnage du 19 ème siècle qui croyait plus aux progrès des sciences qu'au progrès moral des hommes. Et qu'en regardant retrospectivement notre passé, où les hommes s'étaient fait la guerre avec une barbarie inouïe, on pouvait dire qu'il s'était largement trompé!

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Car c'est fou comme les hommes ont été ingénieux à utiliser la science pour s'autodétruire! Bref, un para-doxe qui nous prouve que le progrès moral des hommes soit inversement proportionnel au progrès des sc-iences! Car même si le capitaine Nemo avait toutes les apparences d'un génie, il n'était que fictif et de plus dans la littérature. Alors que le professeur était un génie bien réel, non inventé par son auteur (comme on aurait pu le croire), mais pressenti par ce dernier afin qu'il fasse avancer le progrès moral chez les homm-es. Et malheureusement en en éliminant la moitié pour améliorer leur sort et leur apporter le sentiment que demain tout sera neuf. Et après des siècles d'échecs individuels et collectifs, les hommes allaient pou-voir enfin goûter aux joies de la réussite qu'il avaient complètement occultées depuis leurs arrières et arri-ères grand-parents. Avec lui, plus de guerres inutiles, plus de sang versé pour le plaisir de le faire couler, plus de corps sanguignolants déchiquetés par les balles et les obus, plus de cris plaintifs des blessés appel-ant leur maman, mais un coup de virus dans le pif! Bref, une guerre vertueuse pour l'humanité toute entiè-re que son génie avait pressenti comme une nécessité pour qu'elle survive. Destruction, création, telles ét-aient les principes de survie de la nature pour éviter le chaos généré par la surpopulation dont les hommes n'étaient pas épargnés. Bref, une boucle infernale et sans fin qu'on pouvait nommer, sans se tromper, com-me une révolution permanente d'ordre économique et idéologique chez les hommes, alors qu'une question vitale et physique pour la nature. Il semblait apparaître ici, comme dans une grosse lunette, l'orgueil des hommes de se croire au dessus de la nature en inventant des systèmes politiques et idéologiques qu'ils pe-nsaient impossible à concevoir par la nature. Et à force de tricher avec elle, voilà où elle nous poussait ve-rs nos plus bas instincts! Car derrière nos soi-disant "grandes idées" se cachaient en vérité nos peurs primi-tives, nos angoisses, mais aussi nos plus folles ambitions pour pouvoir survivre à ce chaos. La seule diff-érence qu'il y avait entre nous et la nature, c'est que nous l'écrivions dans des livres d'histoires. Et si j'ai écrit histoires au pluriel et sans majuscules, c'est pour ne pas nous prendre pour ce que nous ne sommes pas, mon cher semblable. 

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Car pour la nature, il n' y a pas une seule grande Histoire tels que les hommes orgueilleux se l'imaginent, mais une multitude de petites histoires dont celle des hommes fait partie. C'est comme pour la musique, il n'y a pas de petite ou de grande musique tel que l'homme le concevait. Car lorsque j'écoute le chant du ro-ssignol au milieu des bois où coule en contre bas une petite rivière paisible et rafraîchissante, c'est une sy-mphonie que j'entends là dont le génie de Mozart est loin d'avoir atteint!

Après que son mentor soit sorti de ses profondes pensées, Camus lança soudainement : Mais quoi, profes-seur, vous êtes parisien? en faisant l'étonné

-Oui, un pur parigo comme on dit, monsieur Camus! 

-Hé ben, moi de même, répliqua-t-il en lui serrant la main.

-Quoi, vous aussi? Mais est-ce possible? s'exclama-t-il en n' y croyant pas ses oreilles.

-Mais oui, professeur, je suis né à Aubervilliers!

-Aubervilliers, mais non d'une pipe, je connais bien! C'est là où j'avais mes meilleurs potes et que j'avais expérimenté mes premières inventions telle que la bombe à éternuement que j'ai appelée la bombe atchou-mique!

-La bombe atchoumique, professeur, mais c'est quoi exactement? lui demanda-t-il étonné d'un tel nom pour une bombe voulant se rapprocher apparemment de la bombe atomique

-Voyez-vous, mon cher Camus, à l'époque j'avais 16 ans et je ne savais pas comment tuer mon temps fau-te d'argent et de perspectives d'avenir évidentes. C'est alors que j'ai eu la folle idée d'émettre une théorie qui allait pouvoir changer la face du monde. Bref, en faisant éternuer toute la population de la planète en même temps, nous étions sûr de provoquer une explosion aussi puissante que la bombe atomique équiva-lente à plusieurs mégatonnes. L'important étant pour nous de placer les bombes à éternuements au bon en-droit et de les déclencher toutes en même temps! précisa le professeur.

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-C'est ça, la bombe atchoumique? demanda Camus transporté par le génie précoce de son maitre à penser.

-Oui, c'est le nom que je lui ai donné pouvant se rapprocher de celui de la bombe atomique. Mais faute d' argent et de collaborateurs sérieux, j'ai dû abandonner le projet. Mais je compte un jour m'y remettre en remplaçant la poudre à éternuer par du gaz hilarant afin de faire rire toute la planète, ah! ah! ah! ria le pro- fesseur emporté par son délire génial.

-Ce serait pour vous, comme éliminer tous les comiques de la télé qui nous bassinent avec leur humour à deux balles, hein, professeur?

-Oh oui, ce serait comme rendre service à toute la planète en étant moi même le grand marionnettiste du monde où Hollywood pourrait bien allez se recoucher, ah! ah! ah! rirent-ils tous les deux comme deux en-fants éperdument libres. A l'arrière du véhicule, on étouffait tellement de rire qu'on ouvrit les vitres pour pouvoir respirer un peu. Dehors, on voyait partout des corps encombrer les trottoir malgré les éfforts très matinaux des services de la voirie pour dégager toutes les voies de circulation. En passant devant le resta- urant chez Maxim's, ils aperçurent la terrasse pleine de gens dont les corps avaient été statufiés par le virus de la fièvre bleue (dont la caractéristique principale était d'immobiliser la vie en mouvement). Autour d'u- ne table, on voyait des gens qui levaient leurs verres en faisant une horrible grimace. Et plus extraordinai-re, un serveur vêtu de son gilet impeccable avec son plateau statufié à l'entrée de l'établissement! Ce tabl-eau leur parut à tous comme un chef-d'oeuvre de la peinture espagnole, une sorte de Goya du 3 ème mill-énaire. Crassepoite, qui avait emporté avec lui son Kodak de poche, ne put résister à la beauté de ce table-au et déclencha son appareil pour immortaliser l'événement. Dans la voiture, pendant un instant, on parut choqué par son geste ou peut-être par sa perversion? Mais personne à vrai dire n'osa lui faire la moindre remarque sachant qu'ils venaient d'entrer dans une nouvelle ère où la morale et la liberté s'étaient élargies d'une façon monstreuse pour permettre à tous d'assouvir leurs rêves les plus fous. Et comme disait très justement Jean-Paul Sartre, un philosophe qu'avait étudié, non sans difficulté, Jean-Paul Camus au Lycée : Nous n'avions jamais été aussi libres que sous l'occupation, bref, dans l'état de guerre!

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En passant devant les archives nationales de la ville de Paris, le général Parisis parut secoué par d'étranges pensées, comme par une folle envie d'aller brûler les documents officiels concernant le serment du jeu de paume et la déclaration des droits de l'Homme! qu'elles gardaient précieusement enfermés dans une armo- ire blindée. Aussitôt sa cervelle sembla prendre feu et ses yeux jeter des éclairs devant le long bâtiment qui défilait devant lui, puis implorer quelque chose de misérable au professeur. Pitié, professeur, laissez-moi descendre ici afin d'accomplir l'acte de ma vie! criait-il au fond de lui même. Pour l'amour de dieu, laissez -moi descendre, je vous en supplie! Pour la postérité, professeur, laissez-moi une heure ou deux pour all-er détruire ces infâmes documents. De toute mon âme, je voudrais les voir partir en fumée sous mes yeux! jura-t-il amèrement en voyant la voiture filer tout droit et dépasser le glorieux bâtiment. Rongant son frein dans la voiture, il se disait pour se consoler qu'il avait en fin de compte tout le temps de réaliser son rêve. Réalisons tout d'abord celui du professeur et après on verra, ùurmura-t-il du bout des lèvres en reprenant le contrôle sur lui-même. A l'avant, le professeur et son cher philosophe avant-gardiste ne pensèrent à au-cun moment s'arrêter devant ce lugubre bâtiment où un tas de paperasse était entassé depuis des siècles da-ns l'ombre et dans la poussière. Seul le "vivant" semblait les préoccuper même si le professeur devait se rendre au plus vite à l'Institut Pasteur pour régler quelques affaires avec le passé. Il est vrai que l'institut n' était pas de toute première jeunesse, mais qu'il avait eu le grand privilège d'avoir été pasteurisé par son ill-ustre fondateur, comme du lait pour bébé, Ah!Ah!Ah! Camus pensait bien évidemment au fromage pasteu-risé qui n'avait plus de goût ainsi qu'au yaourt allégé en matière grasse et à la crème chantilly qu'il rafoll-ait manger avec des fraises, mais que les industriels de l'agroalimentaire avaient pasteurisé pour faire plai-sir aux américains qui luttaient contre leur obésité galopante. Il était évident pour lui que cette obésité ét-ait d'ordre politique et non alimentaire, comme on aurait pu le croire, au fait que les américains à force de s'ennuyer devant leur télé s'empiffraient comme des porcs. Un manque de programmes intelligents à la té-lé? Un manque crucial de vrais projets d'avenir? Des ambitions démesurées pour devenir le peuple le plus gros du monde? Une soif et une faim inassouvies causées par un dollar devenu lui aussi obèse? Bref, mon lecteur, je vous laisse la réponse! 

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Après le contournement d'innombrables embouteillages et carambolages (qu'on aurait pu représenter sans aucun mal sur un tableau illustrant l'apocalypse urbain), ils se trouvèrent par hasard à passer devant le mu-sée du Louvre qui, avec sa petite pyramide de verre, semblait avoir été transportée au temps de l'Egypte ancienne et colorée en bleu par le virus de la fièvre bleue. Le professeur, pour immortaliser l'évènement, demanda à Crassepoite de la photographier pour la mettre dans ses futures archives qu'il comptait appeler l'ADNM( les archives du nouveau monde) afin de remplacer l'ANDP (les archives nationales de Paris) qui étaient devenues complètement obsolètes voires périmées. Sortant son petit appareil Kodak de la poche de son veston, Crassepoite, tel un élève appliqué, prit la photo en tremblant le moins possible dans la voiture. C'est fait, professeur! dit-il heureux qu'on employe enfin ses compétences. Je l'a développerai moi-même dans mon labo! ajouta-t-il sachant qu'il avait étudié la photographie dans sa jeunesse avant de devenir un petit fonctionnaire d'Etat. Perdu dans ses frustrations de jeunesse, il aurait aimé devenir un grand photogr-aphe travaillant pour le cinéma afin de photographier les stars. Pour lui, seules les stars méritaient ce priv-ilège d'avoir leur portrait dans les grands magazines de mode et de cinéma. Mais dès lors qu'on commença à stariser la ménagère de moins de 50 ans et les petits rappeurs des banlieues, ce fut la descente aux enfers pour la chanson et le cinéma où la magie s'envola pour être remplacée par du vulgaire et de la médiocrité, pensait-il vraiment. Mais sachant qu'il n'avait aucun talent ni génie, monsieur Crassepoite voulait rester honnête avec lui-même à l'encontre de ces collègues hauts fonctionnaires qui se prenaient pour de grands hommes, alors qu'ils n'étaient que de petits bureaucrates. La fonction, oui, la fonction, tel était le graal de la république pour parvenir en haut de l'Etat. Et la haute fonction pour les hommes politiques, la consécr-ation pour se croire des grands hommes, alors qu'ils n'étaient que de vieux singes grimaçant l'intelligence des génies, Ah!Ah!Ah!

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Pour paraître intelligent valait mieux s'entourer d'imbéciles! pensait-il souvent à propos de tous ces hom-mes politiques qui avaient pris le peuple pour une machine à voter et non comme une personne digne de respect. Ce problème était de nature constitutionnelle, non propre à la république, mais à tout système po-litique basant ses lois sur la grande généralisation des opinions, des comportements et des désirs, bref, de nos soi-disant rêves en commun ou si vous voulez sur la massification des idées et des individus pour fab-riquer "le peuple". Bref, le peuple qui, pour les démagogues, ne se trompait jamais et avait toujours raison quelque soit sa situation politique, économique et géographique, etc. Bien évidemment, tout ceci n' était qu'un gros mensonge répété à longueur de journée par ces derniers tenant plus à leur place qu'à servir le peuple devenu malheureusement qu'une nébuleuse, mais qui en vérité entendait tout. Fonctionnaire raté à cause de la république qui ne lui avait pas donné sa chance d'accéder aux plus hautes fonctions de l'Etat, Crassepoite admirait le vrai génie et non pas celui des imitateurs à l'Assemblée Nationale, mais celui de Camus et du professeur auquel il vouait un culte pour leur originalité respective. L'un pour sa pensée av-ant-gardiste (au point de lui attribuer les qualités d'un prophète) et pour l'autre, un génie scientifique aux qualités pratiques pour renverser le monde. Bref, deux génies complémentaires qui ne s'étaient pas renco- ntrés par hasard, comme on aurait pu le croire, mais qui avaient attendu des siècles le moment propice po-ur s'allier avec tous les attributs de la jeunesse et des ambitions, cela s'entend. Car avant eux, la nature av-ait bien essayé de fabriquer toutes sortes de génies; mais ce qui leur avait manqué pour réussir à transfor-mer la réalité, ce fut une véritable pensée, non forcément intellectuelle ou révolutionnaire, mais inspirée directement par la nature pour redonner aux hommes le goût de la liberté ainsi qu'une volonté sans faille d'éliminer ceux qui s'y opposeraient. En Camus et le professeur, il leur avait trouvé ces deux qualités ind-ispensables pour pouvoir changer le monde en profondeur. A l'évidence, pour lui, la république avait éch-oué sa mission de libérer les hommes bien qu'elle en ait eu toutes les prétentions (en nous débarrassant de la monarchie et de tous ses privilèges honteux), mais sans avoir pu éviter aux hommes les 2 guerres mon-diales où son arrière grand-père y avait laissé la peau ainsi que 60 millions d'êtres humains!

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De toute évidence, la république avait échoué sa mission de nous rendre heureux, telle était sa cruelle co-nclusion, lui, l'ancien fonctionnaire auquel il restait quelques nostalgies républicaines. Et tout ceci à cau-se de ses élites politiques ou représentants du peuple qui, empilant les lois sur les unes ainsi que les imp-ôts, avaient réduit monstrueusement les libertés des hommes en devenant les prisonniers d'un monstre au très grand appétit. La révolution française était bien loin! s'indignait-il en regardant le musée du Louvre défiler devant lui où bizarrement il s'imaginait voler la Joconde! Il est vrai, une bien étrange idée pour un petit fonctionnaire, mais parfaitement réalisable par lui-même en ce moment où le musée devait être bien désert suite à l'épidémie. Soudainement, il se rappelait ses visites au Musée où, en tant qu'amateur d'art éclairé, il ne manquait jamais d'aller voir la Joconde, sa Joconde adorée. Un jour, alors qu'il était en exta-se devant le tableau de Leonard de Vinci où tant d'experts avaient spéculé sur son sourire énigmatique (p-our certains, un affaissement central de la bouche due à la vieillesse de la toile et pour d'autres, un sourire tout simplement ironique voulut par l'artiste, etc), bref, un vieil homme s'approcha de lui et lui dit : Mon-sieur, ce que vous voyez là, c'est le sourire de l'intelligence! Étonné par la justesse de son analyse, il ne put s'empêcher alors de l'embrasser pour lui avoir appris la vérité sur les intentions de l'auteur qui en tant que génie avait su représenter l'intelligence sur un tableau par un sourire. Le sourire de l'intelligence, mon dieu, quelle belle formule! avait lancé le vieil homme qui, ému par son audace, était parti en pleurant du musée, comme par le regret d'avoir dévoilé son secret à un inconnu. En analysant tout ceci, il pensa aussi-tôt au sourire de Camus et du professeur qui, constamment sur leurs bouches, étaient prêts à le dégainer contre leurs sinistres adversaires dont le visage était triste et sérieux comme à l'Assemblée Nationale où l' on nous exposait la bêtise organisée et l'entêtement républicain. Mais où était donc passée l'intelligence en France? se demandait-il pris par un vide éffrayant.

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L'avait-on abandonnée pour se réfugier derrière une fonction répétitive tels que les discours républicains appris par cœur à l'école( un savoir dire) ou bien derrière un savoir faire, bref, une profession où l'on rép- était toujours les mêmes mots, les mêmes idées, les mêmes gestes, postures pour nous assurer de ne jama-is nous tromper? Mais un monde sans improvisation ne serait-il pas un monde sans avenir? se demandait- il en enchaînant pensées sur pensées où son esprit avait retrouvé sa faculté de jongler avec les idées grâce à ses nouveaux amis. Il était évident pour lui que la société française était devenue une grosse machine in- humaine qui ne marchait plus à l'intelligence, comme carburant, mais avec des mécanismes aux fonctions essentiellement répétitives au point qu'on pût imaginer mettre à sa tête un robot avec un logiciel informat-ique pour le remplacer sans problème. A l'évidence, cette idée serait la meilleur solution pour palier à l'in-compétence de nos hommes politiques, imaginait-il en espérant demander au Professeur dans les prochai-ins jours, la future organisation de son administration. Le professeur, quelque peu lassé par le spectacle morbide de Paris, demanda à Camus s'il ne pouvait pas mettre un peu de musique dans la voiture que tout le monde accepterait pour égayer un peu la visite. Aussitôt ce dernier mit en marche l'autoradio et tomba tout à fait par hasard sur le requiem de Mozart! qui résonna soudainement dans l'habitacle comme une ma-rche funèbre. Interrogeant du regard le professeur pour avoir son assentiment ou sa désapprobation, ce de-rnier étonnamment lui dit : Mais oui, mais oui, Camus, c'est parfait pour visiter Paris au crépuscule de son Histoire, Ah!Ah!Ah! Emporté par le délire de son mentor et par cette musique si émouvante en ces cir-constances extraordinaires, il se mit à tourner frénétiquement autour du rond-point, comme pour admirer à travers l'incendie du ciel, la petite pyramide bleue du Louvre brillant de mille feux. Le rond-point, soud-ainement transformé en carousel de la vie, semblait porter sur ses grands chevaux des fous qui étrangeme-nt ne se le cachaient plus en explosant de rire à chaque passage devant la pyramide "ébleuissante" du Lou-vre.

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Camus, auquel la tête tournait beaucoup, y voyait comme la pyramide de Khéops et la momie de Ramsès2 en s'imaginant un jour posséder la sienne portant son nom, celle de Camus 2 écrit en hyéroglyphes bleus : Grand pharaon du 3 ème empire Banbilockien. Revenant doucement à la réalité en pensant à son livre mo-numental" le virus de la fièvre bleue", il savait en toute lucidité qu'on ne lui décernerait jamais le prix No-bel de littérature, non à cause des fautes de français dont il était truffé, mais à cause de son génie qui ne serait jamais reconnu par une bande de vieillards grabataires siégeant à la très célèbre académie de Stoch-olm, Ah!Ah!Ah! A propos de cette conspiration des imbéciles, il pensait faire un jour un petit voyage en Suède pour aller dynamiter le célèbre institut en l'honneur de son illustre fondateur Alfred Nobel, ce qui serait la meilleur façon de lui rendre hommage, n'est-ce pas? Ah!Ah!Ah! ricanait-il au fond de lui même. En fait, pour le grand philosophe-écrivain qu'il était, la littérature était un art complet. Car elle possédait en elle-même toutes les qualités qu'on retrouvait rarement chez un seul homme, à part les génies, bien évi-demment. Bref, les qualités de peintre, d'historien, de musicien et de prophète. De peintre, car il allait pei-ndre ses paysages intérieurs où les impressions seraient de formes diverses : impressionnistes, pointillist-es, fauvises, cubistes, symbolistes, futuristes, etc, mais pouvait peindre aussi la réalité de la vie quotidien-ne où ses tableaux des moeurs feraient la joie de ses contemporains et le fond de commerce de la littératu-re commerciale et du journalisme dont il n'était pas hostile, mais qu'il plaçait bien en dessous de la bande dessinée pour des raisons philosophiques, bien évidemment. Puis des qualités d'historiens, car en remont-ant le temps, elles allaient nous apprendre quelques croustillantes anecdotes, comme le fait de savoir que Napoleon n'était pas un extraterrestre, mais un homme ordinaire qui faisait tous les jours ses besoins dans un pot de chambre, Ah!Ah!Ah! Pour parler plus sérieusement, il pouvait par ses qualités d'historiens retra-cer toute l' Histoire de l'humanité depuis ses origines et avec beaucoup de recherches sur le terrain et dans les bibliothèques se rapprocher des faits réels, ce qui pour Camus était intéressant, mais peu de chose dev-ant la recherche de la vérité, non la sienne, mais celle du destin de l'humanité!

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Puis des qualités de musiciens où la prose employée par l'auteur allait créer une petite ou une grande mu- sique selon le génie qu'il avait pour exprimer ses petites idées ou grandes idées. Ainsi voyait-on aussi bi-en dans le domaine musical que littéraire que le fond et la forme devaient faire un tout sinon tout cela so-nnait horriblement faux comme le costume ridicule des académiciens, Ah!Ah!Ah! Mais ce que préférait par dessus tout Camus dans la littérature, c'était la fonction de prophète qu'il avait employée pour écrire son chef-d'oeuvre, le virus de la fièvre bleue, que le professeur et son fils adoptif avaient pris comme liv-re fondateur pour leur nouvel empire. Monsieur Camus, qui excellait plus dans l'art divinatoire que dans l'art en général( où son collègue monsieur Crassepoite le dépassait de très loin) imaginait alors dans les grandes salles vides du musée du Louvre, non plus les chefs-d'oeuvre accrochés au mur, mais jonchés au sol parmi ces milliers de cadavres terrassés par l'épidémie! Emportée par son imagination diabolique, il eut une vision où il aperçut devant le célèbre tableau " le radeau de la méduse " des corps entassés les uns sur les autres, comme pour illustrer à merveille le naufrage de la république, Ah!Ah!Ah!  Puis marchant à travers ce dédale de corps en voie de momification dans le musée, il parvenait jusqu'au tableau d'Eugène Delacroix qui représentait la liberté guidant le peuple, puis à l'aide d'une bombe de peinture blanche tag-ait dessus : A mort la république, vive la liberté! Dans son imagination, c'était comme une apothéose où, dénaturant quelque peu l'oeuvre de Delacroix, il la faisait passer à la postérité dans ce nouveau monde où la liberté avait été reconquise, non par des hommes de bonne volonté, mais par des hommes de très gran-de volonté. Bref, il lui semblait que le destin des hommes se jouait à peu de chose, à un mot près et que le rêve des Hommes ne fut jamais celui de la république, mais celui de la liberté totale et sans compromi-ssion!

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Bref, en nous révélant la vérité sur ce monde capitaliste où désespérement nous perdions un temps précie-ux à courir après l'argent au lieu de nous occuper de notre épanouissement personnel. Et ceci à cause de la valeur travail, qui au cours des siècles avait été tellement galvaudée, méprisée qu'elle était devenue pour les hommes et les femmes synonyme d'ennuis et d'épuisement moral, aboutissant à un épuisement idéolo-gique. Bouffant amèrement de l'argent du soir au matin aux actualités télévisées par le déficit de la France, par les salaires mirobolants des joueurs de foot qui tapaient seulement dans un balon! par les cachets jute-ux des starts du cinéma qui disaient trois répliques à la con dans un film au scénario inexistant, par des ch-anteurs et musiciens dont la musique était fabriquée par des machines et autres logiciels etc. Bref, leur vie quotidienne était devenue une overdose d'argent, jamais dans leur poche, mais toujours dans celles des au-tres et dans la bouche des commentateurs économiques au point que les philosophes s'enthousiasmèrent pour l'argent en lui trouvant des vertus insoupçonnées! Visiblement, ce monde semblait marcher sur la tê-te où les penseurs devinrent du jour au lendemain de fervents défenseurs du capitalisme au point de faire sortir Socrate et Platon de leurs tombes! Il est vrai aussi que n'ayant plus aucune idée à produire ou à off-rir à ce monde en déclin, il leur fallût bien choisir un camp, non plus pour passer à la postérité, mais uniq-uement pour passer à la télévision y faire la promotion de leur dernier bouquin sur l'art d'être heureux où sur le comment oublier le monde autour de soi! A propos de toutes ces illusions générées parl'argent, Ca-mus détestait le sable blanc et les plages paradisiaques où, étrangement, il n'y avait jamais personne sur les photos afin de faire croire aux touristes idiots qu'elles allaient leur appartenir à eux tout seuls. Voilà, le rêve égoïste proposé par le monde capitaliste, bref, les pays pauvres comme lieux d'orgies en tout genres : rallystique, sexuel, gastronomique, alcoolique, mais aussi une possibilité intéressante, pour l'occidental en mal de puissance, d'humilier les pauvres en les traitant de damnés et de vauriens, Ah!Ah!Ah! A l'évidence, ce rêve était minable, ignoble quand on le regardait avec des lunettes grossissantes. Bref, il était temps en-fin de le changer! pensait Camus en sortant du rond-point au plus grand soulagement des occupants de la voiture.

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-Mais qu'est-ce qui vous a pris, monsieur Camus? lui demanda brutalement le professeur. J'ai calculé que vous avez fait exactement dix tours trois quart et je ne sais pour quelles raisons?

-Heu? pardonnez-moi, professeur, mais j'étais tellement pris par la musique et par la beauté du site que j' ai cru que cela vous ferait plaisir..

-Hum, hum, sachez à l'avenir vous contenir, monsieur Camus. Et je pense que deux tours auraient large- ment suffi, n'est-ce pas? demanda-t-il à tous les occupants de la voiture.

-Oh oui, professeur! lancèrent-ils en ayant tous le cœur barbouillé.

-Allez, dépêchez-vous et emmenez-moi maintenant à l'Institut! dit le professeur qui semblait énervé par ces comportements illogiques voir sans fondements scientifiques.

-D'accord, patron! répondit-il en ayant étrangement dans la tête le tableau de Delacroix suspendu à sa mé-moire, il est vrai aussi quelque peu dénaturé par son imagination diabolique. Le voici :

C'est très certainement son esprit révolutionnaire qui le forçait à modifier les oeuvres du passé pour pou-voir les introduire dans ce nouveau monde où certaines seraient dignes d'y figurer. Avec l'aide de son coll-ègue, monsieur Crassepoite( un amateur d'art éclairé), il était prêt à établir un nouveau catalogue pour le musée du Louvre où figureraient ses propres oeuvres telle que la liberté guidant le peuple, modifiée par ses soins, en liberté guidant les survivants de l'épidémie de fièvre bleue. Puis le radeau de la méduse, adj-oint à une immense photographie prise dans les couloirs du musée montrant un amoncellement de corps intitulée, le naufrage de la république, Ah!Ah!Ah! Dans sa tête, bouillonnait toutes sortes d'idées farfelues comme dessiner des moustaches à la diable sur le portrait de Voltaire ainsi que des cornes, lacérer à coups de couteaux de cuisine les tableaux de Picasso pour parfaire ses oeuvres en accentuant leur côté tranchant avec l'art véritable, mais épargner celles de sa période bleue qu'il estimait honorable de figurer dans son catalogue, tager les tableaux de Magritte par un : Ceci est un canul'art! Peindre en bleue la statue d'apollon et la déesse Ahtèna etc etc. Bref, pouvoir enfin réaliser tous ses rêves d'artistes dans ce nouveau monde avant que toutes ces oeuvres ne soient volées ou détruites, s'inquiètait-il en regardant le professeur qui ne pensait qu'à prendre ses nouvelles fonctions à l'Institut Pasteur.

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L'art et la politique, en regardant le professeur pensif, lui semblaient bien éloignés. Et que dire alors de la musique et de la littérature? se demandait-il en filant vers le 15 ème arrondissement, rue du Docteur Roux qui fut le premier scientifique à être "Pasteurisé" par le célèbre institut, Ah!Ah!Ah!

Voici quelques oeuvres modifiées, par Camus lui même, qui seront mises dans le nouveau catalogue du Louvre.

                                                                  La pipe de Magritte

 

Le portait de Voltaire dit " le diable " parce que cet homme en son temps était islamophobe et antisémite; chose étrangement occultée par l'école républicaine! Une postérité injustement acquise par cette vilaine personne?

                            

                   Les demoiselles d'Avignon de Picasso modifiées en demoiselles Camusiennes

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                                                                     La statue d'Apollon

                       

                                                                  La déesse Athéna

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En créant ce nouveau catalogue, il savait que monsieur Crassepoite ne serait pas forcément d'accord sur ses choix artistiques (lui qui était un amateur d'art très éclairé); mais compte tenu qu'on souhaitait attirer un nouveau public au musée du Louvre après l'épidémie, il était tout naturel qu'on modifiât les oeuvres du passé en conséquence, admettèrent-ils en parfait connaissance de chose. Et puis le professeur serait fo- rcément de son avis sachant que ce dernier détestait les choses figées dans le temps, comme les tableaux, les statues, les systèmes politiques etc etc et préférait par dessus tout les mutations biologiques. Camus avait en lui un petit côté Andy Warhol, mais dont il avait toujours désavoué les oeuvres faites à base de canettes de coca et d'affiches colorées. Bref, une oeuvre basée exclusivement sur la société de consomm-ation, mais qu'il allait dépasser par son propre génie en modifiant les oeuvres du passé en super oeuvres d'art. Un mouvement artistique révolutionnaire qu'il comptait appeler le SPOART pour les artistes avant-gardistes.                                           

Pour le plaisir du lecteur, voici la photo prise par monsieur Crassepoite au rond-point du Carousel.

 

                     La pyramide du Louvre désormais colorée en bleu par le virus de la fièvre bleue             

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                                                                      La Tour Eiffel après l'épidémie

Après qu'ils aient traversé le quai François Mitterrant, puis le pont Carousel, il leur fallut un petit quart d' heure pour arriver à l'Institut Pasteur. Entre temps, le professeur avait demandé à Camus qu'on éteigne la radio où le requiem de Mozart était devenu trop pesant pour les auditeurs. Dès qu'ils arrivèrent  à l'institut, ils se garèrent devant l'entrée principale et descendirent telle une horde de grands dignitaires; le professeur menant la marche suivi par Camus, puis de sa collaboratrice Djémila, puis du général Parisis qui s'avouait ignorant en science et, fermant péniblement la marche, Jean Lamore dont les articulations grinçaient à cha-que pas qu'il faisait et enfin Crassepoite qui se demandait ce qu'il faisait là. En entrant dans le vieil Institut, bâti au 19 ème siècle, ils virent dans le grand couloir d'entrée et à leur grand étonnement, une galerie de portraits faite en l'honneur des savants qui avaient fréquenté l'illustre Institut, bref, passant du docteur Ro-ux( qui fut l'assistant de Louis Pasteur pour la découverte du vaccin contre la maladie du mouton appelée la maladie du charbon) jusqu'à Luc Montagnier le découvreur du virus du SIDA etc etc. Le professeur, ap-paremment blessé dans son amour propre, ouvrit son attaché caisse et sortit une bombe de peinture et co-mmença à tager tous les portraits qu'il y avait dans le couloir. Après qu'il ait effectué cela avec un plaisir non dissimulé, sembla-t-il, il décrocha celui du dernier prix Nobel pour accrocher le sien qu'il sortit de son attaché caisse avec fierté.    

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-Bravo, professeur! lança Camus en applaudissant avec ferveur. Aussitôt toute la troupe acclama le grand homme pour son génie qui, manifestement, avait dépassé de très loin celui de ses prédécesseurs. Au bruit des acclamations, qui retentirent dans le couloir, on crut qu'il était occupé par une foule entière, alors qu' il ne s'y trouvait que 6 individus! Mais souvent la ferveur de ses propres troupes, fussent-elles peu nombr-euses, avait une chaleur que le nombre ne pouvait égaler, pensait le professeur qui semblait touché par l' enthousiasme de ses fidèles amis, le jour de son intronisation à l'institut Pasteur!

-Merci, merci, beaucoup, mes amis! C'est très gentils de votre part, les remercia-t-il en regardant avec ad-miration son portrait fixé sur le mur, le représentant en blouse blanche avec sur le visage, non point le so-urire d'un lauréat( comme celui de ses prédécesseurs bardés de prix et de récompenses universitaires ou pour les plus anciens, la main posée sur le front simulant un cerveau exceptionnel voir trop lourd à porter par son vaniteux propriétaire), mais un regard intense, exceptionnellement bleu, envoûtant, vous sondant jusqu'au tréfond de votre âme afin d'y déceler vos points faibles, vos ambitions, petites ou démesurées, vos talents, votre génie, vos cruautés, vos vices, en un mot tout ce qui fera de vous un être utile dans ce nouveau monde proposé par le grand gourou qu'était devenu le professeur Banbilock. Désormais, grâce à lui tout pouvait se recycler aussi bien vos vices que vos qualités. C'était là, semble-t-il, son génie innova-teur d'avoir su imaginer pour les survivants de l'épidémie, une nouvelle doctrine où même les ratés avaie-nt une chance de devenir des hommes exceptionnels! Bref, une doctrine se trouvant à l'opposé de la doct-rine républicaine qui avait banni tous ses génies de l'ordre social par des institutions pour bons élèves do-ciles. Vous savez, Camus, dit le professeur, en temps normal ou en démocratie les génies ont toujours été traités de crétins par les institutions, parce que ces êtres exceptionnels n'ont jamais su s'adapter à la médi-ocrité. Alors qu'en situation extraordinaire, comme la nôtre en ce moment, c'est fou comme ils retrouvai-ent naturellement leur place dans la société!

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-Entièrement d'accord avec vous, professeur, et c'est une chance pour nous que tous les crétins soient en-fin démasqués! expédia Camus sans y aller avec le dos de la cuillère.

-Je dirai même rétamés, Ah!Ah!Ah! ria le professeur emporté par sa réussite.

Faut dire aussi que le professeur avait toutes les raisons de se moquer du dernier prix Nobel de biologie qui avait reçu le célèbre prix pour un vaccin antiobésité et antihémorroïdal. Décidément, le temps de la grandeur, telle que le professeur le concevait, semblait s'être dissoute dans le fumier de la société de con-sommation! pensait-il en regardant ses complices voulant poursuivre la visite.